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    La Conquête
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "La Conquête" et de son tournage !

    La composition parfaite de Denis Podalydès

    Les jeux d'acteurs de Bernard Le Coq, Florence Pernel et Samuel Labarthe

    Les bons mots et répliques bien senties des protagonistes

    L'occasion de revivre une période de l'histoire politique française

    Une première historique !

    C'est la première fois dans toute l'histoire du cinéma français qu'un film de fiction est réalisé sur un président de la République encore dans l'exercice de ses fonctions. Aux États-Unis, Oliver Stone avait déjà tenté le pari avec W. - L'improbable Président autour de George W. Bush, dont le second mandat n'était pas encore achevé au moment de la sortie du film.

    Un projet initial totalement romanesque

    Le projet de base pour les producteurs de La Conquête consistait en un film totalement différent. Ils ont imaginé une sorte d'uchronie débutant le jour de l'élection présidentielle de Sarkozy. Ce jour-là, il meurt dans un accident de voiture. La suite du film présente tout ce qui se passe en France durant les quarante jours qui suivent la mort de l'ex-futur président. L'idée fut vite abandonnée.

    Conserver les noms

    Pour s'attaquer à la conquête du pouvoir de Nicolas Sarkozy, l'équipe de production du film a décidé dès le départ de conserver les noms des personnages impliqués. Mais cela a suscité des difficultés liées à la légalité de ce choix, lequel a néanmoins pu être maintenu.

    Unité de temps

    Au moment de l'écriture de La Conquête, producteurs et scénaristes se sont mis d'accord pour contenir le récit en une journée, celle du second tour des élections présidentielles de 2007. Les cinq années précédentes, durant lesquelles Sarkozy fut constamment en situation de campagne, sont présentées sous forme de flashbacks.

    Un réalisateur nommé Durringer

    C'est le cinquième film de Xavier Durringer, qui a d'abord fait une carrière dans le théâtre. Ce cinéaste a notamment réalisé La Nage indienne, un drame sentimental, J'irai au paradis car l'enfer est ici, un polar ultra-violent et Chok dee, un film d'action dans lequel Bernard Giraudeau joue son dernier rôle au cinéma.

    De surprenants producteurs

    Eric et Nicolas Altmeyer sont les producteurs de La Conquête. Cela paraît assez étonnant quand on regarde leur filmographie, très éloignée jusqu'à présent des œuvres de politique-fiction. Ils ont produit entre autres Jet Set (1999), 3 Zéros (2001), Brice de Nice (2004), OSS 117, Le Caire nid d'espions (2005) et OSS 117 : Rio ne répond plus (2008) et plus récemment Potiche (2010)... Notons aussi La Possibilité d'une île (2007) de Michel Houellebecq, qui fut pour eux un retentissant échec commercial mais aussi personnel.

    Faire un film sur le marketing électoral...

    Eric et Nicolas Altmayer cherchaient d'ailleurs depuis longtemps à faire un film sur les nouvelles manières de faire de la politique: instantanéité de la médiatisation, exacerbation du marketing électoral et importance des rivalités personnelles. Leur objectif ? Dénoncer la façon dont le système politique se néantise et prévenir des dangers d'une telle dérive idéologique. A ce propos, les deux frères citent volontiers le théoricien Alexis de Tocqueville du XIXème siècle: "La politique n’est plus un débat d’idées, mais une foire d’empoigne où l’on réclame en permanence du pain, des jeux et des boucs émissaires."

    ... mais délicat à financer

    Difficile néanmoins de trouver des partenaires pour produire un film sur un président de la République encore en place... Eric et Nicolas Altmayer ont bien eu du mal à se doter de mécènes. La majorité des maisons de production et des chaînes de télévision se sont montrées très frileuses, à cause du phénomène de "patate chaude" que présentait un tel sujet. Explications des intéressés: "On a eu le sentiment de franchir la zone d’entrée d’un territoire dont tout le monde se méfie. Cela relève d’une forme d’autocensure dont le système français est très coutumier : on s’impose des limites dans des domaines où, a priori, il n’y a aucune raison de le faire. A tel point que pas mal d’amis m’ont demandé comment nous avions fait pour aborder un tel sujet. Et je leur répondais : pourquoi ne le ferions-nous pas ?"

