Angoissant, subversif, surprenant, efficace
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Après La Maison de cire (2005), le réalisateur espagnol Jaume Collet-Sera frappe fort en 2009 avec son nouveau long métrage Esther, collant davantage aux codes du thriller qu’à ceux de l’horreur.
Si le sujet de départ n’a rien de novateur, à savoir l’arrivée bouleversante d’une petite fille au sein d’un foyer, il serait dommage de passer à côté d’une œuvre possédant les armes nécessaires pour s’ériger en tant que classique du genre. Travaillée, le scénario offre une ligne directrice jubilatoire, menant à une chute digne de ce nom. L’esthétique soignée confère une ambiance singulière évoluant sensiblement au rythme d’une angoisse croissante. Costume, maquillage, bande originale, jeu de caméra, viennent renforcer ce constat. Les images violentes présentées ponctuent avec parcimonie et justesse le déroulement de l’histoire. En cours de route, le spectateur se retrouve habilement éloigné de ses attentes premières, créés en amont à l’aide de la bande annonce par exemple, ou de la jaquette qui, en outre, ne rend pas justice au projet. La part de mystère s’avère délicieuse ; l’immersion complète. Ce tableau élogieux perdrait sensiblement de son éclat sans le casting de choix sélectionné. Dans la peau du recherché, impressionnant et paradoxal personnage Esther, Isabelle Fuhrman excelle. La petite Aryana Engineer, sous les traits de la fillette Max Coleman, apporte une douceur parallèle attachante.
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Comme la perfection n’existe pas, quelques clichés ou longueurs, toutefois bien déguisés, se dessinent. Effet à double tranchant, le dénouement étonnant de l’intrigue ne peut en aucun cas être dévoilé avant la découverte du film, sous peine de réduire en poussière l’édifice savamment construit. Connaître plus en détails la vie antérieure de l’héroïne aurait, de surcroît, conférer davantage de crédibilité à son secret.
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Une aventure réussie trop rare fortement recommandée.