Mother a quelque chose de décevant, car mon attente était grande pour plusieurs raisons. Bong Joon Ho est l'un des réalisateurs coréen les plus talentueux de sa génération, si ce n'est le plus talentueux. Mother à une affiche très attirante (je la trouve vraiment belle et touchante), et surtout, les critiques sont assez unanimes sur ce film.
Je ne vais pas dire que c'est un mauvais film, ce serait évidemment faux, mais rien qu'en comparaison avec ses deux autres chef d'oeuvres, The Host et Memories of Murder, Mother est plus faible. Tout d'abord, peut-être sur le simple pan technique, Mother n'est pas un film particulièrement beau; et si la caméra se déplace de manière ingénieuse, il n'y a pas de plans fabuleux. Ce n'est pas pour autant un défaut car Bong Joon Ho concentre son regard sur les visages des protagonistes, ce qui est tout autant légitime.
Sur le scénario, ca se casse déjà un peu plus les dents. Outre qu'il peine un peu à se lancer, même si encore une fois c'est nécessaire pour mettre en place les personnages, à savoir la mère castratrice et le fils paumé, une fois qu'on fait le bilan en fin du film on peut remarquer que c'est assez léger, que l'enquête mené par la mère est quand même bien bâclée, qu'elle est forte simple. On remarque donc également que beaucoup de passages sont rallongés un peu inutilement.
En fait, je pourrais dire que c'est là le principal défaut du film, c'est un sérieux manque de rythme, avec notamment une première heure laborieuse. Si les premières minutes sont très drôles, ca s'essouffle par la suite, avant de se reprendre pour le deuxième heure.
Mais Mother a aussi d'incroyable qualités, et il faut lui faire justice. Si je le descend c'est surtout parce que j'en attendais beaucoup, alors qu'il reste un très bon film. On peut tout d'abord souligner le jeu de Won Bin et de kim Hye-Ha, tout deux très touchants dans leurs rôles, drôles aussi. Mais surtout, ce qui caractérise tout l'art de Bong Joon Ho, c'est son art de mélanger les genres, et de proposer une progression des sentiments atypiques, et généralement incroyable.
Ainsi Mother touche tour à tour au pan social, où sont exposés les difficultés des paumés et des pauvres, qui finissent par se rejoindre. Mais aussi de la relation mère fils, si nécessaire mais si dangereuse, comme on le remarque si souvent dans les enquêtes criminelles où l'assassin a souvent des problèmes avec sa mère. Mother touche aussi au film policier, avec l'enquête mené par la mère, ou a la comédie avec les scènes assez idiotes où Won Bin est pitoyablement mis en scène.
La force des films de Bong Joon Ho reste la progression de ces films. Certes, la première heure est laborieuse, reste qu'on reste couché devant le ballet des sentiments que nous propose le réalisateur Coréen. Comme The Host ou Memories of Murder, le film part sur un ton de comédie, très décalé et presque très superficiel, on voit des idiots on se marre bien. L'idiot est mis en taule, mais c'est toujours rigolo. C'est très léger, c'est frais. Puis sans qu'on s'en aperçoive, car l'art du coréen n'est pas de marquer une rupture nette mais bien une progression, le film change de ton et devient plus sombre. La mère angoissée et ailleurs devient calme, sérieuse et impliquée, ses traits tombent; les scènes se déroulent de nuit ou dans des lieux plus lugubres; les personnages qui rentrent en jeu racontent des histoires malsaines; tout se précise, tout devient grave et dramatique, tout devient noir et désespéré, jusqu'à une fin en coup de point dans le ventre.
Ainsi donc pour conclure, si je maintiens que Bong Joon Ho est un réalisateur à découvrir, cela ne doit pas passer par Mother. Memories of Murder est magistral et The Host aussi, ils démontrent tout autant les qualités du réalisateurs, en faisant fi des défauts. Mother reste un film très agréable malgré tout, bien interprété et touchant.