En ce qu'il décide de montrer et de cacher, "Bataille à Seattle" est un film au message personnel, ainsi qu'une évocation saisissante d'une manifestation anti-OMC (l'Organisation Mondiale du Commerce). Film contestataire monté avec hargne et intelligence, parsemé d'évènements fictifs venant servir le récit et démontrer au final comment l'ordre des choses se déstabilise peu à peu, ajoutant une touche d'émotion pour parvenir à cibler un grand nombre de spectacteurs, Stuart Townsend, pour son premier film derrière la caméra, ne vise pas la facilité. S'il parvient à se placer où il faut, à gérer une mise en scène qui aurait vite pu être encombrante, et à installer une galerie de personnages efficaces, ces derniers restent trop brumeux en tant qu'êtres humains. Townsend sacrifie l'intérieur pour se focaliser sur le symbole que chacun représente, et celui, commun, d'existences gâchées ou enrichies. S'il y a une certaine naïveté à mettre en exergue les principes idéologiques d'un petit groupe de manifestants, il n'en est rien face au personnage-clé du policier vulnérable, interprété finement par un Woody Harrelson débarassé de tous ses tics de gros gars sympa et musclé. Lors d'une séquence mémorable, la caméra le cadre sourdement, de visage, en plein dépecage de bonne morale, avant d'attaquer des manifestants pourtant non-violents. C'est une rage tue qu'il exprime avec une puissance et un regard de fer, rappelant immédiatement la perte de son bébé alors qu'un policier frappait son innocente femme. A la fin, le personnage, figé lui aussi dans des principes différents - en particulier faire simplement son travail - , se repent de ses actes de violence venus en conséquence. Le parallèle établit est intéressant, à la fois le repentir qu'entraîne l'acte violent de la vengeance, mais aussi le changement soudain de vision des choses, sans pour autant passer dans l'autre camp. Le personnage permet aussi d'équilibrer, à la fois la tonicité du film autant que l'importance des différ