« C’est un bon maître. Il est de bonne compagnie aussi, quand il… sauf quand il est de mauvaise humeur. »
Avec un style qui oscille entre le (bon) téléfilm de la BBC des années ‘80 et une modernité intemporelle, porté par une musique aux accents minimalistes tendance Arvo Pärt, avec une interprétation d’une justesse redoutable (Judy Dench est admirable, Michael Fassbender fidèle à lui-même et Mia Wasikowska absolument parfaite), cette énième version de Jane Eyre, dure mais sans misérabilisme, pose un décor d’une beauté romantique rarement égalée visuellement, comme en témoignent les nombreuses scènes, intérieurs sombre orangé, à la manière de tableaux antérieurs mais prisés au XIXème siècle, Velázquez, Rembrandt, Vermeer, le tout capté en une lumière naturelle.
Je dois reconnaître n’avoir jamais lu Jane Eyre ni en avoir jamais vu aucune adaptation. Je vais donc me contenter de mon ressenti sur ce film et uniquement : il s’agit d’une œuvre résolument féministe, pas très éloignée, dans les couleurs et le ton, de la mini-série « Captive » adaptée de l’oeuvre de Margaret Atwood, par exemple, où les rapports de domination sont clairement établis, uniquement transgressés par les dominants.
En deux temps, les flashbacks de plus en plus longs et le moment du récit, on découvre ainsi une jeune femme qui meurt et ressuscite, plus forte que l’état dans lequel la société tient à la conserver, soumise. Dans ce rôle, Mia Wasikowska éclabousse l’écran de son talent, loin des beautés plastiques et plusieurs crans au-dessus.
Alors, oui, c’est lent mais c’est terriblement beau et intelligent. Sobre et beau et intelligent.