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chrischambers86
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4,0
Publiée le 23 août 2013
Alors que Joseph L. Mankiewicz tournait la même annèe le mythique "All about Eve", Joseph Losey s'essayait au remake de "M le maudit" de Fritz Lang! Ce n'est qu'au fond que de pouvoir concrètiser d'autres projets que Losey a acceptè ce remake dont l'idèe au dèpart ne l'enchantait guère (pas plus d'ailleurs que Lang lui-même). Dans de superbes images (de jour comme de nuit dont un plan fabuleux de M, seul sur un banc, en train de jouer de la flûte), un "M" censurè, interdit dans plusieurs ètats, même avec des coupures! C'est donc un peu comme un film mort qui renait de ses cendres grâce à Patrick Brion, un remake à l'atmosphère oppressante qui contient pourtant les meilleures choses que Losey a fait du point de vue cinèmatographique et visuelle! Certes, David Wayne ne nous fait pas oublier Peter Lorre mais il est en tout point remarquable notamment quand il ètend la main pour que la petite Janine Perreau cesse de jouer de la flûte, de peur de trahir sa cachette! Sinon, afin d'èviter de tels crimes, voici les cinq choses à ne pas faire: 1/ Ne laissez pas vos enfants monter en voiture avec des inconnus car parfois ce sont des allers-simples vers la mort; 2/ Ne laissez pas vos enfants accepter des cadeaux d'un inconnu car la vie de votre enfant vaut plus que des pop-corns ou une friandise; 3/ Ne faites pas sortir vos enfants quand il fait noir car la nuit est un alliè pour le tueur qui s'attaque à nos enfants! 4/ Ne laissez pas votre enfant sans surveillance dans des endroits boisès ou des zones dèsertes car si vous ne le surveillez pas, d'autres l'observent peut-être! 5/ Ne laissez pas vos enfants frèquenter ce vieux monsieur de votre quartier car la plupart sont inoffensifs mais il y a des exceptions! Vous devez tout faire pour que votre enfant ne soit pas victime de ces exceptions! Très bonne dècouverte...
Pas très chaud à l'idée de mettre en scène ce remake du magistral M le maudit de Lang Losey l'a finalement fait et s'en tire pas trop mal. Ce remake ressemble en grande partie à l'original et donc n'apporte rien de plus mais il en reste un bon polar dramatique sombre et d'un style rarement vu dans le cinéma américain des années 50. C'est très noir et pessimiste, la ville de M le maudit semble gangréner par le crime à tel point que ce sont les voyous (parmi eux Raymond Burr) qui devront se charger de mettre fin au tueur d'enfant, ce dernier est joué par David Wayne qui s'en tire plus qu'honorablement dans un rôle pas évident, le final ou il se confesse devant tout les criminels est saisissant. Ce remake n'était sans doute pas nécessaire mais Losey tourne un de ses meilleurs films. Tout comme pour Le Rôdeur il est assisté de Robert Aldrich.
Je ne comparerai pas ce film à celui de Lang ne l'ayant pas vue. La première chose qui frappe c'est la beauté des plans tranchant avec le sujet grave. Une belle réalisation incontestablement. Les acteurs crédibles, l'histoire intéressante... Le seul bémol est la fin qui après une belle séquence arrive trop abruptement. Du bien bel ouvrage !
Nous sommes avec ce film sur le thème exact des ''remakes''qui est à la fois un vrai problème pour presque tout le monde et un faux problème si on parle uniquement cinéma. C'est même le moment idéal pour comparer le talent des réalisateurs puisque ce sont eux qui décident comment faire bouger et s'exprimer les acteurs parmi des extérieurs choisis et des mouvements de caméra les plus parfaits possibles. Il faut également tacher d'oublier totalement le premier film et juger le second comme si le premier n'existait pas...La comparaison des des deux viendra éventuellement ensuite et sera un tout autre sujet. En raisonnant ainsi ce film apparaît vraiment réussi avec des plans magnifiques, des choix formidables comme celui de l'escalier de pierre ou du lieux servant de refuge à M et quelques trouvailles comme M s'excusant auprès de sa dernière future victime et la recouvrant pour dormir ou M devant le portrait de sa mère. Je trouve même que question mise en scène, je n'ai jamais de Losey aussi bon. Par contre ce film possède quelques lacunes, son rythme est souvent trop rapide et les ellipses trop brèves...J'ai eu l'impression que Losey était pressé de le terminer. D'ailleurs la fin est ratée et le personnage de l'avocat marron alcoolique est bien pâle par rapport au grand chef de la pègre locale qui bizarrement perd son sang froid à l'arrivée de la police. En outre l'équilibre police/voyous n'est pas assez respecté car chacun sait bien que la différence entre ces deux milieux n'est qu'une affaire de circonstances.
Comparé à Lang, on est ici davantage dans l'intrigue policière, le film noir, où le récit se focalise avant tout sur la recherche de l'assassin seul contre tous avec ses démons et sa flûte sortie du conte du "joueur de flûte de Hamelin". Il y a moins d'introspection mais plus de tension en particulier lors de la fuite dans le grand magasin désert où les cauchemars prennent une dimension réelle. La tension devient écrasante avec la fin philosophique sans oublier la mise en scène serrée et concise.
