Bon Soderbergh et le biopic ça me fait un peu peur vu la catastrophe totale qu'était le Che qui tenait plus du téléfilm que d'un vrai film et là on a un téléfilm sur Liberace (sait pas qui c'est et je m'en cogne, sans doute un mec que je détesterai dans la vraie vie) qui tient vraiment du cinéma… Dommage… Mais bon en France les distributeurs aiment les auteurs alors il a le droit de sortir au cinéma, ce qui n'est pas plus mal.
On reconnaît dès le premier coup d'oeil qu'on est devant un Soderbergh on cette image assez dégueulasse et c'est un peu chiant, mais c'est bien : beau casting, belle mise en scène, bon scénario.
On suit donc Matt Damon qui rencontre un pianiste plutôt "folle", mais qui arrive à faire croire qu'il est hétéro ! Miracle ou bêtise du public ? qui sait ? En tous cas l'esthétique que je n'aime pas du tout de Soderbergh qui vise à rendre le tout jaunâtre prend ici tout son sens parce que ça fait scintiller les Candelabra et ça colle parfaitement avec les décors, les costumes (et même les visages) complètement faux, kitchs au possible, ça participe totalement à l'ambiance et à la création d'une atmosphère. En tous cas je trouve ça plus bienvenu que dans ses autres films.
Alors le gros défaut du film c'est que c'est trop long et que c'est un tantinet chiant, le film n'en fini plus, il est assez répétitif, mais pas dans le bon sens, j'aime lorsque des scènes peuvent se répéter, apportent quelque chose, mais là c'est juste redondant. Après tout reste relatif, ce n'est pas "si chiant" que ça, mais disons qu'on voit le temps passer, contrairement à ses deux films précédents bien mieux sentis au niveau du rythme.
Mais là où il s'est fait plaisir c'est au niveau de la mise en scène, chaque scène a une petite trouvaille, un cadre sympa, un mouvement de caméra, c'est vraiment plaisant à regarder, surtout que ça ne fait jamais tâche, ce n'est jamais gratuit, ça sert toujours l'histoire, on a un vrai boulot de metteur en scène qui a compris son sujet. Et en parlant du sujet, j'ai été plusieurs fois mal à l'aise devant le film lorsque ça vire au glauque le plus total, chirurgie esthétique, disputes…
Sauf que Soderbergh le traite avec énormément d'humanisme, on est du côté de Matt Damon tout le temps, on est avec lui, on comprend ses sentiments et quelque part on a la même sorte de crainte que lui, la même fascination que lui, etc.
Vu que c'est humain ce côté dérangeant qui aurait pu être là par pur plaisir moqueur ou pour choquer, ce n'est jamais cynique, c'est toujours humain malgré la bonne dose de botox !
Disons que le film vaut vraiment pour son traitement des personnages, attachant et humain et pour ses trouvailles de mise en scène.
Le film parvient à être touchant sur la fin, sans en faire trop, pas de musique, la caméra qui se pose, de la tendresse.
À défaut de finir sa carrière au cinéma sur un chef d'oeuvre (pas certain qu'il en ait fait non plus), Soderbergh la fini sur un film sympa, pas sans défauts, mais intéressant et loin d'être con, ce n'est pas le pire scénario pour un réalisateur qui a connu des hauts et des bas.