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    La Permission de minuit
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "La Permission de minuit" et de son tournage !

    Enfant de la lune

    Le film raconte l'histoire d'un adolescent souffrant de xeroderma pigmentosum. Derrière cette appellation complexe se cache une maladie rare qui se caractérise par une sensibilité excessive de la peau au soleil : l'espérance de vie ne dépasse pas vingt ans si le corps est souvent exposé à la lumière du jour. On appelle communément les porteurs de cette maladie "les enfants de la lune". La réalisatrice Delphine Gleize explique comment elle a appris l'existence de cette pathologie : "Il y a six ans, je vois un reportage sur la vie quotidienne de jumeaux, deux frères d’une dizaine d’années. (...) Je découvre alors cette maladie rare qui touche une personne sur un million. La mutation génétique qui la caractérise engendre un défaut dans le processus de réparation de l’ADN lors de radiations ultraviolettes. Les tumeurs sont multiples, 4000 fois plus fréquentes que chez n’importe quel être humain. On la découvre dans les deux premières années de la vie par l’apparition de graves lésions cutanées sur des zones exposées au soleil. (...) La NASA fournit aux patients un tissu opaque entièrement occultant dont on tire des combinaisons comme celle de Romain."

    Note d'intention

    La réalisatrice explique ce qui l'a poussée à faire un film sur la maladie des enfants de la lune : "Ce que je sens très vite, c’est que cette maladie possède un postulat de cinéma. (...) C’est une maladie contre-nature. De cette protection forcenée, je pense à créer un personnage de fiction exigeant, impatient, courageux. Et écrire un film où la peau serait un enjeu : à la fois un Graal à camoufler, à la fois une pellicule qu’on répare, qu’on fait durer. Ce serait donc l’histoire d’une créature et de son mécanicien."

    Une rencontre marquante

    Pendant la préparation du film, Delphine Gleize s'est renseignée sur la maladie mais c'est surtout une visite qui déclenche tout : "(...) Il y a six ans, je rencontre les jumeaux du reportage. Ce jour-là, ils jouent à un jeu vidéo, "Les Sims", qui leur permet d’inventer une maison de leur choix. (...) L’un d’eux installe une cheminée dans sa maison virtuelle. Mais elle ne ventile pas correctement, la maison s’enflamme et le personnage créé brûle vif. Le jumeau pousse un cri, puis se met à rire. Illico, son frère déclenche à son tour un incendie dans sa propre maison. Un fou rire les gagne, ils jubilent devant leur brasier respectif. C’est un souvenir très marquant. Moi qui me pose des questions de fiction, j’ai là sous les yeux, dans ce salon aux vitres teintées anti-UV, deux gamins qui jouent à brûler pour de faux ! Le film est en marche… Mon questionnement sur l’altérité, ma fascination pour les médecins et le fait qu’à l’époque je travaille sur Cavaliers seuls, le documentaire que je co-réalise avec Jean Rochefort autour de la transmission, me donnent envie de cette relation atypique, transgénérationnelle, entre un adolescent et un médecin de 50 ans."

    La maladie

    Delphine Gleize s'étend sur le thème central du film et la manière dont il est traité dans son film : " (...) Pour moi, la maladie est le ciment qui lie ces deux personnages. Leur amitié est née grâce à elle. La maladie n’est pas exposée dans ses affres, ses manifestations. Il n’y a qu’un seul plan, sur l’ordinateur de Romain, qui montre pendant trois secondes les conséquences visibles de ces cancers multiples. Il n’en fallait pas plus je crois. Si le XP (xeroderma pigmentosum) sous-tend chacune des vies, il est partout et ses ramifications sont invisibles. C’est le chef d’orchestre du quotidien. C’est la maladie qui impose ses horaires, ses interdits, ses répits. Et on l’évoque comme on parle d’une maîtresse intempestive… Sans la nommer, en redoutant ses caprices, en espérant ses accalmies et surtout bizarrement en priant pour sa pérennité ! Tant qu’elle sera là, ça voudra dire que la vie est là."

    Pertes

    La vie des protagonistes de La Permission de Minuit est marquée par la perte. Delphine Gleize commente : "Je voulais que cette histoire s’inscrive dans la chronologie d’une séparation à vivre, d’un déchirement. Leur profond attachement devait voler en éclats et chacun devait abandonner une partie de lui-même. Cette perte devait être physique à la mesure de ce que cette maladie a toujours exigé de l’un, et suscité chez l’autre. Leur corps devait garder une trace de cette séparation. Et la tempête qu’ils subissent l’un et l’autre les transforme complètement. Romain devient l’adolescent amoureux qu’il ne pensait pas pouvoir devenir et David réussit le changement de vie qu’il redoutait."

