Torpédo : les secrets du tournage

Le monde (et surtout la Belgique) est petit. Le grand-père de François Damiens organisait des courses cyclistes en Belgique. L'acteur raconte : "A force, Eddy Merckx est devenu son ami, au point de partir en vacances ensemble... Il y a des photos de lui un peu partout chez mes grands-parents. (...) je n’ai pas osé lui parler de tout cela. Il y avait beaucoup de monde autour de lui, et il était un peu méfiant, peu habitué au cinéma et inquiet de ces grands panneaux à son effigie, comme si on l’utilisait pour une publicité sans lui dire. Je le reverrai peut-être plus tard. J’en ai parlé à ma grand-mère."

Le personnage joué par François Damiens dans Torpédo tire son prénom du père du réalisateur (Michel) et son nom d'un personnage précédemment utilisé par Matthieu Donck dans un court-métrage (Bernard Ressac). Le cinéaste donne un complément d'explication : "Ce nom évoque la mer qui, telle le Torpédo, doucement mais sûrement, n’en finit pas de revenir... Ça correspond vraiment bien à la psychologie de ce personnage."

C'est grâce à son court-métrage Missing que le réalisateur Matthieu Donck a rencontré François Damiens (l'acteur jouait dans un autre court, présenté avec Missing). Après leur rencontre, le cinéaste s'est mis à écrire le scénario de Torpédo en ayant le comédien belge en tête. D'après lui, le personnage de Michel Ressac est un mélange entre François l’Embrouille (le personnage comique qui a popularisé l'acteur) et François Damiens lui-même.

Dans Torpédo, le cycliste Eddy Merckx sert de récompense à un jeu concours. Selon le réalisateur, Merckx est "comme Tintin, il réunit toutes les communautés. C’est une légende. C’est la Belgique de papa, la glorieuse, quand tout fonctionnait parfaitement". Un symbole de choix, à une époque où la Belgique connait des divisions intérieures. Matthieu Donck se souvient de la rencontre avec le sportif : "On avait transformé un magasin de canapés avec un gigantesque panneau à son effigie. Je ne sais pas s’il avait très bien lu le scénario, mais il a cru que ce n’était pas un film, mais une véritable opération commerciale. Persuadé d’avoir été piégé, il a failli tourner les talons. On l’a rattrapé à temps."

Besoin d'un peu d'aide pour comprendre le titre du film de Matthieu Donck ? C'est normal, puisque Torpédo nécessite un certain degré de belgitude. Explication du réalisateur : "En Belgique, le terme Torpédo désigne un rétropédalage et c’est aussi le tout premier vélo pour beaucoup de Belges. C’est très culturel. Et cette notion de rétropédalage convenait parfaitement au personnage de Michel Ressac, un type qui va de l’avant et ne pense jamais à revenir en arrière", précise le metteur en scène.

Le réalisateur Matthieu Donck a eu l'idée de son film après avoir travaillé comme téléphoniste dans une boite de télémarketing en Inde. Comme dans le film, il se faisait passer pour un certain "Pascal Dumont" et devait appeler des gens toute la journée pour leur apprendre qu'ils avaient gagné un canapé, ou un kit barbecue. Un prix que les "gagnants" devaient venir récupérer en famille... Après cette expérience pénible, l'idée de Torpédo a commencé à germer.

Les références du réalisateur pour son film sont à la fois variées et étonnantes : Juno, Fargo, Little Miss Sunshine, le cinéma de Benoît Mariage, etc. L'attachement au réalisateur de Cowboy n'est pourtant pas une surprise totale, Matthieu Donck ayant fait ses études à l'IAD (L’Institut des Arts de Diffusion, une école d'audiovisuel en Belgique) où enseigne Benoît Mariage !

Le tournage du film s'est déroulé en février 2011 en Belgique wallonne, plus précisément près de Gosselies, dans la banlieue de Charleroi.

Torpédo a fait l'ouverture du Be Film Festival, un festival de films et d'événements 100% made in Belgique, en décembre 2011. Le long métrage a également traversé la frontière, puisqu'il s'est retrouvé dans la sélection officielle du Festival de l'Alpe d'Huez.