U.V. est l'adaptation du roman homonyme de Serge Joncour. "Il y avait une atmosphère "visuelle" très forte dans le roman mais aussi une intrigue qui tenait en haleine : il ne se passait pas grand-chose, mais suffisamment pour que l'on ait envie de connaître la suite, avec une fin relativement ouverte, explique Gilles Paquet-Brenner. Du coup, j'avais envie de faire un film qui soit semblable à un conte, que l'on ne sache plus vraiment à l'issue du film si l'on est dans le réel ou dans le domaine du rêve, du fantasme."
"La chaleur écrasante, le soleil qui fait mal aux yeux, une piscine dont les lignes de fuite se confondent avec l'horizon, nous sommes en terrain familier, explique Gilles Paquet-Brenner. Et l'idée est de renforcer toutes ces impressions par la lumière et la mise en scène. Une pellicule peu contrastée, des filtres pour accentuer encore la douceur d'une image surexposée que le soleil irradie. Renforcer les impressions jusqu'à l'absurde pour amener une étrangeté, une atmosphère irréelle. Peu de mouvements, l'immobilité entraînant le sentiment que tout peut arriver. Là est tout le principe du film : être à la fois feutré et bouillonnant, osciller entre confort et malaise, ne jamais être sûr des personnages et de leurs intentions, voire même de leur existence. Car plus qu'une histoire au premier degré, il s'agit ici d'un conte. Un conte cruel."
Avec le chef opérateur Diego Martinez Vignatti, Gilles Paquet-Brenner a voulu concevoir les décors comme des espaces mentaux. Pour ce faire, ils ont utilisé une gélatine différente pour chacune des pièces, avec une teinte qui corresponde à chacun des personnages. "On a voulu jouer un peu de l'inconscient du spectateur, en distillant des informations à travers la lumière et le cadre sans que rien ne soit jamais affiché, confie le réalisateur. Je vois un peu le film comme une poupée russe, en tout cas c'est comme cela que je voulais le construire."
"Boris, c'est un rôle compliqué à caster en France, explique Gilles Paquet-Brenner. En plus, je ne voulais pas une star, qui aurait immédiatement introduit un lien avec le public, et donc une forme de complicité qui aurait plus facilement permis d'anticiper les mouvements du personnage. Nicolas, aujourd'hui, peu de gens le connaissent et il avait le charisme nécessaire : en dehors d'être beau, il a un côté animal et une violence rentrée que l'on ressent immédiatement."
Le tournage s'est déroulé du 2 juin au 6 juillet 2006 dans une villa située à Ramatuelle, sur la Côte d'Azur.
Lolita Pille, auteur du roman Hell, ne s'est pas contentée de co-écrire le scénario d'U.V. avec son ami Gilles Paquet-Brenner. Elle s'est également chargée d'élaborer le making-of du film.
Pour ce film, la référence principale de Gilles Paquet-Brenner est Les Proies de Don Siegel. "Autant l'univers visuel renvoie à Plein soleil, à La Piscine ou même au Mépris, avec cette lumière très blanche, autant thématiquement, ce sont Les Proies qui m'intéressaient, avec cette idée du supposé loup qui se transforme en proie. Mais il y a effectivement un côté très sixties dans U.V.", confie-t-il.