Avis : Dans la brume électrique - Page 10

Un tâcheron hollywoodien moyen, avec un tel script entre les mains, aurait plombé son film d'effets racoleurs, de scènes d'action tape à l'œil et de violence gratuite. C'est une bonne chose qu'il soit tombé entre les main de Tavernier. Il lui a insufflé un rythme particulier et stylé, lancinant, presque à contre temps, à l'ancienne... qui s'accorde très bien avec la Louisiane (un des états qui m'attire le plus aux Etats-Unis), avec son bayou, ses vieux bluesmen, ses accents créoles. "Dans la brume électrique", a ses sautes d'inspiration, ses baisses de régime, mais il se déguste comme un très bon polar, d'autant qu'il est porté par une belle brochette d'acteurs. T.L Jones efficace comme toujours (j'ai eu l'impression qu'il avait même travaillé ses inflexions de voix pour sonner comme un vieux chanteur de blues noir), Goodman énorme, Saarksgard sympa, et des seconds rôles qui font plaisir (Buddy Guy, Moses de Deadwood, Justina Machado). Bref, c'est regrettable qu'il ne sorte pas sur les écrans aux USA, et ça en dit long sur le manque d'ouverture et le formatage du public américain.

Bertrand Tavernier se met à la remorque d'un genre américain très à la mode, mais à vouloir travailler en marge du genre, il se perd vers des sujets périphériques, revient à ses moutons puis s'en détache de nouveau, au point qu'on ne sait plus de quoi parle réellement son film. Satire sur le cinéma, film de mémoire sur l'esclavage, chronique familiale autour de la figure du flic désabusé, chasse à l'homme, balade nostalgique dans une Amérique explorée trente ans plus tôt dans Mississippi Blues, Tavernier veut traiter de tout en oubliant la nécessité de cadre, et de structure, comme le ferait un débutant maladroit. Le film échoue sur tous les tableaux, on s'y perd, on s'y ennuie, on espère se raccrocher à quelque chose mais tout nous échappe. Cette résolution Kubrickienne plaquée comme une rustine ne fait qu'ajouter du grotesque à cet ensemble déjà très boiteux. Le film n'est jamais sorti en salles aux Etats-Unis.

Tavernier le cinéphile amoureux des USA plante les caméras de son film policier dans le bayou de Nouvelle-Louisiane où le toujours très photogénique Tommy Lee Jones tente de démêler de sombres affaires de meurtre au milieu d'une faune locale très disparate. Un récit très convaincant, qui prend son temps, pour une oeuvre singulière réussie.

Un film policier qui tire grande partie de son atmosphère tiré du roman dont il est adapté ( ne l'ayant pas lu, je n'évoquerai toutefois pas la qualité de l'adaptation mais le film lui même). Le cadre de la Louisiane, terre dévasté par l'ouragnan Katrina, confère parfaitement à cette atmosphère désabusé, étrange et trouble qui habite l'oeuvre. Elle permet de rehausser la qualité d'une intrigue que je n'ai pas trouvé particulièrement passionnante. Des rebondissements bienvenues permettent toutefois de relancer l'intérêt du récit. De même, certaines scènes oniriques et étranges donnent au film une dimension plus mystiques et ouvrent des perspectives. L'essentiel du film repose sur les épaules de Tommy Lee Jones qui compose à nouveau un personnage de policier. Loin de lasser dans ce type de personnage, il délivre à nouveau une interprétation extrêmement solide et entraîne le spectateur avec lui dans les méandres de cette enquête. Les personnages secondaires ne sont pas pour autant délaissé à l'image de John Goodman, parfait dans le rôle d'une vraie pourriture. Cet équilibre montre que Bertrand Tavernier a gagné son pari en réalisant ce film aux Etats-Unis avec des acteurs américains. En effet, il ne s'est pas laisser dépasser par ses acteurs et les financiers pour délivrer ce film policier appliqué qui trouve toute sa cohérence dans sa filmographie. Pour moi, il manque toutefois un peu de suspense et de dimension dans le récit pour qu'il rejoigne le rang des grands films du genre.

Un thriller correct se déroulant dans la Bayou et sur fond de blues Cajun.
L'intrigue est assez longue à demarer et reste parfois confuse car divers sujets se croisent pour se rejoindre en partie. IL manque aussi quelques rebondissements spectaculaires, de ceux qui vous font frémir et languir de connaitre la suite.
Cependant, on notera une réalisation maitrisée et une photographie magnifique qui apporte un réel plaisir à visionner ce film.
Le coté hallucinatoire des lieux est surement sous exploité et la derniére image reste une énigme pour moi.

On connaissait le goût de Tavernier pour le cinéma américain (le bon !) et pour le South en particulier. La Louisiane est ici l'un des personnages de ce formidable polar à la fois classique et surprenant. Mélangeant un réalisme brut et des scènes fantastiques avec talent, Tavernier nous emmène sur une sombre histoire, dans les pas d'un Tommy Lee Jones qui confirme son extraordinaire talent, alternant calme du bayou et éclairs de violence.
A VOIR

Tommy Lee Jones transcende ce film, disons -le tout de suite. Mais il est aidé en cela par une réalisation hors-pair. Au vrai, pas grand-chose à reprocher cette oeuvre qui reste dans des limites réalistes nonobstant les "visions" de notre héros de policier. Tout cela c'est du bon cinéma, malgré une intrigue disons-le aussi assez légère.

