Je suis un grand fan du style de Verbinski: ces films sont toujours en général rempli de situations burlesques, de quiproquos et de multitude de personnages aux nombreuses motivations. J'avais adoré son premier film, La Souris (un véritable cartoon), un peu moins son deuxième, Le Mexicain (mais qui regorge de situations intéressantes mal exploités). Il faudra attendre que le style de Verbinski soit vraiment à son apogée dans la trilogie culte de Pirates des Caraibes (dont je suis immensément fan, la preuve en est mon pseudo) pour que son talent soit vraiment connu du grand public. Viendra ensuite Rango, un excellent film d'animation Western. Et Verbinski continue sur cette période puisqu'avec son Lone Ranger, on se retrouve à nouveau devant un western, aux allures cartoonesque qui plus est (comme son Rango). Le film connaitra un flop totalement injuste. Oui, bel et bien injuste, car ce Lone Ranger est une réussite dans l'ensemble, qui aurait pu donner des suites appréciables (à la même manière que John Carter, un autre Disney qui a connu un flop mémorable, que j'ai aussi beaucoup apprécié et qui avait un univers au potentiel énorme). Mais qu'en est-t-il du film, donc (car oui, je m'éternise un peu) ?
Il contient de belles qualités, tels que, tout simplement, ses décors, magnifiques et parfois même magnifiés (enfin, on va dire plutôt "embellis") par la caméra de Verbinski, mais aussi par la photographie juste superbe. Les acteurs ne sont pas en reste et c'est peu étonnant tant le casting est prestigieux: Johnny Depp, Armie Hammer, Helena Bonham Carter, Tom Wilkinson, William Fichtner, James Badge Dale...bref, du beau monde. Johnny Depp, plus particulièrement, est génial (Kemo Sabe !) et se montre le meilleur acteur du film (son personnage est en même temps le meilleur aussi, car le plus intéressant et finalement ambigu). Armie Hammer est sympathique et convaincant, mais sans plus. A vrai dire, Armie Hammer fait du Armie Hammer (je suis sur que les mauvaises langues doivent se dire ça pour Johnny Depp dans le film): rien de transcendant dans son jeu, jamais été spécialement fan de cet acteur. Fichtner est excellemment diabolique dans le rôle de l'antagoniste (il est habitué de toute manière) et ne déçoit pas, de même pour Tom Wilkinson, très charismatique. Bonham Carter, pas grand chose à dire sur elle, si ce n'est que dans le peu de scènes ou elle apparait, elle se montre bien (c'est d'ailleurs complètement bête de la mettre en gros sur l'affiche à côté des deux héros alors qu'elle a un temps d'apparition très limité, ça aurait été plus logique de mettre Ruth Wilson à sa place). Ruth Wilson, d'ailleurs, est très bien dans le film et fait une belle entrée dans les blockbuster (enfin, pas sur qu'on la revoit dans beaucoup d'autres). Quand aux autres, comme Barry Pepper (acteur trop sous-estimé) et James Badge Dale (qui connait une hausse de carrière totalement méritée), ils sont très plaisants dans leur rôle.
Celui qui s'occupe de la musique n'est pas le premier tocard venu: ce n'est ni plus ni moins que le grand Hans Zimmer, qui livre là à mon sens une composition remarquable. J'ai retenu un thème en particulier, très héroique et qui revient souvent dans le film. Son remixage du célèbre thème de la série est aussi excellent et ne trahit pas les scènes d'actions. Pour la réalisation, et c'est loin d'être une surprise, Gore Verbinski assure bien sur à fond ! Que ce soit dans les scènes d'actions (juste géniales et totalement WTF, du pur Verbinski) ou dans celles se déroulant dans le désert américain (certains plans sont très beaux), c'est presque du sans-faute. Presque, car il y a quelques problèmes dans la direction d'acteurs (et par ailleurs dans le scénario), notamment dans les réactions caricaturales du personnages principal (John Reid), voir même ridicules (l'espèce d'amour secret qu'il a avec Rebecca, c'est vu, vu, et archi-vu, autant dans l'histoire en elle-même que dans les réactions du personnage, ça aurait pu être mieux dirigé). C'est parfois gênant sans pour autant gâcher le film (heureusement). Un point que j'ai beaucoup apprécié dans le film (et qui est une fois de plus habituel de la part de Verbinski), c'est le fait que malgré que ce soit Disney, le film n'hésite pas à montrer ou à suggérer des scènes violentes. Je pense bien sur à la scène de
l'arrachage de coeur
(on avait déjà ce genre de scènes géniales dans les Pirates des Caraibes, notamment dans le 2 et le 3). Le scénario, lui, (écrit par l'inévitable duo Ted Elliot et Terry Rossio) est vraiment intéressant dans le sens ou, en plus de ne jamais être ennuyeux et de divertir, parle du destin cruel des Indiens à cette période de l'histoire et arbore un point de vue appréciable et des méchants plus ou moins originaux pour des divertissements familiaux de ce genre. Je ne m'attarderai pas sur les lacunes de l'écriture du personnage de John Reid (j'en ai déjà un peu parlé), mais je vais quand même ajouter que son personnage (dans l'ensemble bon) est parfois un peu lourd (son caractère coincé, ajouté pour les gags, ne fait pas tout le temps mouche). Je parlerai plutôt du personnage de Tonto, de loin l'un des plus intéressants que j'ai pu voir dans un Disney. C'est un des héros du film, mais il est pourtant très mystérieux, parfois ambigu
(jusqu'à ce qu'on découvre vraiment ses motivations liés à la tragique histoire qu'il a vécu)
, mais souvent marrant dans son caractère "illuminé", et surtout attachant (plus que John Reid, d'ailleurs). Pour moi le personnage le plus réussi du film (et c'est à ce qu'il parait pas du tout le cas dans la série dont est adapté le long-métrage). Il y a quelques rebondissement réussis dans l'histoire, et parfois même du suspense (même si on se doute déjà de la toute fin). L'histoire est par contre un peu trop longue à démarrer, mais à part ça, les 2h29 de film (oui, durée qui peut rebuter certaines personnes pour un divertissement Disney) passent sans soucis, et on est captivés par l'humour (le cheval !), les personnages (surtout Tonto dans mon cas), l'action (les deux scènes du train, jouissives et spectaculaires), les décors magnifiques, et à certains moments la musique. Et pour en revenir au début de la critique, on retrouve vraiment dans ce film tout ce que j'aime dans le cinéma de Verbinski: des scènes d'actions impressionnantes qui se rapprochent du burlesque (comme je l'ai dit plus haut, dans le train), une grosse palette de personnages aux ambitions différentes
(entre Reid qui veut rétablir la justice, son coéquipier qui veut venger son peuple par la violence, l'homme d'affaire qui joue un double-jeu, le bandit sanguinaire qui veut de l'or, la femme secrètement amoureuse du héros, les indiens qui veulent faire la guerre aux blancs, et un mec de l'armée qui se mêle de tout ça...il y a pas trop de quoi s'ennuyer)
et des quiproquo et rebondissements. Donc, pour conclure tout ça, ne vous y trompez pas, malgré des défauts, Lone Ranger, à défaut de révolutionner le genre, lui rend bien hommage, tout en divertissant et parfois même, en captivant. Pas le meilleur film de Verbinski mais à ne pas manquer quand même (surtout pour les fans du réal). Je le conseille à tous le monde !