Mardi matin, j'étais pas bien, plus du tout de ce monde. Encore dans les draps, les cheveux n'importe comment, les yeux à demi-clos ( l'un totalement ), la tête enfoncée dans le coussin, allongé sur le ventre, bouche ouverte, une vraie tâche quoi. Dans le coma, sur une autre planète, horrible migraine dans la tête, qui fait boum boum contre mon crâne, atroce douleur, avec presque une gueule de bois, littéralement comateux, une sale flemme en tête, celle de me lever et de me préparer pour sortir je sais pas trop où, calé sur le lit, à ne rien faire, avec une seule envie : me rendormir jusqu'à demain. J'étais mort quoi. Cinq minutes passent, j'essaie de dormir, dix défilent, peut-être un peu moins, deux suivent, je ne trouve pas le sommeil. Loin des lointaines contrées de mes rêves oubliés, je lance ma main dans les airs. Elle retombe sur la télécommande au sol. Je la prend, presse un bouton, n'importe lequel, espérant que ce soit le bon. Pas la bonne télécommande. Le lecteur DVD s'allume, je voulais celle de la télé, mince. La flemme de l'éteindre alors que je viens de l'activer ( ce serait bête ), je cherche l'autre télécommande d'un seul oeil ( l'autre est resté en plein sommeil ), mets du temps à la trouver ( sous le boitier du DVD, c'est pas très pratique ), ne me lève même pas quand je la vois, rampe vers elle, la saisit, allume la télé. Ah, le son! Quelle horreur! Je le baisse instantanément ( enfin, j'essaie ), et place la chaîne sur celle du lecteur DVD. Et là, étrange menu, mais de quel film? LE LOUP DE WALL STREET!!! J'irai pas jusqu'à dire qu'alors, je me suis redressé comme un arbre droit, mais bon, faut bien avouer que l'électrochoc m'a quand même réveillé. Et là, j'étais à demi dans le monde des vivants, à la frontière entre Hadès et Zeus, entre le Styx et les nuages, entre Hitchcock et Scorcese. Mais bon, j'ai quand toujours cette atroce migraine en plein dans la tête, que je n'arrive pas à extraire de mes pensées. Mais je l'avais pas débuté hier, ce film? Qu'est-ce que j'ai fait à la place, alors? Alors là... Il commence. Mon Dieu!!! Il se passe quoi là?! Ils foutent quoi les mecs? C'est le début, ça? Et le reste, qu'est-ce que ça va être, une partouze de trois heures? Heureusement que non. Il commence fort, très fort, peut-être trop pour certaines personnes, et tu ne peux que rester dans le wagon et attendre qu'il t'amène en voyage. Et quel voyage, sérieux... C'est genre un truc que tu n'auras jamais vu, un départ dans la décadence la plus totale et décadente, une hallucinante leçon de vie d'un pauvre homme beaucoup trop riche et bourré aux as pour son triste esprit de gars tombé dans la déchéance, la chute d'un mec qui avait tout pour réussir ( et qui a réussi, pour tomber au sommet, sans n'y jamais revenir ) et qui a lamentablement tout gâcher, peut-être par égoïsme, par fierté ou par orgueil, allez savoir, ou peut-être même par le savant mélange de ces trois ingrédients qui, une fois bien assaisonné d'un zeste de piment de folie, conduise à une imparable descente aux enfers, enfin tout ce qu'aime Martin "Master" Scorcese quoi! Et comme la plupart du temps avec lui, il nous montre une histoire vraie avec une étrange atmosphère dont il a le secret, et avec un savant mélange de dépravation et d'un constant décalage ( des plus appréciables ). Parce que sans déconner, ce qui me surprend surtout, c'est l'humour qui y règne! Quel second degrés de taré! Encore plus que dans "Les Infiltrés" ou dans "Les Affranchis", Scorcese fait toujours plus et nous fait toujours plus plaisir, parce que sans déconner, c'était