    Patrick Rotman à l'écriture

    C'est l'historien et documentariste Patrick Rotman qui a écrit le scénario de La Conquête. Il est connu pour avoir tourné La Guerre sans nom (co-réalisé avec Bertrand Tavernier en 1991) sur les opérations militaires en Algérie entre 1958 et 1962, Été 44 (2004), sur la libération de la France et la fin de l'Occupation Allemande durant la Seconde Guerre Mondiale, Les Survivants en 2005, composé de témoignages de rescapés des camps de concentration nazis, le diptyque Chirac: Le jeune loup (1932-1981) et Chirac: Le vieux lion (1981-2006) en 2006, autour du long parcours politique de l'ancien président français, et 68 (2008) qui revient sur les événements survenus durant ce fameux mois de Mai. Rotman a aussi écrit le scénario de Nuit noire, sorti en 2004, qui est une reconstitution autour du tristement célèbre 17 octobre 1961 (durant lequel une mobilisation pacifique en faveur de l'indépendance de l'Algérie, organisée dans les ruelles parisiennes, a tourné au massacre de centaines de manifestants), et celui de L'Ennemi intime de Florent Emilio Siri réalisé en 2007 (sur les troupes françaises en Algérie et les tortures pratiquées sur les combattants algériens).

    Une documentation fournie

    Pour écrire le scénario de La Conquête, Patrick Rotman a récupéré des dizaines d'interviews qu'il avait faites lui-même, dont une de Nicolas Sarkozy. Il a épluché tous les articles de presse publiés entre 2002 et 2007 et a travaillé à partir d'une soixantaine de livres qu'il a lus et annotés. Rotman a pu ainsi croiser et recouper tout un ensemble d'anecdotes ou événements. Pour nourrir ses écrits scénaristiques, il a aussi rencontré des informateurs, protagonistes ou témoins. Digne d'un chercheur qui prépare un doctorat sur Sarkozy !

    "The Queen": la référence

    La Conquête propose des reconstitutions (désormais historiques) les plus fidèles possibles. Le film s'inspire en cela du travail réalisé pour The Queen de Stephen Frears (2006), œuvre de fiction sur la reine Elizabeth II d'Angleterre et sur l'ancien Premier Ministre Britannique Tony Blair. Le film de Frears s'avère en effet ultra-réaliste, à la limite du journalistique.

    Une situation shakespearienne

    La quête du pouvoir, la rivalité politique entre Chirac, Villepin et Sarkozy et les luttes intestines générées dans une même organisation, l'UMP en l'occurrence... Cela tient, comme le clame Xavier Durringer, d'un scénario à la Shakespeare. Ce qui a également captivé le réalisateur, c'est le drame amoureux qui s'est joué entre Nicolas Sarkozy et sa femme Cécilia. Mariée à l'ancien maire de Neuilly depuis vingt ans, Cécilia a été sa conseillère personnelle et s'est battue pour qu'il accède à la chancellerie suprême. Or, le destin a voulu que, une fois Sarkozy élu, sa femme le quitte pour aller vivre avec un autre homme. Il s'agit là d'un autre élément de dimension romanesque.

    Attention, ceci reste une fiction !

    Patrick Rotman insiste sur le fait que La Conquête est une œuvre de fiction et qu'une large partie des scènes a été inventée: "Il y a certes une vingtaine de situations qui sont proches de la réalité, comme les face-à-face entre Sarkozy et Chirac et les affrontements Sarkozy-Villepin. A l’inverse, bien des séquences sont de pures fictions. (...) Dans ce film tout se mélange donc, le vrai et le faux, le réel et l’imaginaire. Finalement, la fiction est une manière de dire le vrai avec du faux. La question n’est pas d’être exact, mais d’être vraisemblable."

    Axes de campagne

    Le réalisateur de La Conquête a souhaité privilégier 3 axes dans le récit du parcours de Sarkozy depuis 2003 à son élection un certain 7 mai 2007: ses rapports, plus que tendus, avec Jacques Chirac et Dominique de Villepin, son histoire personnelle et tourmentée avec Cécilia Sarkozy, et enfin sa gestion en tant que Ministre de l'Intérieur.

    L'homme de toutes les ambivalences

    Patrick Rotman et Xavier Durringer ont tenté de traduire les contradictions du personnage de Nicolas Sarkozy, avec son lot d'ambivalences et les réactions opposées qu'il suscite: il apparaît tantôt pathétique, tantôt odieux, parfois grandiose, souvent manipulateur ou encore très intuitif. Rotman indique à ce propos que "les hommes politiques sont des personnages profondément cinématographiques".

