Morgan Spurlock a traversé les Etats-Unis, de New York à Houston. Il a interrogé des spécialistes dans plus de 20 villes. Un ancien Secrétaire d'Etat à la santé (l'équivalent américain du rang de ministre), des professeurs de gym, des cuisiniers de cantines scolaires, des publicitaires, des avocats et des législateurs lui confient le résultat de leurs recherches, leurs sentiments, leurs craintes et leurs doutes.
Le réalisateur s'est obligé à suivre un règlement stricte lors de ses visites quotidiennes chez la firme MacDonald's. Ainsi, pendant 30 jours, il devait manger exclusivement dans les restaurants de la firme, et ne consommer que des produits qui y sont vendus, y compris l'eau. Il s'est en outre astreint à systématiquement commander l'option Super Size, lorsque le serveur la lui proposait. Il s'imposait de goûter à tous les produits présents dans le menu, au moins une fois. Enfin, effectuer trois repas par jour : petit déjeuner, déjeuner et dîner.
Morgan Spurlock a décidé d'être son propre "cobaye". Il a néanmoins été encadré par trois médecins. Il tient également un journal, dans lequel il consigne l'évolution de son état, de son poids, de son taux de cholestérol, mais aussi de sa relation avec la plus critique de ses supporters : sa petite amie, chef-cuisinière...végétarienne.
Chaque jour, un Américain sur quatre visite un Fast Food. Les frites, qui constituent l'accompagnement principal des repas servis dans les Fast Food, sont le plat de légumes le plus consommés aux Etats-Unis. Les américains consomment plus d'un million d'animaux par heure, principalement sous formes de steaks hachés ou d'escalopes de volailles. Il faudrait en outre faire plus de sept heures de marches pour brûler les calories contenues dans un menu Super Size (boisson gazeuse, frites et Big Mac).
Depuis la présentation de Super Size Me au festival de Sundance en janvier 2004, où Morgan Spurlock a reçu le Prix du meilleur réalisateur dans la catégorie "documentaire", les médias américains ont laissé entendre que le film est arrivé à influencer la toute puissante firme Mac Donald's. La société a d'abord longtemps choisi de ne faire aucun commentaire sur le film. Puis elle a annoncé qu'elle ne proposerait désormais plus de menu Super Size. Et le réalisateur d'ajouter : "Cela prouve (...) à quel point le film est juste (...). Super SIze Me fait avancer les choses". La célèbre firme est quant à elle beaucoup plus reservée. Un de ses porte-parole, Walt Ricker, déclare : "Super Size Me n'a rien à voir là-dedans. La question des menus Super Size a été débattue et approuvée par la compagnie en 2003. Le retrait a été communiqué à nos franchises à la fin de l'année. En ce qui concerne le film de M. Spurlock, n'importe quel diététicien vous dira qu'ingurgiter 5000 calories par jour n'est pas une très brillante idée. Nos clients ne sont pas des imbéciles. Ils n'ont pas besoin qu'un film leur dise ce qu'ils ont à faire."
Jim Cantalupo, Président Directeur Général de Mac Donald's, a cherché à anticiper sur la montée en puissance de la polémique, avant même la sortie du film. L'obésité est aux Etats-Unis la seconde cause de mort non accidentelle (16,6 % de la mortalité totale), après le tabac (18,1 %). Deux adultes sur trois et 9 millions d'enfants en sont victimes. D'après une étude menée par les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies, 400 000 américains en sont morts en 2000. Le coût pour la collectivité (aide sociale) s'élève à 117 milliards de dollars par an, plus 75 milliards de dépenses médicales en 2003.
En 2003, le magazine télévisé américain "90 minutes" s'est intéressé aux liens existant entre éducation et nutrition aux Etats-Unis. Ainsi, dans un lycée américain, un distributeur de la marque Pepsi y déverse des calories en canette. Pour 80 000 dollars par an, le géant de la boisson a obtenu du proviseur le droit d'installer en exclusivité ses distributeurs dans l'établissement. Dans une autre école, les élèves apprennent à lire en déchiffrant les logos MacDonald's et Pepsi sur des programmes informatiques subventionnés par ces mêmes poids lourds de l'alimentaire.