ce qu'on attendait presque tous pour sa nouvelle fresque, qu'il nous sorte un truc unique, limite indescriptible, atypique, que tu ne peux qu'aimer ou adorer, et qui surprend autant qu'il comble. Ce mec, je vais pas te le cacher, parcque tu le sais surement déja, c'est un maître, un vrai, pas un imposteur qui voudrait se faire passer pour tel. Non, lui, il innove et éblouit, ne sort que des films de haute voltige à chaque fois qu'il retourne derrière la caméra, car il faut l'avouer, "Le Loup de Wall Street", c'est du lourd. Et là, dans mon habituel coma matinal, je continu le film, à demi par terre, toujours aussi crevé. Non pas que le film contienne des lenteurs, non, tout est passionnant, c'est plutôt que je ne suis pas rapide pour me remettre d'un tel état. Matthew McConaughey débarque aussi vite qu'il disparait, marquant le film ( même pour un caméo de deux minutes ) autant dans l'histoire que dans sa prestation. Et puis, je remarque autre chose. Dicaprio se donne à fond, il le veut cet oscar, celui qu'il désire tant depuis des années, sur lequel il lorgne depuis qu'il n'en a plus eut, et on le ressent nous même, derrière notre écran, posé sur notre fauteuil ou affalé sur notre lit, à l'observer fournir cette prestation complètement dingue et hallucinée, qui vous fait comprendre que le mec est un bon, que c'est lui le king de nos jours, qu'il balaiera toute concurrence et tout concurrent qui se mettra en travers de son trophée. Pas de chance mon coco, c'est raté. C'est le mentor de ton personnage qui l'a remporte, Mister McConaughey. Mais il n'y a pas que lui qui me surprend dans mon dur réveil de ce matin là, un matin pas comme les autres. Il y a aussi ce type là, cette coqueluche du cinéma français, qui ne vient pas "dujardin" ni du terroir, plutôt de la ville, et qui a eu une carrière de dingue en France, un mec, un "Artiste", un vrai, prêt à jouer en "contre" courant, de mener une "-enquête" pour savoir qui lui a volé son rôle, et qui aime bien appeler le 117 pour une raison que je ne connais toujours pas. Et bien ce gars là, cet Hubert, il joue le pitre, le mariole, le mec pas drôle pour un sou mais qui essaye quand même de l'être, le mec qui, en persévérant, tourne sous la direction du plus grand. Et bien cet acteur là, il s'en sort plutôt bien, à condition que t'apprécie le jeu de pitre qu'il a d'habitude. Sinon, t'es pas dans la merde. Non parce qu'il faut être honnête, le mec est très bon pour les rôles d'imbéciles congénitaux, à tel point que même lorsqu'il est naturel, t'as naturellement l'impression qu'il est royalement bourré. Constamment rouge, avec une trogne qui te donne envie d'éclater de rire à chaque fois que tu le vois dans le cadre de l'écran ou que tu l’aperçois dans le reflet d'un miroir, il trouve intelligemment sa place et se montre utile, aussi utile pour la moralité qu'il est une pipe en matière d'affaires. Et là, bam, les règles du quatrième mur sont brisées. Dicaprio s'adresse à nous avec un air de fanfaron, mais il ne sait pas ce qui l'attend. Pas grand chose en fait. La fin est d'une odieuse immoralité qui, je suis sûr, en dégoûtera bon nombre ( mais t'inquiètes, tu tiendras ). Un putain d'humour tout du long, des dialogues de dingue, une répartie de folie, une vulgarité poussive mais fendarde, des paires de fesses et des nichons "en veux-tu en voila", de la cocaïne, de la décadence et, OH Grand Dieu!, une réalisation de dingue vous attendent pour cette aventure de folie aux côtés du "Loup de Wall Street". Allez, petit cochon, jette toi dans la marre, Dicaprio gère le reste.