    Souci de psychologisation

    Les auteurs de La Conquête ont souhaité que leur film ne fasse pas l'éloge des personnalités politiques représentées. Leur objectif, au-delà de la réflexion sur la politique, est de proposer une psychologie de ceux qui agissent dans les arcanes du pouvoir. Derrière les enjeux politiques se cachent des enjeux émotionnels et affectifs. Ils souhaitent également s'interroger sur les raisons qui ont poussé la majorité des Français à voter pour Nicolas Sarkozy, y compris d'importantes factions de l'extrême droite.

    Humaniser le conquérant

    Nicolas Sarkozy apparaît dans La Conquête sous un visage humain, avec ses failles et sa vulnérabilité. Son obsession du pouvoir exige de nombreux sacrifices, parmi lesquels la séparation avec Cécilia. Patrick Rotman est resté attentif au portrait qu'il dresse afin de ne pas tomber dans la caricature ni dans l'empathie.

    Virulence des répliques

    De "Sarkozy sera mon dernier scalp" à "Pour me déloger, faudra y aller à l’arme blanche" en passant par "Il finira sur un crochet de boucher", voilà un échantillon des propos peu avenants que l'on entend dans La Conquête. Patrick Rotman revient sur ces répliques carabinées: "Pour la séquence où Villepin fait répéter à Chirac « Je décide, il exécute », c’est une scène totalement imaginaire mais empreinte de réalité : je sais que Villepin préparait effectivement Chirac pour certaines émissions de télévision, et j’ai la quasi certitude, par une source très proche, que Villepin est bien l’auteur de la formule. Tout comme il a vraiment dit « Je vais le baiser avec du gravier ». Il faut bien voir que les hommes politiques s’expriment le plus souvent comme cela. Du coup, j’ai été très attentif à retrouver ce registre de langue d’une grande violence qui va en surprendre plus d’un."

    Sarkozy, un talent d'acteur

    Xavier Durringer a cherché à étudier l'aspect "actoral" de Nicolas Sarkozy: "L’homme politique, dans son rapport aux médias et à la « peopolisation », était très proche des vedettes de cinéma ou de la chanson. Tout comme un artiste, il est coiffé, maquillé, habillé. On lui écrit ses discours, il les répète, il les joue. Puis la lumière est braquée sur lui, il est confronté à la foule qui l’applaudit et à la solitude avant d’entrer en scène. C’était important qu’on voie Sarkozy répéter devant des salles vides avant d’apparaître devant son public, ou se mettre littéralement en scène devant les journalistes pour y afficher sa tristesse ou son désarroi pour montrer aux Français qu’il est un homme comme les autres." Durringer insiste ensuite sur le fait que tout, absolument tout, est calculé, testé, dosé et maîtrisé pour émouvoir les électeurs. Une performance de comédien, en somme.

    Et Ségolène dans tout ça?

    Contrairement à ce que beaucoup imaginaient, Ségolène Royal n'apparaît pas dans le film. Les créateurs du film ont estimé que son personnage n'était pas nécessaire à l'évolution de l'intrigue.

    Casting très théâtral

    L'équipe artistique du film est composée d'une grande majorité de comédiens en provenance du théâtre. Le choix s'est fait non pas à partir de critères de ressemblance physique avec les vrais personnages mais sur la qualité du jeu d'acteur.

    Ils ont refusé de jouer Sarkozy !

    François Cluzet et Yvan Attal avaient été approchés pour incarner le rôle de Nicolas Sarkozy.

    Le Président Podalydès

    Pour se mettre dans la peau de Sarkozy, Denis Podalydès a visionné quantité d'images d'archive du président afin de s'imprégner de sa démarche physique, de sa gestuelle et de son élocution. Il s'est notamment passé en boucle l'émission "Cent minutes pour convaincre" présentée par Arlette Chabrot. Podalydès explique avoir tantôt coupé le son pour regarder le corps, tantôt fait abstraction du corps pour écouter la voix. Le travail d'imitation s'est fait par imprégnation lente et glissement progressif dans la peau du personnage. Xavier Durringer affirme à ce propos qu' "il s’est produit une alchimie extraordinaire : Podalydès avait une scansion, une rythmique et une gestuelle proches de Sarkozy, sans aller dans l’imitation ou la caricature. A partir du moment où sa voix était juste, je savais que son corps serait juste."

