Parmi les doubleurs du film dans sa version originale, nous comptons Jeff Bridges (L'aviateur), Rachel McAdams (La mère), James Franco (Le renard), Benicio Del Toro (Le serpent), Ricky Gervais (L'homme orgueilleux), Albert Brooks (Le businessman), Mackenzie Foy (La petite fille), ou encore Riley Osborne (Le petit prince).
Le Petit Prince est un projet d'initiative française mené en premier lieu par le producteur Dimitri Rassam, qui n'est autre que le fils de la comédienne Carole Bouquet et du producteur Jean-Pierre Rassam. Doté d'un budget colossal de 60 millions de dollars, le film a tout de même mis neuf ans à se faire, en raison d'un travail d'adaptation de l'oeuvre littéraire d'Antoine de Saint-Exupéry particulièrement complexe.
Le roman d'Antoine de Saint-Exupéry est le livre de tous les superlatifs. Traduit dans 243 langues et dialectes, il conserve la première place en termes de ventes chez Gallimard, l'éditeur du livre. D'autre part, depuis sa sortie en 1943, l'ouvrage a été vendu à 145 millions d'exemplaires partout dans le monde, ce qui fait que le livre d'Antoine de Saint-Exupéry est aujourd'hui, après la Bible, l'ouvrage le plus traduit et le plus vendu.
Mark Osborne a été choisi par Dimitri Rassam pour conduire le film d'animation que serait Le Petit Prince. Le réalisateur, qui a ici mélangé les techniques de l'image de synthèse et de la stop-motion, a déjà montré son savoir-faire auparavant dans le cinéma d'animation puisqu'il a notamment réalisé Kung-Fu Panda en 2008, certains épisodes de la célèbre série Bob l'éponge ainsi que le film Bob l'éponge.
Pour une grande partie des voix françaises, l'expérience du doublage n'est pas vraiment nouvelle. On a en effet pu entendre Florence Foresti et Laurent Lafitte dans Astérix : Le domaine des dieux 3D réalisé par Alexandre Astier, Marion Cotillard dans Les Minions, Guillaume Gallienne en tant que voix française de l'ours Paddington et Vincent Cassel comme le désormais culte Diego dans les différents épisodes de L'Age de glace.
Le livre d'Antoine de Saint-Exupéry fait certainement partie des oeuvres littéraires les plus compliquées à adapter et sur lequel beaucoup se sont cassés les dents. Parmi eux, Orson Welles qui a longtemps travaillé dessus et dont le projet avait même été proposé à Walt Disney avant d'être finalement abandonné.
Mark Osborne a utilisé deux techniques du cinéma d'animation assez différentes l'une de l'autre dans Le Petit Prince. Si la majorité du film relève de l'image de synthèse, une petite partie correspondant au passage du récit que fait l'aviateur à la petite fille à propos du Petit Prince est en stop-motion. La raison de l'utilisation de cette technique particulière est qu'il était question de créer un effet poétique rendant hommage à Antoine de Saint-Exupéry et au livre de ce dernier. D'autre part, en utilisant la stop-motion, une certaine fidélité autour des illustrations à l'aquarelle de l'aviateur est respectée.
Pour Dimitri Rassam, Le Petit Prince ne pouvait que se présenter sous la forme d'un film d'animation puisqu'il aurait été assez compliqué d'adapter l'oeuvre d'Antoine de Saint-Exupéry en film de fiction. De plus, l'animation permettait également de rendre hommage aux illustrations à l'aquarelle de l'auteur qu'il avait réalisées pour son livre.
Si la sortie du Petit Prince au cinéma suscite la curiosité, le célèbre roman est un ouvrage qui a depuis de nombreuses années dépassé le simple stade d'oeuvre littéraire puisqu'il a notamment été décliné en bande-dessinée par Joann Sfar en 2008 ; en séries télévisées (au Japon en 1978 ou en France en 2010) ; sous la forme de différents opéras et de comédies musicales à l'image de celle produite par Richard Cocciante en 2002 ; ou encore utilisé sous la forme de références dans des chansons comme "Dessine-moi un mouton" de Mylène Farmer.
Compte tenu de son histoire et de son rayonnement à travers le monde, il s'agissait pour les producteurs français à l'initiative du Petit Prince de proposer un film qui soit universel et non confidentiel. Le long métrage devait pouvoir parler à tout le monde, comme l'explique Dimitri Rassam : "On sentait bien qu'on avait l'obligation de ne pas faire une oeuvre confidentielle, étant donné qu'il s'agit du livre français le plus vendu au monde. Il fallait donc respecter l'universalité du roman qui a touché les gens au-delà des générations et des cultures."
Pour beaucoup, le roman culte d'Antoine de Saint-Exupéry n'a jamais été adapté au cinéma. Or, ce n'est pas exact puisque le réalisateur américain Stanley Donen en a proposé une version en 1974, The Little Prince avec Richard Kiley et Bob Fosse. Mais le film fut un échec et de ce fait, ne resta pas dans les mémoires.
L'une des grandes chances du film fut que tous les acteurs français rencontrés pour prêter leur voix ont donné leur accord pour participer au projet, comme l'explique Dimitri Rassam : "Tous ceux que nous avons sollicité nous ont dit oui ! Ils ont été séduits par l'approche de Mark, extrêmement respectueuse du livre et en même temps audacieuse et novatrice. D'autre part, ils sont parents pour la plupart et ils étaient animés par une forte envie de transmission. Il nous fallait aussi des voix très fortes, car les acteurs ne pouvaient parfois camper leur personnage qu'en cinq ou six répliques. Il était essentiel d'avoir une véritable adéquation entre le rôle et la voix et tout particulièrement dans la partie en stop-motion, où la synchronisation labiale n'est pas possible."
