Mask of Death est un film qui fait très peur ! Réalisateur sans notoriété, Lamas dans le rôle principal (sa filmo est tout de même médiocre dans sa globalité), et surtout quelle scène d’ouverture ! Lorenzo Lamas est déguisé en une sorte de sosie de Michel Blanc, avec une moustache plus vue depuis les années 60, un postiche chevelu digne du Bjorn Borg de la grande époque, et un faux nez plus long que celui de Cyrano ! Le détective McKenna est tellement ridicule qu’il est impossible de ne pas éclater de rire ! Heureusement, c’est lui qui va subir de la chirurgie plastique, et on va retrouver Lamas normal ! A partir de là, Mask of Death devient une série B violente, roublarde, et étrangement immorale. Si vous voulez voir un héros qui tue un flic et s’en tire sans souci, ben regardez Mask of Death ! Perso, j’ai trouvé cette approche sans concession comme le point fort du film. Ça change du consensuel habituel, et ça donne aussi une teinte réaliste au film. Il n’y a pas de surprise de dernier moment qui fait que le héros garde son honneur sauf. Et en plus le héros est dans une quête de vengeance radicale et sans pitié, et là aussi c’est une bonne surprise. En clair, ce film montre ce qu’on pourrait difficilement montrer au cinéma, en se montrant tranchant et incisif, et c’est ce que l’on peut espérer d’un tel métrage.
D’autant que le rythme est percutant, avec de l’action, des cascades, des situations dans lesquelles la tension monte, le spectateur se retrouvant dans la situation du héros, souvent des dilemmes cornéliens. Et on notera aussi, ce n’est pas rien, que ce film proche de Volte-face est sorti avant. Au cas où on pourrait penser à un simple décalque.
Mask of Death est donc solide, porté par un casting inégal, mais pas déplaisant. Si Billy Dee Williams fait quasiment de la figuration, en revanche les autres « têtes d’affiche » sont bien utilisées. Lamas hérite d’un rôle de tueur monolithique, et du coup son inexpressivité assez légendaire s’en trouve amenuisée. Il a une photogénie certaine, et ça tient honorablement la route ici, même si un acteur plus intense parfois n’aurait pas été mal. Rae Dawn Chong est pour sa part charmante, et hérite d’un rôle musclé qui lui permet d’afficher une prestation solide et convaincante. Des seconds rôles corrects mais pas très marquants.
Côté réalisation Mask of Death est efficacement mené. Des scènes d’action solides, une violence graphique bien exploitée, quelques belles idées de mise en scène, des décors pas mauvais, une photographie appréciable, Mask of Death reste du niveau d’un DTV et fait un peu plus vieux que son âge réel, peut-être, mais il n’en demeure pas moins qualitatif et généreux. Quelques faux-raccords, quelques facilités parfois, mais rien qui ne vienne entamer significativement un produit rondement mené, avec une bande son évoluant entre le quelconque et le bizarre. Il y a des scènes où la musique ne colle pas trop (lorsque Lamas démarche des gens dans la rue par exemple).
Pour ma part, ce qui devrait plaire dans Mask of Death c’est son côté radical et anti-consensuel. A ceux qui en ont marre des rebondissements gentillets hollywoodiens, je recommande ce film vif, violent, sérieux, et surtout assez appliqué pour se démarquer vraiment du tout-venant. Un peu dommage que l’acteur principal ne soit pas un poil plus marquant, mais ce Mask of Death, et en dépit du ridicule Dan McKenna qui disparait vite, est une bonne surprise. 4