    A propos de la fameuse perruque

    Sur le tournage, Denis Podalydès, atteint de calvitie, a été coiffé d'une perruque mais ne bénéficie d'aucune autre prothèse. La moumoute qu'il porte a été confectionnée par des spécialistes. Ces derniers ont pris 1200 heures pour recréer avec exactitude la chevelure de Sarkozy. Dans un souci de ressemblance, ils ont souhaité respecter l'implantation précise des cheveux et la retombée du frisé.

    Un acteur de gauche incarne un président de droite

    Denis Podalydès, qui a toujours voté à gauche et soutenu Ségolène Royal en 2007, a dû se détacher de ses opinions politiques pour mieux se mettre dans la peau de son personnage. Plutôt que de chercher le réalisme strict pour apparaître comme un double de Sarkozy, il a opté pour un air de famille, une figure à mi-chemin entre lui et le rôle. En outre, l'acteur a mis en valeur l'humour dont fait souvent preuve l'homme politique au-delà de son tempérament souvent bouillant et vivace.

    Podalydès pressenti pour Mitterrand

    Avant de jouer Nicolas Sarkozy, l'acteur français avait été approché pour un projet de téléfilm politique, intitulé Un dîner en ville. Le titre fait référence à une soirée secrète qui a été véritablement organisée par Edith Cresson, membre du Parti Socialiste, au cours duquel François Mitterrand et Jacques Chirac échafaudèrent un plan pour faire échouer leur rival Valéry Giscard d'Estaing aux élections présidentielles de 1981. On avait proposé à Denis Podalydès de jouer le rôle de Mitterand, tandis que Jacques Chirac devait être joué par... Jean Dujardin ! Ce projet a finalement été abandonné.

    Dans la peau de la future ex-première dame

    Florence Pernel, qui interprète Cécilia Sarkozy, a elle aussi rassemblé un grand nombre de documents autour de son personnage: des articles, mais aussi un reportage d'Envoyé Spécial de 2002 à l'époque où son mari officiait Place Beauvau. L'actrice a aussi étudié les deux biographies qui ont été publiées sur Cécilia Sarkozy, La face cachée de l'ex-première dame écrite par Laurent Léger et Denis Demonpion, et Cécilia d'Anna Biton. Sur le tournage, Pernel a été teinte en brune et a porté des lentilles bleues.

    Cécilia, seule touche féminine

    La Conquête propose entre autres de mettre en lumière le personnage de Cécilia Sarkozy, qui fut la conseillère personnelle de son mari. Le futur président l'a consultée pour chacune de ses décisions et a tenu sans cesse compte de son avis personnel. Ce qui lui a valu de la jalousie et du mépris de la part des autres lieutenants de Sarkozy. Florence Pernel a voulu laisser transparaître la timidité et le malaise permanent de cette femme étouffée par les immenses responsabilités dont son mari avait la charge.

    Chirac coeur de lion

    Pour interpréter Jacques Chirac, Bernard Le Coq a analysé le documentaire intitulé Chirac: Le jeune loup / Chirac: Le vieux lion réalisé par... Patrick Rotman. Il a aussi observé les imitateurs de l'ancien président pour discriminer ses intonations de voix et ses mimiques.

    Une corde de plus à l'arc de Besnehard

    Dominique Besnehard, acteur habitué des seconds rôles (il joue dans Marche à l'ombre (1984), 37°2 le matin (1985), Un Indien dans la ville (1994), La Cité de la peur (1994), Didier (1996), Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre (2001), RRRrrrr !!! (2003)...), est également un agent artistique que les stars du cinéma français s'arrachent. Il a été en outre coach personnel de Ségolène Royal durant la campagne pour les élections présidentielles de 2007 mais s'est éloigné d'elle après de nombreuses prises de bec. Dans La Conquête, il joue Pierre Charon, l'énigmatique conseiller qui a œuvré dans l'ombre pour Nicolas Sarkozy durant ses années de campagne présidentielle. Un rôle symétrique de celui qu'il a lui-même tenu pendant quelque temps pour la candidate du Parti Socialiste.

    Des seconds rôles hyper-actifs

    Xavier Durringer a voulu reproduire les attitudes des protagonistes qui gravitent autour de Nicolas Sarkozy, et plus spécifiquement ses conseillers. Il a constaté à partir des documents et des archives que ces derniers sont toujours sur le qui-vive, en état d'alerte. Ils restent debout en permanence, alors que leur chef reste constamment assis de manière solennelle. Le cinéaste a également pris soin de diriger les figurants de façon cohérente, "comme s’ils voulaient faire corps avec Sarkozy". Avant d'ajouter que grâce à cette équipe de figurants au diapason, "Denis Podalydès sentait cette ferveur et pouvait s’en servir pour être galvanisé par la foule."