Voilà un chef d'oeuvre, un film dont l'intrigue repose sur un arrière fond de racisme et du rapport tendu entre blancs et noirs dans un état où les choses n'ont jamais vraiment été clauses. Une enquête qui vient remuer l'histoire locale, les magouilles et les petites intrigues entre copains, pendant que court un psychopathe, bien pratique. Tout est clair, limpide, et pas si prévoyant que ça. C'est une enquête bien menée qui nous rappelle que les méchants et les gentils sont deux catégories qui jouent ensemble dans la même cour. L'arrière-fond est la tempête Katerina qui date donc le film.

Difficile de faire plus enracinés dans la culture du sud des Etats-Unis que les romans de James Lee Burke. Parmi ceux-ci, "Dans la brume électrique avec les morts confédérés" est peut-être le plus américain de tous. Et malgré tout, c'est un français qui se frotte à son adaptation cinématographique. Pas n'importe quel cinéaste français toutefois, mais un de ceux qui connait le mieux cette culture, Bertrand Tavernier. On peut dire qu'il a réussi son coup. Ce n'était pourtant pas facile, avec cette obligation de rendre l'atmosphère poisseuse des bayous décrite dans le roman, et ces apparitions de fantômes de la guerre de sécession, et ce drôle de personnage de Dave Robicheaux. C'est Tommy Lee Jones qui personnifie Dave et ce choix est très judicieux. Après tout, le Texas où il est né est contigu avec la Louisiane, il a l'âge du personnage et ce mélange de dureté et d'humanité qui en fait le charme. Le reste de la distribution est à l'avenant : dans le rôle de sa femme Bootsie, Mary Steenburgen prouve qu'Hollywood aurait dû l'utiliser davantage; John Goodman, un des acteurs fétiches des frères Coen, fait un gros méchant très crédible; on retrouve avec plaisir Ned Beatty qui a beaucoup tourné depuis "Delivrance", son premier film; et Peter Sarsgaard dans le rôle d'un comédien alcoolique; et l'écossaise Kelly McDonald. Il y a aussi, dans un petit rôle, l'excellent réalisateur John Sayles. Quant aux amateurs de musique, ils retrouveront avec plaisir, dans un rôle d'ancien taulard, le géant du blues Buddy Guy, dont la présence à Chicago depuis des lustres avait fait oublier sa naissance en Louisiane. Plaisir décuplé quand on l'entend interpréter un zydeco-blues de la meilleure eau. Il y a aussi Levon Helm, l'ancien batteur de The Band, dont il est difficile d'oublier la prestation émouvante (le vieux cancéreux au milieu du désert) dans "Trois enterrements" de et avec ... Tommy Lee Jones. Un très beau film au total.

Un film envoûtant, baignant dans les bayous de Louisiane et le blues... L'intrigue est passionnante, Tommy Lee Jones crève l'écran et la caméra semble flotter tout en légèreté en sillonnant une région encore dévastée et traumatisée par le cyclone. Le film mélange habilement passé et présent, réalité et surnaturel : un polar atypique à découvrir.

Porté par l'ambiance si particulière de la Louisiane et de ses bayous, Dans la brume électrique, est un film policier original, où l'enquête criminelle n'est pas au centre de l'histoire. Ajouté à cette ambiance brumeuse et moite des images magnifiques, et un excellent Tommy Lee Jones, vous obtenez l'un des meilleurs films de Tavernier.

Le grand retour de Bertrand Tavernier, celui du "Juge et l'assassin" et "Coup de torchon". En tournant aux Etats-Unis cette adaptation policière, le cinéaste trouve une inspiration aussi profonde que celle de ses "amis américains", en égalant le maître Eastwood. Renversant !

Si vous aimez l'atmosphère moite du sud marécageux des Etats-Unis, vous allez aimer. Si vous aimez les thrillers glauques mettant en scène des meurtres macabres et les enquêtes à rebondissement, vous allez aimer. Si vous aimez Tommy Lee Jones parce qu'il est l'un des acteurs les plus charismatiques de sa génération, vous allez aussi aimer. Bref, "Dans la brume électrique" est l'un des polars les plus réussis de ces dix dernières années. Immanquable.

C’est l’ambiance du film qui laisse la meilleure impression, les paysages de la Louisiane et des bayous (qu’on ne voit pas assez au cinéma, je trouve…) et l’ambiance moite et pour tout dire, pourrie qui semble entourer les enquêtes de Dave Robichaux. La photographie est superbe, et on immerge réellement dans cet univers très particulier dans cette partie des USA. L’interprétation est également un des points forts de ce film, John Goodman délicieusement détestable en petit parrain local, Peter Sarsgaard campe un acteur alcoolique très attachant et surtout, Tommy Lee Jones est parfait en détective taiseux, aux prises avec ses démons intérieurs. Mais le scénario n’est ni très facile à suivre, ni franchement très passionnant. Une voix off souvent superflue, des petites touches de surnaturel dont on ne sait pas trop quoi penser, un dénouement fort peu spectaculaire, on dirait que Bertrand Tavernier a voulu volontairement prendre le contrepied des thrillers américains habituels. Bel effort d’originalité qui va malheureusement laisser beaucoup de spectateurs en route, franchement déconcertés par ce film inclassable.

Une oeuvre assez surprenante, on n'attendait pas Tavernier ici et il livre un film d'une grande beauté esthétique ( il filme la Louisianne, la brume et les grandes étendues comme personne), entre le triller ambigu (façon Lynch) et le mélodrame intimiste (façon Clint Eastwood), Tavernier ne choisit pas, préférant nous livrer un film intimiste, brillant et émouvant. Mélangeant habilementpassé et présent, la narration complexe ne se perd jamais en considérations factices. Une oeuvre inspirée et passionnante qui souffre cependant de ces trop nombreuses références : un bien pour un mal...