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    Pina
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Pina" et de son tournage !

    Oscars 2012

    Pina a été nommé dans la catégorie Meilleur documentaire aux Oscars 2012.

    Du documentaire à l'hommage

    Alors que Wim Wenders prépare depuis six mois déjà le tournage de ce documentaire avec Pina Bausch, la chorégraphe meurt soudainement en août 2009, deux jours avant le premier essai en 3D. Après avoir envisagé d'annuler son projet, le réalisateur décide, soutenu par la troupe, de le reprendre entièrement pour en faire un film "pour Pina Bausch".

    Une utilisation nouvelle de la 3D

    Pina, non content d'être un des premiers films européen en 3D, se veut le "premier film d'auteur en 3D". Il a donc fallu apprivoiser cette technologie inconnue, ce que raconte le producteur Gian-Piero Ringel : "Avec PINA, nous explorons un terrain totalement vierge, que ce soit du point de vue technique ou du point de vue du genre. Trouver des experts pour la conception technique et la réalisation a déjà été une gageure, car ils sont très peu nombreux (...) Nombreux sont les réalisateurs qui hésitent encore à travailler en 3D, parce qu’il n’y a pas encore de précédents qui aient rencontré le succès. Nous voulions être des pionniers de cet élargissement du langage cinématographique à la troisième dimension"

    Un tournage marathon

    Le tournage de Pina s'est fait en deux temps. D'abord, fin octobre 2009, des chorégraphies sur scène de l'artiste (sur des oeuvres musicales célèbres comme Le Sacre du printemps de Stravinski) ont été filmées en public à la fin de la tournée mondiale de la troupe. La 3D et le direct posant de grandes difficultés (il n'était pas possible d'interrompre les prises à la demande), la préparation en amont dut être intensive.

    Lors de la deuxième période de tournage, mi-avril 2010, l’équipe a filmé « Kontakthof », une des pièces de jeunesse de Pina Bausch, cette fois sans public. Wenders a filmé ce classique dans trois différentes distributions conçues par Pina Bausch l'une avec les danseurs habituels de la chorégraphe, une autre avec des hommes et des femmes de 65 ans et plus, et la troisième avec des adolescents. Ça n'est qu'après que la production a quitté l’espace limité du théâtre : les solides danseuses et danseurs ont été mis en scène dans des lieux publics, dans des paysages industriels, dans les grands espaces naturels du Bergisches Land et dans le monorail suspendu de Wuppertal. Sur le plan technique, ce deuxième tournage a été rendu possible grâce à un système de steadycam compact en 3D conçu spécialement pour le film.

    Paroles d'expert

    La réalisation de Pina a nécessité le savoir d'un expert en 3D, le stéréographe Alain Derobe, qui a mis au point un système spécial de caméras 3D montées sur grues. Car pour rendre la profondeur de l’espace, il était indispensable de rester près des danseurs et de les suivre : « Normalement, pour un film de danse, on placerait les caméras devant la scène, loin de ce qui s’y déroule », dit Alain Derobe. « Pour Pina, nous avons mis les caméras au milieu des danseurs. La caméra doit littéralement danser avec eux. C’est pourquoi tous les membres de l’équipe ont dû se familiariser avec les chorégraphies. Chacun devait savoir exactement vers où les danseurs allaient se diriger, afin que la caméra puisse les suivre ».

    Paroles d'expert, bis

    Le stéréographe Alain Derobe a été secondé par le superviseur 3D Francois Garnier, qui voit lui aussi dans la danse-théâtre en 3D un véritable défi : « Nous ne pouvons pas interrompre un danseur par un découpage trop rapide, il faut donc tourner des plans sensiblement plus longs. Le défi consiste donc à rester toujours le plus près possible avec la caméra, bien que le danseur ou la danseuse se déplace ». Malgré les difficultés, Garnier est convaincu par l’utilisation de la 3D : « Comme la danse est par essence un mouvement dans l’espace, il n’y pas de meilleur procédé que la technologie 3D pour la représenter. La 3D offre plus d’espace, plus d’action, plus de mouvement. L’impression de sensation physique est bien plus fort que toute réflexion intellectuelle. Avec la 3D, le cinéma atteint un niveau supérieur ».

    Regard d'auteur sur blockbuster

    Comme il se doit d'un réalisateur travaillant sur un film en 3D, Wim Wenders s'est plongé de près dans le film de James Cameron, Avatar, qui est devenu, une référence dans la technologie. Il parle de ce film: "Je l’ai regardé plusieurs fois et j’ai vite remarqué que les avatars animés par ordinateur avaient des mouvements d’une extrême élégance – la même élégance que je voulais pour nos danseurs. Mais les vrais humains qui se baladent dans Avatar, ils sont à peine regardables. Tous les défauts que nous avions relevés dans nos propres essais, on les retrouve dans Avatar. Dès qu’ils bougent, on voit trois ou quatre bras. Les mouvements ne sont pas coulés ni fluides. On ne s’en rend pas trop compte parce que le montage de Cameron est très rapide, mais dès qu’un de ses acteurs fait plus que quelques pas, c’est franchement moche. Ils avaient les mêmes problèmes que nous, sauf qu’en général ils pouvaient les camoufler plus facilement parce que leurs arrière- plans étaient générés par ordinateur. Alors que nous, nous voulions et devions tourner des images 100 % réelles. Il fallait que nos danseurs se déplacent de façon élégante et fluide ! Pour cela, nous avons d’abord dû trouver le moyen de ruser avec la technique de façon à retrouver un rendu naturel des mouvements."