    Vivre à l'envers

    Malade, le personnage de Romain est obligé de vivre la nuit. Ainsi, une scène en apparence anodine devient sous le poids de la maladie extrêmement brutale, comme le souligne la réalisatrice : "Et si dans le film à venir, l’image la plus violente montrait un jeune homme marchant tête nue en plein jour ? Un adolescent en danger de mort. Le soleil serait doux, une journée de printemps comme une autre. Autour de lui la vie continuerait, on ne se retournerait pas sur son passage, on n’y prêterait pas attention. La violence et le danger contenus dans une profonde banalité." Elle poursuit : "C’est très curieux cette maladie, elle va contre les principes de protection ou d’éducation qu’on inculque aux enfants : "ne sors pas la nuit, c’est dangereux". Eux grandissent en apprenant que la nuit c’est la liberté, c’est la confiance absolue. Ils se construisent leur imaginaire à partir d’elle."

    Apprivoiser la mort

    La mort étant un élément nécessaire au récit, elle n'en est pas pour autant la finalité. Ce qui intéresse Delphine Gleize est de voir comment elle est abordée par les personnages : "La mort est un élément de parcours inévitable. Mais je ne voulais pas qu’elle devienne la ligne rouge de la fiction. J’ai été frappée de voir à quel point l’un des enfants que j’ai rencontrés était conscient de sa "finitude" comme il disait. Les malades ne sont pas résignés, mais savent que d’autres sont déjà morts des conséquences des tumeurs. (...) Dans le film, la question n’est pas de voir la mort de près mais d’entendre comment on l’apprivoise (...)."

    Eviter le pathos

    Avec un sujet comme la maladie, il était facile de tomber dans le mélodrame. Delphine Gleize a pu éviter de tels écueils grâce à son expérience personnelle : "J’ai une sœur handicapée et j’ai toujours développé un rapport sans pitié, frontal et direct avec l’autre, celui qui est difforme, qui fait peur et dont l’avenir est incertain. Mon instinct de survie passait par la dédramatisation à outrance… Cette vie a été une école de gestion des émotions ! J’ai toujours fui les signes d’apitoiement. Quand Carlotta demande à Romain de rester pour une biopsie et qu’il lui répond du tac au tac qu’il a autre chose à faire, Romain donne le mode d’emploi de sa survie : c’est pas 24h qui changeront quelque chose. C’est terrible ce que ça veut dire au fond… Pour moi, c’est cette effronterie qui amène l’émotion, mine de rien."

    Vincent Lindon dans la peau d'un médecin

    Delphine Gleize revient sur sa collaboration avec l'acteur : "Vincent Lindon lui, nourrit une grande admiration pour les professeurs et les chirurgiens. (...) Lors de notre première rencontre, je l’ai regardé entrer dans le café, le pardessus volant, affairé, intense, concentré et travailleur, le scénario bourré de notes personnelles. Comme une ordonnance en quelque sorte ! Son implication dans un rôle est tout sauf intellectuelle. C’est fabuleux de le regarder chercher la démarche du personnage, sa façon de tourner la chaise avant de s’asseoir. C’est fondamental pour lui. Rien n’est feint. Quand Vincent sait comment entrer dans le cabinet, c’est David qui est lancé… Vincent a été un partenaire exceptionnel. Rien n’est jamais définitif dans son interprétation d’une scène. Elle évolue, il la questionne, il la dynamite parfois et d’un coup il la tient, précise et implacable."

    Romain et David

    La réalisatrice revient sur la relation qui lie Romain et David et qui va bien au-delà d'une relation patient-médecin : "Au début, David, c’est celui qui soigne et c’est l’ami, celui qui passe outre les impatiences de Romain, puis c’est une figure paternelle qui doit quitter Romain une seconde fois dans sa vie. Enfin, David devient une figure tutélaire, au-delà de tout. Il est loin mais il est là et il devient la référence absolue pour Romain. Les liens sont dépassionnés, le sentiment d’abandon n’existe plus, Romain est maintenant "plein" de la présence de David, il est désormais capable de lui demander de le quitter… C’est une histoire d’amour classique."

