Dernier tour de piste pour Steven Soderbergh qui annonce dès lors que Ma vie avec Liberace sera son dernier long métrage en temps que réalisateur. Juger trop clairement homosexuel, comprenez déficitaire d’un point de vue commercial, le film ne fût donc pas distribuer dans les salles obscures américaines. Si en Europe et dans le reste du monde, le dernier film de Soderbergh aura connu un succès retentissant dans les Multiplex, aux Etats-Unis, c’est la plateforme HBO qui prend la place du distributeur, là encore, avec un certain succès critique. Dans une demi-mesure, Ma vie avec Liberace aura donc connu une promotion difficile, sensiblement pas destinée au tout-public Outre-Atlantique. Malgré tout, Soderbergh reste fidèle à ses principes et offres une romance dramatique pour le moins bien écrite, quand bien même l’intérêt du film ne réside en soi qu’a contempler les accoutrements et mimiques de ses interprètes.
Oui, outre le nom de réalisateur au générique, c’est incontestablement les performances respectives, en homosexuels kitsch, de Michael Douglas et Matt Damon qui poussent à la curiosité. Alors que le premier semble revivre une nouvelle jeunesse, dans un certain sens, à la suite de sa réémission du cancer, le second prouve une fois encore qu’il est capable de tout jouer. L’on peut dès lors considérer sans ambages que les interprétations demandées ici aux deux vedettes hollywoodiennes n’ont pas été une mince affaire. Saluons donc l’ouverture d’esprit de deux acteurs, souvent viriles, pour avoir joué un couple homosexuel avec tant de crédibilité. Si ce n’est pas une première, soyons au moins certain de le tandem Douglas/Damon n’a pas fait les choses à moitié. Bon, pour autant, les looks de chacun, leurs intonations et déhanchés, prêtent d’avantage à la rigolade qu’à s’en émouvoir, la lecture de l’œuvre s’apparentant, malgré le travail accompli, d’avantage à la cage aux folles qu’Au Secret de Broadback Mountain.
Bref, si je ne m’avancerai pas à ouvertement critiqué Soderbergh pour le choix de son thème, je soulève toutefois qu’hormis les exploits artistiques des acteurs, leurs excellents maquillages évolutifs, rien n’est franchement moins intéressant que les amourettes d’une diva masculine complètement inconnue dans nos contrées. Si le dénommé Liberace, Walter de son petit prénom, alias Lee, pour les intimes, fût une star dans années 70, voir 80, il n’est désormais plus qu’un vague souvenir pour ceux qui s’y sont intéressés et n’est rien d’autre qu’un personnage de fiction presque agaçant pour les non-initiés, comme moi. Dès lors, je me suis ennuyer à devoir attendre la rupture entre la belle blonde et la diva, passant sur un certain nombre de scènes stériles qui renforcent l’impression que la star est aussi capricieuse que malhonnête.
Je n’avouerais pas ne pas avoir aimé le dernier film de Steven Soderbergh, simplement du fait qu’il est incontestable que ce choix demandait un certain culot et que par ailleurs, les interprétations sont formidables. Cependant, j’émets tout un tas de réserve quant à la réelle valeur d’un tel film, destiné à un devoir de mémoire inutile qui permet surtout à son réalisateur de se dresser comme un intellect qui n’oublie pas la destinée historique de personnages hauts en couleur. Alors que j’ai trouvé l’anonyme Magic Mike plutôt agréable, que je suis un admirateur de Trafic, que je concède à la Saga Ocean son aspect extrêmement divertissant et que j’ai relativement apprécier le duo Contagion et Effets secondaires, je n’ai jamais retrouvé, du long de Ma vie avec Liberace, la flamme passionnée de Soderbergh pour narrer l’impossible. Selon moi, un semi-échec imputable à une volonté de s’intéresser à ce que personne de veut, histoire de faire un peu son malin. 07/20