    Une présence invisible de la 3D

    Avant même le tournage, le réalisateur Wim Wenders s'est défendu de rechercher la "performance" avec l'utilisation de la technologie 3D: "Même si nous avons absolument besoin de la troisième dimension, nous ferons en même temps tout notre possible pour que le spectateur, justement, oublie cette « conquête de l’espace ». L’effet relief ne doit pas attirer l’attention sur lui-même, mais se rendre aussi invisible qu’il se peut, afin de mettre d’autant mieux en évidence l’art de Pina"

    Petite histoire de Pina Bausch

    La chorégraphe Pina Bausch arrive à la tête de la danse au sein des théâtres de Wuppertal lors de la saison 1973-1974. Immédiatement, les réactions fusent par rapport à ce mélange de théâtre et de danse qu'elle a élaboré. Sur scène, ce ne sont pas que des danseurs que l'on observe puis que les interprètes parlent, chantent, parfois rient ou pleurent. Mais après la polémique, son travail est reconnu et finit par s'imposer. Et s'exporter même, la danse-théâtre devenant un genre en soi qui saura influencer des chorégraphes du monde entier, allant jusqu'à se ressentir dans le ballet classique et le théâtre.

    Pendant plus de 36 ans, Pina Bausch a imprimé sa marque à Wuppertal. Elle a créé une œuvre qui pose un regard intègre sur la réalité et nous donne en même temps le courage d’assumer nos souhaits et nos désirs. Son "Ensemble", riche de personnalités fortes et singulières qui ont eu le temps de bien comprendre la chorégraphe, tentera de garder ce cap à l’avenir.

    Des thématiques universelles

    La force de l'œuvre de Pina Bausch vient du fait qu'elle a toujours pris pour thème central un besoin universel : le besoin d’amour, de chaleur humaine et de protection. Elle élabora une méthode de travail ouverte qui pouvait intégrer les influences culturelles les plus diverses. Au gré d’excursions poétiques sans cesse renouvelées, elle a cherché ce qui nous rapproche de notre besoin d’amour et ce qui nous en éloigne. Ses pièces dansées se veulent un "théâtre du monde", qui ne prétend pas faire la leçon au spectateur, mais qui met en œuvre des expériences : des expériences heureuses ou tristes, douces ou conflictuelles, et souvent aussi étranges ou grotesques. Ce sont des scènes mouvantes et émouvantes de paysages intérieurs, qui explorent avec la plus grande précision ce qu’il en est des sentiments humains, sans jamais abandonner l’espoir que le besoin d’amour puisse être satisfait. L’espoir est l’une des clés de cette oeuvre tout autant que la proximité avec le réel, car les pièces se rapportent toujours à quelque chose que tout spectateur connaît et dont il peut faire l’expérience dans sa propre vie.

    Une émotion profonde

    Les spectacles de Pina Bausch ont eu un véritable effet sur Wim Wenders qui le raconte avec émotion: "Au bout de quelques instants j’avais déjà une boule dans la gorge et après quelques minutes d’un incroyable étonnement, j’ai simplement laissé libre cours à mes sentiments et je me suis mis à chialer sans retenue. Cela ne m’était encore jamais arrivé…"

    Un projet de longue date

    L'amitié de Wim Wenders et Pina Bausch avait vingt ans, et leur envie de travailler ensemble sur un "film dansé" était presque aussi ancienne. Mais les limites du cinéma empêcha le cinéaste d'obtenir l'impression qu'il désirait et le projet fit long feu. Il devint même sujet de plaisanteries entre les deux artistes. C'est l'arrivée de la technologie 3D numérique qui a apporté au réalisateur le langage esthétique capable rendre à l'écran la plasticité singulière de la danse-théâtre de la chorégraphe. Et c'est en voyant le concert filmé en 3D numérique U2 3D du groupe irlandais U2 (dont le leader Bono est aussi un ami de Wenders, le réalisateur réalisant même The Million Dollar Hotel d'après un scénario du chanteur) qu'il s'aperçoit du poU2 3Dtentiel de cette technologie.

    Résonance des oeuvres

    Wim Wenders n'est pas le seul grand réalisateur que l'on pourrait classifier d'"auteur" intéressé par la 3D. C'est aussi le cas de son compatriote Werner Herzog qui, lui aussi, va passer de la fiction au documentaire avec Cave Of Forgotten Dreams (même si Wenders a tourné de nombreux documentaires, c'est la fiction qui l'a fait connaître). Mais si le premier était intéressé par les corps et le mouvement, le second semble plus fasciné par la représentation de la matière puisqu'il utilise cette technologie pour un film sur les peintures rupestres de la Grotte Chauvet, en Ardèche.

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