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velocio
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2,0
Publiée le 17 août 2013
Franchement, si personne ne savait que ce film a été réalisé par Fritz Lang, quelles seraient les jugements pour ce film ? Le scénario : plutôt simpliste et très prévisible. Le traitement psychologique des personnages : sans nuance et touchant parfois au grotesque. Appuyé de plus par une musique envahissante. Le jeu des acteurs : là, on fait plus que toucher au grotesque, on y est de plein pied, surtout s'agissant de Louis Hayward. Grotesques aussi un grand nombre de scènes. Restent une belle mise en scène et une belle photo Noir et Blanc. De là à en faire un chef d'oeuvre ... !
Fritz Lang s’est plusieurs fois distingué avec brio dans les suspenses. S’il existe une comparaison à faire entre le maître anglais et lui, c’est à partir de « The House By The River ». De nombreux éléments de ce film permettent de voir à quel point la maîtrise purement technique de Lang n’avait rien à envier à celle de « Hitch ». Les jeux d’ombres et de lumières, les mouvements de caméras, l’utilisation de la musique et des silences sont excellents. Pourtant, ce qui fait que ce film n’est pas du tout un chef-d’œuvre mais qu’il l’aurait vraisemblablement été s’il avait été réalisé par Hitchcock, comme la plupart de ses films, c’est le traitement psychologique pas assez tranché des personnages, le manque de rythme dans certaines scènes d’action, et la trop grande complexité des ressorts dramatiques. L’un de ces ressorts, le saut du poisson, par exemple, n’est pas assez bien mis en valeur, et pas assez de manière récurrente. La déperdition de son importance vient aussi du fait qu’il semble « noyé » dans un ensemble d’autres signes. Aussi, l’enchaînement où sa réapparition cause la chute du méchant paraît peu crédible. La dramatisation des crimes chez Hitch est toujours très spectaculaire. Non pas dans la longueur ou la brièveté, mais dans la succession hyper rapide des différentes étapes de la scène. Dans « The House By The River », les détails du 2nd crime s’éternisent trop. Trop prévisible, il perd de son impact dramatique, et fait aussi perdre en crédibilité la réapparition ultérieure de la victime. Paul Newman, tout grand acteur qu’il était, n’a pas perçu le génie de « Hitch » et sur le plateau de « Torn Curtain », il n’arrêtait pas de se « friter » avec le maître. Le succès mitigé du film à sa sortie semblait lui avoir donné raison. Mais l’Histoire et le temps ont aujourd’hui consacré « L’Etau » et « Le Rideau Déchiré » comme les plus grands films d’espionnage jamais réalisés. Pour s’en convaincre, merci de lire la critique de Henrico sur ces deux joyaux.
Un pur produit hollywoodien de la fin des années 40, avec un scénario qui repose sur des symboles et des effets de miroir un peu lourds pour un spectateur d’aujourd’hui. Tout est parfaitement agencé pour faire sens (la première minute dit à peu près tout de ce que démontre le reste du film), mais la mécanique est tellement bien huilée qu’elle en devient prévisible et même parfois comique, avec un dénouement qui frise la parodie. Le film se veut un thriller psychologique, mais la psychologie des personnages est dessinée à très gros traits et figée dans une caricature qui empêche de s’intéresser à l’issue de l’histoire. Heureusement, la réalisation de Fritz Lang est plusieurs crans au-dessus et l’honneur est sauf.
Jamais sorti en exploitation commerciale dans les salles françaises, “House by the river” (USA, 1950) de Fritz Lang adapte un roman de Mel Dinelli. Produit par la Republic Pictures, ce film qui arrive dans l’oeuvre de Lang entre les faibles “The secret beyond the door…” et “Rancho Notorious” explore pourtant des thèmes profondément présents dans le cinéma de son auteur. Un écrivain déchu, bourgeois domiciliant dans un manoir, assassine par mégarde sa jeune domestique alors qu’il souhaitait abuser d’elle. La culpabilité de l’artiste se mêle et nourrit sa création. Selon les nombreuses biographies du cinéaste, Lang aurait été trouvé en présence du cadavre de sa première épouse en compagnie de sa deuxième femme Thea von Harbou. Qu’il ait été coupable ou non, l’oeuvre de Lang travaille la culpabilité à la lueur de la création. En ce sens, Lang rejoint un de ses contemporains, Kafka. Mais voir “House by the river” comme une transposition de la vie de son auteur au coeur même de l’oeuvre ne serait-ce pas une extrapolation, au risque de dénigrer l’enjeu des producteurs ou des scénaristes dans la constitution du film ? A contrario de certains films réalisés pour de grands studios, “House by the river” est produit par la Republic Pictures, petit studio reconnu pour avoir laissé un grand champ de manœuvre aux cinéastes. L’absence de distribution française du film peut s’expliquer par sa profonde intimité. Les regards hallucinés que lancent Louis Hayward (l’écrivain-tueur), le désarroi patent de son frère complice, la rumeur calomnieuse qui parcourt la bourgade dans laquelle habite les protagonistes composent une atmosphère oppressante. La grande réussite psychanalytique du film est de diviser l’espace entre la culture (que la maison abrite) et la nature irréductible (que le fleuve adjacent à la maison représente). L’union de ces deux pôles spatiaux, unis dans le titre par le “by”, contient tout le paradoxe de la moral humaine, lutte entre la culture et la nature.
A ce jour, aucun film de la période américaine de Fritz Lang ne m’a véritablement convaincu. «House by the river» possède certaines qualités cinématographiques qui le font légèrement sortir du lot, mais l’appréciation générale reste sans commune mesure avec les films allemands du cinéaste autrichien. Adapté d’un roman de Herberts, le scénario du film ne présente aucune originalité et se révèle très simple et linéaire. Les atouts du film viennent de la maîtrise parfaite dont Lang fait preuve dans la mise en scène, bien que celle-ci soit particulièrement discrète et sobre (une constante dans ses réalisations étatsuniennes). En quelques plans simples et précis, Lang parvient parfaitement à suggérer les pulsions érotiques du personnage principal, la montée de la tension, le sentiment de culpabilité. La double scène de l’escalier (d’abord avec la victime puis avec la femme du meurtrier) est à cet égard très convaincante. Porté par une bonne photographie de Cronjager et des éclairages expressionnistes de bon aloi, «House by the river» se présente donc comme un bon film de son époque dont on imagine que Hitchcock, avec «Psychose» ou encore Laughton dans «La nuit du chasseur» se sont librement inspirés. Mais voilà, le filtre de la production américaine est passé par là, avec son cortège de musiques pompeuses et envahissantes, son jeu d’acteur poussif, son traitement psychologique allégé, ses effets grotesques (le saut du poisson dans le miroir, le rideau étrangleur de la séquence finale), son happy end sur fond d’histoire d’amour salvatrice… Dommage, parce que le film a sûrement perdu là son statut de classique intemporel.