    Conseillers juridiques et spécialistes convoqués

    L'ensemble de l'équipe technique du film a veillé au respect de trois règles d'or que tous se sont imposés: respecter la présomption d’innocence du président (notamment dans le dossier Clearstream), préserver sa vie privée et s'abstenir de toute forme de calomnie. La réalisation de La Conquête fut suivie de bout en bout par des conseillers juridiques, afin que le film puisse être considéré légalement comme œuvre non diffamatoire. Pour coller au plus près de la réalité des événements, Patrick Rotman a également eu recours aux services de Michaël Darmon, journaliste de la chaîne I>télé et spécialiste de Nicolas Sarkozy depuis 2002 et son arrivée au ministère de l'Intérieur.

    Travail d'éclairage

    Xavier Durringer a souhaité s'écarter d'une esthétique trop documentaire pour proposer une vision inédite des coulisses du monde politique. De ce fait, il a examiné plus de 10 000 photos représentant Nicolas Sarkozy entre 2002 et 2007. Cela lui a permis d'étudier la lumière et la spatialité de lieux officiels tels que le Quai d'Orsay, la Place Beauvau, et bien sûr l'Élysée. Un long travail de 3 mois avec le chef opérateur Gilles Porte, en amont du tournage, a été nécessaire pour penser et configurer la photographie de La Conquête.

    Multiples lieux de tournage

    La Conquête a été tourné durant l'été 2010 dans des châteaux en région parisienne. Le palais des Congrès a été utilisé pour une reconstitution d'un congrès de l'UMP. L'équipe technique est allée également tourner certaines séquences à la Baule, en Loire-Atlantique.

    Recréation des décors

    Les décors ont été conçus par Eric Durringer, frère du réalisateur. S'il n'était pas possible de tourner dans les lieux authentiques, le chef décorateur s'est assuré de les reconstituer avec leurs plus importants détails (ex: la cheminée de l'Élysée, le bureau aux dorures particulières de Beauvau...). Les accessoires et les meubles qui étaient disposés sur les bureaux de Sarkozy, Chirac ou Villepin ont été eux aussi recréés à partir des photos que l'équipe du film avait à disposition.

    Un mot sur les costumes

    Ils ont été créés par Jürgen Doering qui a été proche collaborateur d'Yves Saint-Laurent. Il a fallu passer au crible d'innombrables photos pour savoir quels étaient les vêtements que porte tel ou tel personnage dans telle situation. Les producteurs ont décidé de racheter l'intégralité de la garde-robe de Sarkozy, de sa femme et de ses conseillers.

    Dans l'intimité des souverains

    Fait avéré, Nicolas Sarkozy a transformé les rapports entre monde politique et médias en procédant à sa propre starification, jusqu'à faire la couverture de magazines "people" en lunettes de soleil au bord d'une plage. Ces séquences que l'on connaît par le biais des paparazzi sont revisitées dans La Conquête par un cadrage rapproché. Le spectateur vit ainsi dans l'intimité de ces hommes de pouvoir, chose qui lui est refusée dans la vie de tous les jours.

    Un homme solitaire

    Xavier Durringer a voulu montrer une facette jusque-là peu visible de l'ancien ministre de l'Intérieur. Dans La Conquête, le personnage de Nicolas Sarkozy est renvoyé à sa propre solitude. Même s'il est toujours entouré, quelque que soit le lieu où il se trouve, il reste toujours seul face à lui-même. Ce qui en fait, selon Durringer, un héros définitivement shakespearien.

    Film politique, film noir, western ou comédie...?

    Pour La Conquête, Xavier Durringer a voulu emprunter les codes de différents genres. D'abord le film de gangsters, du fait que les hommes politiques sont toujours entourés de gardes du corps en costards et lunettes noires et font partie intégrante d'un système pyramidal: "Un peu comme dans Le Parrain, on est constamment dans le culte du secret où les portes-flingues et autres lampistes sont prêts à tomber pour protéger le chef, au nom d’un certain code de l’honneur", explique le cinéaste. Ensuite le western avec des gros plans à la Sergio Leone sur les visages des protagonistes: "On se flingue ici à coups de petites phrases assassines et de déclarations lapidaires". Enfin la comédie, suscitée par les répliques à la Michel Audiard, spécialiste du genre: "Ces dialogues qui résonnent sous les lambris dorés de la République, dans des situations parfois dramatiques, donnent au film énormément d’humour".