En 1951 l'Amérique entre dans une des phases les moins glorieuses de son histoire politique. Le sénateur Joseph McCarthy conduira bientôt son pays sur la route de l'hystérie anti-communiste devenant rapidement chasse aux sorcières et menant , comble de la paranoïa ambiante, à l'exécution des époux Rosenberg le 19 juin 1953. Joseph Losey qui n'a jamais caché ses sympathies communistes est à cette époque très proche de l'œil du cyclone. C'est donc sans trop hésiter qu'il accepte cette commande se doutant bien que les possibilités de travailler vont se raréfier. C'est le producteur d'origine allemande Seymour Nebenzal qui lui propose de mettre en scène un remake du fameux "M le maudit" de Fritz Lang dont il avait déjà assuré la production en 1931. Le scénario sera en grande partie rédigé par son ami Waldo Salt qui sera lui placé sur la liste noire des scénaristes interdits de travail à Hollywood. L'œuvre de Fritz Lang sortie de l'imagination de son épouse Thea von Harbou fera avec le temps figure d'augure funeste des temps sombres qui vont recouvrir pendant une décennie le ciel allemand. Losey a sans doute compris que tout en restant fidèle au modèle incontournable, il pouvait en donner une lecture prémonitoire de la folie qui guette son pays. En extrapolant la trame liée aux meurtres d'enfants ramassés au hasard des rues d'une grande ville, on peut en effet voir dans les deux films une démonstration de la peur de la différence qui finit par enrager les élites puis les foules. Les juifs dans l'Allemagne des années 30 et les communistes dans l'Amérique des années 50. Dans cette optique, Losey choisit David Wayne, acteur jusqu'alors spécialisé dans les comédies légères pour interpréter M. Délibérément, l'aspect monstrueux qui émanait des yeux globuleux et du visage rond Peter Lorre est gommé pour faire ressortir l'humanité du tueur quispoiler: livrera lors de la scène finale du tribunal populaire qui s'improvise dans un parking en sous-sol, les ressorts psychanalytiques pouvant expliquer sa déviance née d'une mère dominante et castratrice . En dehors de ces deux variantes majeures dans le portrait psychologique du tueur, c'est principalement dans l'approche esthétique que Losey se singularise. Les studios, écrin de l'expressionnisme allemand ont laissé la place aux décors naturels d'un Los Angeles populaire méconnu, aujourd'hui disparu, magnifiquement mis en lumière par Ernest Laszlo. Etonnamment le discours sous-jacent de Losey sur le suivisme des foules et sur la connivence entre milieu et politique ne sera pas relevé par la censure pourtant particulièrement sur les dents en cette période. Sans doute parce que la narration reste globalement fidèle au chef d'œuvre insurpassable de Fritz Lang très populaire à l'époque à Hollywood. Un Lang qui ne pardonnera jamais à Losey d'avoir osé se mesurer à un de ses sommets, alors que lui-même comme le souligne Michel Ciment a repris deux fois Renoir sans jamais s'en excuser. Complètement oublié le film devait bien sûr être réévalué mais on reste quand même en dessous de la peur sourde qu'avait su communiquer le grand Peter Lorre errant dans une ville allemande devenue le terrain de chasse d'un prédateur affolé par sa folie qu'il voudrait désespérément maitriser.
Il faut revoir "M" de Losey (1951), remake assez fidèle du chef d'oeuvre où -20 ans avant- Fritz Lang avec l'aide du grand acteur au physique terrifiant Peter Lorre dénonçait violemment la prise de pouvoir par les malfrats-nazis. Evidemment Losey n'a pas la prétention d'égaler Lang mais il reprend avec précision de lscénario transposé dans le downtown impressionnant de Los Angeles : funiculaire, métro, galeries extérieures, escaliers qui n'en finissent pas, différences de niveau entre les rues, galerie commerciale de l'immeuble Bradbury à structure métallique sont utilisés magistralement pour recréer, sans les décors expressionnistes de Lang, une impression de tension et de folie qui s'empare de la ville , de la police, de la foule, des bandits eux-mêmes. Comme dans un film noir, l'intrigue d'une solidité à toute épreuve avance directement sans aucun temps mort. Les personnages : flics, bandits, foule sont plus repoussants les uns que les autres. Il y a un peu de la patte d'Aldrich évidemment. Losey insiste sur le comportement moutonnier des foules et sur l’identité entre les comportements des mafiosi et des policiers. Sorti en série B, le film connu un bon succès, ensuite, très injustement on l'a oublié. Black listé par McCarthy non pas à cause de ce film mais de son appartenance au PC, Losey apportera au cinéma anglais deux de ses chefs d' œuvre immortels : The Servant 63 et Accident 67, tous deux en collaboration avec Pinter, confirmant ainsi son très grand talent de preneur de vue, monteur et directeur d'acteur dont on voit l'efficacité.