Pour son premier long-métrage, Pierre Lacan construit son intrigue autour d'une trame ultra-classique, qui a tout du lieu commun dans le petit monde du film noir : un homme banal à la vie ordinaire se voit plongé bien malgré lui dans une histoire flairant la mort à plein nez. Un nombre incalculable de classique sortis du même moule sont à recenser. Ici, c'est Jean-Paul Rouve qui endosse la chemise du Mr. Tout-le-monde devant faire face à une bande de malfrats en costard à la recherche du père de ce-dernier, sur fond de trafic de drogue et d’affaires de chantage. L'ancien trublion des "Robins des Bois", qui ne cesse de révéler son talent d'acteur, est d'ailleurs un des seuls motifs de satisfaction de ce thriller un peu raté. Car en dehors de ses interprétes (dont Claude Brasseur et Olivier Gourmet, naturellement impeccables), celui-ci pêche dans pratiquement tous les domaines, à commencer paradoxalement par certains seconds rôles, tout droit sortis d'un épisode de « Plus belle la vie » (à commencer par l'actrice belge Marie Kremer, horriblement fausse) . Le réalisateur débutant complique inutilement son propos en s'essayant à une mise en scène par instant fragmentée. Résultat, entre des flashforwards et les flashbacks mal calés n'apportant absolument rien, il ne fait qu'enlever de la fluidité, ses choix laissant complètement à désirer et sa maîtrise faisant cruellement défaut. On ne pourra bien sur pas reprocher à Lacan d'avoir essayé d'insuffler un style à la réalisation de son premier film, mais on pourra lui reprocher le fait de s'être complètement planté dans l'instauration du rythme, très lourd, et dans le découpage de son histoire, faussement alambiquée. Tout cela n'est pas pour servir un scénario qui, comme je le disais plus haut, n'invente rien. Là non plus ce n'est pas un vrai problème en soi, puisque l'efficacité prime souvent sur l'originalité, mais on n'est jamais surpris par ce canevas paresseux et cousu de fil blanc, souvent mal écrit et plombé par certaines scènes peu crédibles. Bref, malgré un postulat intéressant, une ambiance calquée sur les grands noms du polar mais néanmoins assez réussie, et un trio d'acteurs convaincants, on s'ennuie ferme devant ce « Légitime défense » auquel on a beaucoup de mal à trouver un réel intérêt. Un peu à l'image du « Blanc comme neige » de Christophe Blanc et avec François Cluzet, un film de genre français dont on pouvait attendre beaucoup mais qui déçoit sérieusement.
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