Lors de la cérémonie des Jutras (l'équivalent québécois des César), C.R.A.Z.Y. a remporté 13 récompenses, dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur, pour 14 nominations. Un raz de marée historique couronnant une carrière en salle exceptionnelle : 1 million d'entrées au Québec pour 7.5 millions et demi d'habitants. C.R.A.Z.Y. s'était aussi distingué au niveau national en étant couronné dans 10 catégories lors de la 26e cérémonie des Génies (les prix cinématographiques pour l'ensemble du Canada).
"Le film cherche à récréer le style de l'époque par les sensations, explique le réalisateur Jean-Marc Vallee, celles que procurent le tissu synthétique, le toucher désagréable d'un mur de stuco en petits pics, ou la texture d'un microsillon. Ce sont des détails inutiles à l'histoire mais essentiels à la façon de vivre des Beaulieu. Ils traversent les expériences et vieillissent, passent les modes, voient la société se transformer... alors que le seul grand changement notable de la famille tient sans doute à la priorité pour Gervais, le père, de changer d'auto tous les ans."
Le réalisateur Jean-Marc Vallee revient sur ce qui l'a poussé à écrire et tourner C.R.A.Z.Y. : "Comme j'approchais les 40 ans et que je n'étais toujours pas satisfait, je me suis mis à écrire le scénario dont je rêvais, pour me combler en tant qu'homme et cinéaste. J'ai beaucoup pensé à Frank Capra et à son film La Vie est belle. Ils sont plutôt rares les films qui me procurent cette sensation de bonheur intense, mais il y en a toujours quelques-uns, chaque année, qui me rappellent aussi que c'est le genre de films que j'aimerais faire, que je dois faire, ne serait-ce qu'une seule fois dans mon humble carrière. Dans mon esprit, j'ai réalisé C.R.A.Z.Y. en espérant qu'il puisse provoquer le même effet car j'aimerais que l'on puisse sortir de mon film et retrouver cette petite étincelle de lucidité qui permet de voir la vie comme elle devrait toujours nous apparaître : belle. J'ose croire que C.R.A.Z.Y. est celui-là ou l'un de ceux-là."
Baigné dans la nostalgie des années 70, le film reprend de nombreux standards musicaux de l'époque. De David Bowie à Pink floyd, les figures marquantes de la musique sont évidemment évoquées dans le film. Au final les droits musicaux ont représenté près de 600 000 dollars canadiens. Le réalisateur Jean-Marc Vallee a dû revoir son salaire à la baisse pour pouvoir intégrer au film tous les morceaux qu'il souhaitait.
Le titre du film, C.R.A.Z.Y., fait référence à la chanson homonyme de la chanteuse country Patsy Cline : "Patsy Cline, c'est vraiment, par excellence, la chanteuse sentimentale des coeurs brisés, explique le réalisateur. Or, dans la famille Beaulieu, le père est un vrai macho, et tous ses enfants sont des garçons. Son coeur tendre, très féminin, et non assumé, ne s'extériorise que par cette passion pour Patsy Cline et sa chanson, Crazy ! C'est grâce à cette "faiblesse" - sa sensibilité - qu'il finit par évoluer et accepte son fils, alors même qu'il en a déjà perdu un."
Les lettres du titre correspondent aussi aux ininitiales des prénoms des enfants de la famille Beaulieu : Christian, Raymond, Antoine, Zachary et Yvan.
L'histoire de C.R.A.Z.Y. est inspirée de la propre vie de François Boulay, qui a collaboré à l'écriture du scénario avec Jean-Marc Vallee. Ce dernier s'est, quant à lui, inspiré de sa propre personnalité pour créer le personnage de Zachary Beaulieu.