Partant d'un thème pour le moins original, dans une étrange association de drame et de comédie qui, au début, fonctionne plutôt bien, "Departures" a conquis l'Amérique dans sa course à l'Oscar et glané cette année celui du meilleur film étranger, face à des films aussi forts et inoubliables que "Valse avec Bashir". Le moins que l'on puisse dire, c'est que "Departures" sera pourtant très vite oublié ; récit naïf et interminable d'un homme qui abandonne la musique, le film se perd dans un scénario qui veut à tout prix être complexe alors qu'il n'y avait là qu'à filmer le quotidien et la grâce des rites funéraires, la beauté des embaumeurs et le puissant symbole qu'ils représentent pour envoyer les morts vers l'au-delà. Contrairement à ça, Yojiro Takita a voulu tourner un mélo, qui plus est à l'américaine. L'horreur est de taille ; lumières baveuses, clichés excessifs, acteurs terriblement fades, musique (de Joe Hisaishi!) plus crémeuse encore que chez Disney, cadrages sans âme... Il n'y a guère que la scène d'ouverture qui vaut le coup, beauté du silence coupée en deux par un humour féroce et inattendu. Le reste du film continue sur ce ton entre deux eaux, sans jamais y retraduire aussi bien cette capacité et cette clarté dans le changement de style. "Departures" est donc un film aberrant (du moins pour un film à Oscar!), duquel on a envie de dire ; << Pourquoi lui et pas un autre? >> . Car il y a des centaines de films identiques à cette ennuyeuse tarte nippone. Quant au final, il finit par exploser dans son abondance de niaiserie ; le couple attend un enfant, le héros joue du violoncelle devant la montagne, les arbres fleurissent, le retour de son père qu'il va embaumer (le ressort scénaristique et si gros que l'on s'en souvient très clairement), les symboles s'étalent dans la lumière blanchâtre d'un amour retrouvé, un petit garçon est mort aussi, c'est le temps des cerisiers, les gens pleurent. Et l'audience dort.