    Du côté des femmes

    Aux côtés de David et Romain, il ne faudrait pas oublier Louise, mère de Romain, et Eva, femme de David, qui supportent toutes les deux leur mari et leur fils respectifs. "Eva est assez fascinée par cet homme qui soigne mais qui ne sait pas mettre une pièce dans un caddy ! Par ses regards, c’est un pilier, c’est elle qui fait que David ne sombre pas au moment de quitter Romain. Louise, elle, a avalé des couleuvres mais elle est là, envers et contre tout. Elle ne plaint pas son fils, elle accepte ses provocations mais par ses silences, elle l’encourage à grandir en attendant un traitement. En cela Romain et David ont quelque chose de très fort en commun ; ils demandent aux femmes de leur vie de faire preuve de la patience qu’eux n’ont pas", précise la réalisatrice.

    Emmanuelle Devos est Carlotta

    Delphine Gleize revient sur l'interprétation de l'actrice et son personnage : "C’était très réjouissant d’écrire le personnage et de le voir jouer par Emmanuelle Devos. Emmanuelle et Vincent ont, je trouve, rendu leur confrontation jubilatoire et presque amoureuse ! Nous travaillions sur le plateau tous les trois en nous disant que Carlotta et David formaient contre leur gré un couple qui se disputait la garde de l’enfant. La réconciliation ne serait possible que lorsque David amènerait lui-même Romain à Carlotta, un peu comme on ramène l’enfant à sa mère un dimanche soir sur deux. Emmanuelle trouve rapidement sa façon d’être le personnage et cela passe par le positionnement de sa voix. Son corps suit sa voix. C’est très étonnant de sentir ses variations de timbre dans une même scène. Ses gestes en dépendent… Cela en fait une partenaire formidable, elle n’est jamais tout à fait la même d’une prise à l’autre mais elle est toujours le personnage. c’est le rêve pour un metteur en scène quand il est pris de court, soufflé devant une scène qu’il croyait connaître par coeur !"

    Première apparition sur grand écran

    Quentin Challal, interprète de Romain, n'avait jamais fait de cinéma avant La Permission de Minuit. Delphine Gleize le décrit comme "un enfant très mûr pour son âge, indépendant et très direct dans sa façon d’être. Romain lui ressemble, pour moi c’est l’Enfant sauvage et Mowgli réunis… Je cherchais un regard dans un visage camouflé par des cheveux. Et puis un corps enfantin et sensuel à la fois. (...) La réussite du couple qu’il forme avec David passait essentiellement par la rencontre avec Vincent. Quentin ne se mettait aucune pression et j’avais une grande confiance en lui. Il a rencontré les jumeaux du reportage (qui ont maintenant 17 ans) mais ne leur a pas parlé de la maladie ni de leur vie quotidienne. Il voulait juste apprendre à mettre la cagoule correctement, ensuite le personnage coulerait de source, à sa façon. En ça, Quentin ressemblait déjà à Vincent. D’ailleurs, à la fin du film, quand ils rentrent à l’hôpital, Romain a la démarche de David !"

    Grands espaces

    En opposition au cabinet du médecin, les extérieurs du film sont d'immenses paysages. La réalisatrice commente ce choix : "Je tenais à ce que les extérieurs soient des espaces âpres, sauvages. En tout cas, des espaces à conquérir. Qu’il s’agisse de la montagne, de l’océan, des grottes, ce sont des lieux inconfortables, qu’il faut se coltiner ! La rue piétonne est le seul extérieur apparemment banal, mais c’est pourtant l’espace le plus hostile pour Romain. C’est le lieu du combat. Les stades aussi procurent ce sentiment d’écrasement."

    Dominos

    L'un des passages du film présente un spectacle de dominos. La réalisatrice apporte un éclaircissement sur cette scène : "Ce show n’a rien de grandiloquent. Le tombé de dominos a ceci de fabuleux qu’il répond à deux exigences, le souci de précision quasi chirurgical dans son positionnement et la confiance dans le destin ! Il y a quelque chose de très apaisant dans le spectacle de ces chutes qui semblent aller de soi. Ça focalise toutes les angoisses… Quand ça roule, ça roule ! Pourtant rien n’est moins incertain. Un souffle d’air, le vol d’un insecte, un domino infimement déplacé et tout s’arrête subitement. Il faut alors créer des déviations, espérer que ça redémarre ! À l’image du corps humain. Un gène est muté et une personne sur un million développe le XP…"

    Retrouvailles

    La Permission de Minuit marque la 3e collaboration entre Vincent Lindon et Emmanuelle Devos, après La Moustache (2005) et Ceux qui restent (2007).

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