Lors du tournage du film, Mark Osborne a mis en place un concept bien spécifique, celui de la "War Room". En l'occurrence, il s'agissait d'une pièce dans laquelle le film encore à un stade primaire était montré aux différents chefs de poste. Le but de cette démarche était de faire en sorte que chacun puisse formuler des critiques et pointer du doigt ce qui lui semblait contestable à l'écran. L'objectif n'était pas tant d'étriller le film mais davantage de provoquer une discussion susceptible d'apporter des améliorations.
Au départ, les producteurs avaient l'idée de décliner le roman d'Antoine de Saint-Exupéry en série télévisée avant de finalement renoncer pour en proposer un long métrage. Le producteur Aton Soumache avance : "Au départ, on a pensé à un univers de série, pour des raisons techniques et de faisabilité, tout en recherchant pendant quatre ans, le réalisateur qui en pourrait en tirer un long métrage de cinéma. En effet, on s'est rendu compte qu'avec une série, on restait dans une variation autour du livre, alors qu'avec un film on abordait l'ouvrage frontalement comme si on attaquait l'Everest !"
Film de commande à l'initiative de Dimitri Rassam et Aton Soumache, Le Petit Prince n'avait pas de réalisateur attribué au départ et les producteurs français ont donc rencontré un certain nombre de cinéastes avant de confier la réalisation du film à Mark Osborne. Parmi eux, citons l'un des maîtres de l'animation japonaise, Hayao Miyazaki, réalisateur de Princesse Mononoké et du Voyage de Chihiro, pour qui le roman d'Antoine de Saint-Exupéry avait eu une importance particulière dans sa vie.
Parmi les multiples références du film, on retrouve Jacques Tati, notamment au niveau des décors. De plus, les scénaristes du Petit Prince se sont également inspirés de deux films du cinéaste, Playtime et Mon Oncle.
Pour Mark Osborne, le roman d'Antoine de Saint-Exupéry occupe une place particulière dans sa vie. En effet, il lui fut offert par sa femme, à l'époque où ils étaient étudiants et où ils commençaient à se fréquenter.
Pour la scénariste anglaise Irena Brignull ayant collaboré sur le film, les illustrations que l'on trouve dans le roman d'Antoine de Saint-Exupéry ont été une sorte de point de départ pour le développement de l'intrigue : "Ces dessins ont été notre première source d'inspiration. Deux idées essentielles du livre se sont imposées à nous : la première, selon laquelle l'essentiel est invisible pour les yeux et la seconde qui consiste à être adulte sans oublier son âme d'enfant. On savait que cela pouvait être intéressant de s'attacher à un personnage et de montrer comment un livre peut avoir une incidence majeure sur un enfant. C'était notre point de départ. Dès qu'on a pu voir les dessins de nos artistes, cela nous a aidés à préciser l'intrigue", explique-t-elle.
Qui dit film d'animation suppose des couleurs se devant d'imprimer la rétine du spectateur. Dans le cas du Petit Prince, le choix des couleurs a occupé une place importante lors du stade de la pré-production du film. La chef décoratrice Céline Desrumaux est notamment partie sur une combinaison de blanc et de jaune en souhaitant s'écarter du bleu ciel et du bleu marine que l'on trouve habituellement dans quasiment toutes les adaptations du "Petit Prince". Le blanc serait là pour rappeler les pages du livre et le jaune pour figurer la couleur des étoiles, du soleil ainsi que les dunes dans le désert.
L'une des contraintes du film résida dans le rendu que donnerait la fameuse écharpe du Petit Prince lors des séquences en stop-motion. Anthony Scott, directeur de la stop-motion sur le film, explique comment il a procédé : "Dans les illustrations du roman, l'écharpe flotte le plus souvent au vent. J'ai interrogé Mark à ce sujet et on a décidé qu'on allait évaluer la force du vent pour chacune des scènes. Le vent est devenu un personnage à part entière ! Une fois cette décision prise, les animateurs avaient un point de repère pour animer l'écharpe."
Pour André Dussolier qui double l'aviateur, l'oeuvre d'Antoine de Saint-Exupéry a une place particulière : "J'en ai fait un montage, il y a quelques années, qui condensait l'histoire du Petit Prince, pour le réciter, accompagné d'un flûtiste et d'un pianiste. Il faut dire que c'était un vrai plaisir pour un comédien d'interpréter les personnages."
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, pour certains acteurs prêtant leur voix aux personnages du film, la découverte du roman d'Antoine de Saint-Exupéry s'est faite sur le tard. Ainsi, Florence Foresti, qui double la mère de la Petite Fille, a découvert le livre lorsqu'elle est devenue mère. Guillaume Gallienne, quant à lui, même si "Le Petit Prince" fait aujourd'hui partie de son panthéon littéraire, avait quinze ans lorsqu'il l'a lu pour la première fois.
L'équipe du film s'est adjoint les services d'un compositeur de légende puisque la musique est signée par Hans Zimmer, musicien allemand ayant travaillé sur plus d'une centaine de films parmi lesquels 12 Years a slave de Steve Mcqueen ou Rush de Ron Howard pour ne citer qu'eux. Parmi les multiples récompenses glanées au cours de sa riche carrière, citons un Oscar, deux Golden Globes, trois Grammy, un American Music Award et un Tony.
Après Elle s'en va d'Emmanuelle Bercot en 2013, la chanteuse Camille fait de nouveau une incursion dans le cinéma puisqu'elle est l'interprète des chansons du film. Pour la chanteuse, faire partie du projet rejoint sa démarche artistique : "L'histoire de la Petite Fille fait profondément écho à ma démarche musicale et à mon désir de ne jamais m'éloigner du monde du jeu et du rêve."
Le film a été présenté hors-compétition au Festival de Cannes 2015