Devil : les secrets du tournage

Il s'agit du premier film adapté d'une trilogie nommée The Night Chronicles écrite par M. Night Shyamalan, qui confie la réalisation à de jeunes metteurs en scène. Le cinéaste et producteur s'explique à ce propos: "Il est possible de mettre tout son amour dans chaque projet, tout en sachant qu'on ne les réalisera pas soi-même. J'ai décidé de réunir toutes ces idées et d'en faire une série pour les jeunes cinéastes et acteurs montants." John Erick Dowdle fut choisi pour diriger Devil après que Shyamalan ait vu ses deux premiers films d'horreur, The Poughkeepsie Tapes (l'histoire d'un serial killer qui a laissé des centaines de vidéos montrant tous ses crimes, du simple meurtre à la pire des séances de torture) et En quarantaine, le remake de [Rec].

Le scénariste de Devil, Brian Nelson, avait écrit le scénario Hard Candy (2005), film qui a révélé au grand jour la comédienne Ellen Page.

Le directeur de la photographie sur Devil est Tak Fujimoto, habituel collaborateur de M. Night Shyamalan. En effet, il a déjà assuré la direction de la photographie sur Sixième Sens (1999), Signes (2001) et Phénomènes (2008). Il a également travaillé pour Terrence Malick sur La Balade sauvage (1973) et pour Jonathan Demme sur Le Silence des agneaux (1990), Philadelphia (1993), La Vérité sur Charlie (2002) et Un Crime dans la tête (2004).

A l'instar de Cube ou de Buried, Devil se construit autour d'un lieu en huis-clos. Il s'agit d'une cage d'ascenseur, où cinq personnes vont se retrouver enfermées sans savoir ni comment ni pourquoi. Shyamalan justifie ce lieu : "Habituellement, on ne prête aucune attention aux personnes qu'on croise dans l'ascenseur. Mais si l'on reste coincé dans cet espace restreint, on est obligé de se regarder et se dire : 'Qui est ici avec moi ?' Puis les premiers événements malheureux arrivent et tous les visages deviennent menaçants."

Le producteur Sam Mercer s'est intéressé d'emblée au projet du fait que le film raconte un événement qui pourrait survenir à tout un chacun : "Nous pourrions tous un jour entrer dans un ascenseur avec quatre autres personnes, rester coincés pendant six heures, et partager une expérience très difficile sur le plan émotionnel. Rester enfermé est l'une des peurs les plus primaires : imaginez être bloqué entre le 21ème et le 22ème étage d'un immeuble. Les lumières s'éteignent, la musique d'ambiance continue, et le chaos s'installe. C'est horrifiant. Le film exploite ces peurs que nous avons tous."

Pour le casting de Devil, John Erick Dowdle a souhaité avoir cinq acteurs complètement distincts pour interpréter les cinq personnages tenus captifs de cet ascenseur maléfique: "Chacun des acteurs a un style de jeu unique et une approche personnelle de son travail". Leur interprétation individuelle dans le groupe permet ainsi de "créer une tension particulière."

La présence des cinq acteurs a été indispensable pour chaque prise de vue effectuée dans l'ascenseur, quand bien même le plan se focalisait seulement sur l'un d'entre eux. Ce choix de mise en scène avait pour but de faire ressentir à chacun des comédiens la présences des quatre autres et approfondir leur sentiment personnel d'oppression et d'étouffement.

L'ascenseur de Devil a été construit de façon à ce que la profondeur de l'espace soit privilégiée à la largeur. Ainsi, les portes automatiques semblent hors de portée des personnages. Cela permet de renforcer l'ambiance claustrophobe. John Erick Dowdle explique le processus d'élaboration de ce décor: "L'ascenseur était totalement malléable: il était possible de retirer les parois d'un côté ou de l'autre, de passer par le plafond ou de l'élever. Les miroirs étaient amovibles pour nous permettre d'évincer l'équipe du plan ou, au contraire, d'y inclure une présence supplémentaire. C'était comme un jeu de construction géant." Dowdle raconte également que l'équipe technique du film souhaitait que la cage d'ascenseur soit la plus réduite possible, tout en restant de l'ordre du réalisme. En outre, le cinéaste affirme que les dimensions spatiales ont été déterminées par la taille des acteurs eux-mêmes.

Les cinq personnages bloqués dans l'ascenseur ont tous en commun la couleur rouge : les cheveux de la vieille dame, les ongles de la jeune fille, l'insigne du garde, la cravate du vendeur, et la sacoche du technicien.

La chanson diffusée en boucle dans l'ascenseur est "Don't Sit Under The Apple Tree".