    En toute confidentialité

    L'équipe technique, soucieuse d'éviter toute forme d'ingérence politique sur le tournage, a pris de nombreuses précautions. Le film a été tourné de manière quasi-confidentielle, de façon à ce que l'entourage du président ne puisse pas assister au tournage ni mettre la main sur le scénario. D'autre part, aucun des acteurs n'a rencontré le personnage qu'il est censé interpréter. Néanmoins, le Canard Enchaîné a révélé très tôt l'existence d'un projet cinématographique sur Nicolas Sarkozy. Eric et Nicolas Altmayer supposent que "l’Elysée a dû se dire qu’un interventionnisme politique trop frontal remettant en question la liberté d’expression aurait été lourd de conséquences."

    Réactions des intéressés

    Franck Louvrier, directeur de la communication de Sarkozy depuis 2005, a découvert le projet cinématographique par pur accident. D'abord surpris puis curieux, il a su que Mathias Mlekuz allait l'incarner à l'écran. Louvrier a donc regardé la série télévisée Avocats & Associés sur France 2 pour y découvrir l'acteur qui joue son personnage. Lorsqu'on l'interroge sur les possibles écarts entre les faits et le film, l'expert des médias estime que c’est "la rançon du succès", avant de conclure : "Ces moments qu’on a vécus appartiennent maintenant aux livres d’histoire".

    Piovani à la baguette

    Nicola Piovani a tout de suite été sollicité pour composer la bande originale de La Conquête. C'est Xavier Durringer qui a fait appel à lui, pour créer "une musique qui crée une distance par rapport à l’action, (...) un contrepoint baroque, proche du cirque et de l’opéra, qui évoque la théâtralité de la vie politique et qui ait une dimension quasi burlesque. Car Sarkozy a un côté chaplinesque dans ses tics et sa démarche presque boiteuse". Piovani a collaboré aux trois derniers films de Frederico Fellini, Ginger et Fred (1985), Intervista (1987) et La Voce della luna (1990). Il a également écrit la musique pour Le Saut dans le vide (1979) de Marco Bellocchio, Good morning, Babylon (1987) de Paolo et Vittorio Taviani, Jambon, Jambon (1992) de Juan José Bigas Luna, La Vie est belle (1998) de Roberto Benigni, Journal intime (1994) et La Chambre du fils (2001) tous deux de Nanni Moretti. Depuis quelques années, ce musicien compose pour des films français comme Fauteuils d'orchestre (2005) de Danièle Thompson, Je vais bien, ne t'en fais pas (2006) et Welcome (2008) de Philippe Lioret.

    Montage bien gardé

    Aucun membre de l'équipe technique n'a vu le film sous sa version définitive. Seules les deux premières minutes de La Conquête ont été projetées publiquement durant le congrès de la Fédération Nationale du Cinéma Français.

    Les opinions resteront les mêmes

    Patrick Rotman et Xavier Durringer affirment que La Conquête n'est aucunement un pamphlet, un tract politique de dénonciation, une œuvre à charge ou un panégyrique. "Le spectateur ne changera pas d’opinion politique après avoir vu le film !", certifie le scénariste.

    Rencontre fortuite dans un couloir du palais...

    Nicolas Sarkozy et Denis Podalydès se sont rencontrés dans un couloir de l'Elysée peu avant la sortie du film. Le président a demandé à l'acteur s'il a pris du plaisir à jouer son rôle, ce à quoi Podalydès a répondu par l'affirmative. Le comédien lui a néanmoins précisé qu'il était de gauche, avant d'ajouter: "Si quelque chose dans mon jeu penche dans un sens (ne votez pas pour Sarkozy) ou dans un autre (votez pour lui), j'aurai manqué mon coup". Sarkozy lui a expliqué en outre qu'il n'aimait pas le pouvoir mais qu'il aimait l'exercer.

    Une affiche cocasse

    L'affiche officielle de La Conquête s'inspire d'une séquence du film: durant l'enregistrement d'un clip de campagne, le personnage de Sarkozy tente de s'asseoir sur un tabouret beaucoup trop élevé pour sa taille. Énervé, il invective ses conseillers en rouspétant: "Qui est-ce qui m'a foutu un truc aussi haut ? C'est pour De Villepin ou quoi?" cocasse

    Présenté à Cannes

    La Conquête a été présenté Hors Compétition au Festival de Cannes 2011.

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