Avec ce film, Prix Louis Delluc en 1958, Jean Rouch quitte tout à fait le domaine de l’ethnologie traditionnelle et explore ce qu'il a appelé, avec Edgar Morin, le "cinéma-vérité" : "J’ai suivi un petit groupe de jeunes émigrés nigériens à Treichville, faubourg d’Abidjan.Je leur ai proposé de faire un film où ils avaient le droit de tout faire et de tout dire. Alors nous avons improvisé un film (...) où on ramasse des éléments du réel et où une histoire se créé pendant le tournage."
Moi, un noir a marqué les cinéastes de la Nouvelle Vague par sa liberté de ton et de style. Le film de Jean Rouch est même considéré, encore aujourd'hui comme ayant fortement inspiré ce mouvement. Jean-Luc Godard a notamment expliqué au moment de sa sortie :
"André Bazin disait un jour que le plus beau film du monde, c'était l'expédition du Kon-Tiki, mais que ce film n'existait pas. En attendant "India 58" de Roberto Rossellini, voilà Moi, un Noir qui met déjà pas mal de points sur les "i" de toutes les idioties de la production cinématographique actuelle. (...) "Moi, un noir", c'est un Français libre qui pose librement un regard libre sur un monde libre. (...) Le metteur en scène de l'admirable Jaguar ne traque pas la vérité parce qu'elle est scandaleuse mais parce qu'elle est amusante, tragique, gracieuse, loufoque, peu importe. L'important c'est que la vérité est là."
Jean Rouch a commencé par passer six mois avec ceux qui allaient devenir les personnages de son film. Il leur a ensuite proposé de les filmer, ce qu'ils ont accepté. C'est dans une optique d'authenticité que le metteur en scène a voulu tourner avec des gens jouant leur propre rôle, même si une trame scénaristique (qui a été modifiée tout au long du tournage) avait été préalablement élaborée.