"Tu vas le faire ce film, tu vas la raconter ton histoire d'aigle." C'est avec cette affirmation qu'a commencé l'aventure du réalisateur dont ce documentaire retrace les cinq années de travail acharné dans les montagnes, à la recherche des aigles. Il raconte son aventure en alternant deux histoires : l'une qui le montre au travail, dans son affût ou sur les chemins, et qui parle de ses craintes et de ses espoirs, et l'autre où les images tournées avec sa caméra pellicule dévoilent l'intimité des animaux qu'il découvre en attendant les aigles.
La quête du rapace est comme un prétexte, la recherche est aussi une occasion de montrer ces merveilles de la nature "ordinaire": "On se laisse porter par le ballet des coqs, la balade de l'écureuil, le plongeon du cincle, l'éclosion de la soldanelle, l'explosion des cascades, le soleil rasant de l'automne. La joyeuse course des jeunes chamois sur les névés est un moment d'exception." Le réalisateur se met en scène évoquant sa passion, sa complicité avec l'âne qui porte son matériel et lui permet d'être là, prêt à saisir l'instant, la lumière, l'envol, la rencontre.
Vertige d'une rencontre fait partie d'une série de films comptant deux volets. Jean-Michel Bertrand prépare une suite sous la forme d'un long métrage de fiction nous faisant partager 25 années de la vie du grand rapace.
Dans son film, Jean-Michel Bertrand nous fait aussi partager son quotidien, les marches interminables, les 50 kilos de matériel cinématographique qu’il faut hisser vers les hauteurs, l’inconfort, la solitude, le doute, les nuits glaciales, les attentes interminables dans l’exiguïté de la tente d’affût… Ainsi, aux images magnifiques de cette nature intacte, filmées en Super 16, répondent celles, brutes, sans fard et souvent drôles, de la préparation et des coulisses, tournées elles avec une caméra DV.
C'est dans le cadre du festival du film Nature de Namur, en 2009, que ce film a véritablement rencontré son public. Ce rendez-vous, unique en son genre dans sa capacité à permettre à la fois à des cinéastes amateurs et professionnels de diffuser leur production dans des conditions techniques exceptionnelles et d'être un lieu de rencontre incontournable entre passionnés de nature, est désormais l'une des références mondiales majeures dans le genre. Le film y a remporté le Grand Prix du film professionnel, plébiscité par un jury qui a souligné l'intense émotion produite par "des images étonnantes et un commentaire qui touche au plus juste".
Le réalisateur Jean-Michel Bertrand et la journaliste Corinne Bruno signent les textes qui accompagnent les aquarelles de Martine Noblet, dans un ouvrage éponyme paru aux éditions Pages du Monde. Ce véritable carnet de bord fait replonger le lecteur dans l'univers du film.