Meurtre en suspens présente comme principale particularité de se dérouler en temps réel, l'action se déroulant durant 90 minutes continues. Procédé utilisé avec brio par Anthony Mann dans La rue de la mort, Alfred Hitchcock dans La Corde ou Fred Zinnemann dans Le Train sifflera trois fois, il a ici été proposé par le scénariste Patrick Sheane Duncan. Cela afin de conférer au long métrage un maximum de réalisme et de donner au suspense l'aspect d'un compte à rebours oppressant.
Filmer en temps réel, en continuité et en décors naturels permit à John Badham de signer avec Meurtre en suspens un polar quasi-documentaire, très réaliste. "Les acteurs sont à peine maquillés et filmés caméra à la main pour donner aux situations un maximum d'urgence et de réalisme", raconte l'américain. "J'ai voulu donner au spectateur l'impression d'une rencontre à l'improviste avec un homme entraîné dans une situation aussi dramatique qu'imprévisible."
Insistant sur la notion de réalisatio en temps réel, Badham explique que cela "impose des contraintes particulières. Vous ne pouvez plus vous permettre les ellipses traditionnelles, consistant par exemple à abandonner un personnage le temps qu'il monte un escalier ou quitte son bureau. Il faut coller en permanence au héros, tout en maintenant un rythme d'enfer."
Meurtre en suspens plonge un homme ordinaire dans le plus terrible des cauchemars : il doit liquider une femme innocente sous peine de voir sa fille mourir. Pour le réalisateur John Badham, le film met en scène l'une de ces histoires qui semblent invraisemblables mais qui font pourtant régulièrement l'actualité. "La presse rapporte chaque matin des faits divers tragiques, invraisemblables, et pourtant bien réels. Ces histoires qui défient l'imagination démontrent amplement que la réalité est encore plus étrange que la fiction", explique le cinéaste. "Les gens qui mènent une vie routinière s'attendent à ce que les jours se suivent et se ressemblent. Mais il se produit quotidiennement des événements inattendus, choquants et profondément déroutants. Telle est la situation que vit ici Gene Watson, un homme ordinaire, prisonnier de circonstances extraordinaires et inextricables. Son drame pourrait aussi bien vous arriver."
C'est le britannique John Badham que l'on retrouve à la réalisation du polar Meurtre en suspens. Etonnant lorsque l'on sait que, formé à la télévision, il s'est révélé en réalisant la comédie musicale La Fievre du samedi soir. Dôté d'un savoir-faire indéniable, John Badham a rapidement démontré sa capacité à toucher à tous les genres, du film de science-fiction (War games) à la comédie (La Manière forte, Comme un oiseau sur la branche) en passant par le film d'action pure (Drop Zone). Ayant abandonné le septième art depuis maintenant quelques années, l'anglais est désormais plus concentré sur la réalisation de programmes télévisés.
Meurtre en suspens représente un virage dans la carrière de Johnny Depp. Avec ce thriller haletant, il délaisse les personnage de doux rêveurs fragiles et immatures qui le rendirent célèbre sur grand écran dans Ed Wood, Benny & Joon ou encore Edward aux mains d'argent. Meurtre en suspens le plonge dans une réalité difficile et le pousse à se battre, comme l'explique l'acteur lui-même : "Mon personnage est ballotté à tout moment entre des émotions extrêmes et contradictoires. Il fallait donc lui trouver un centre de gravité, l'ancrer dans une réalité tangible. J'ai puisé pour cela dans ma propre expérience, et d'abord dans l'attachement que j'éprouve pour les membres de ma famille. J'adore mes neveux et mes nièces. Je crois que je deviendrais fou s'il leur arrivait malheur et je serais prêt à tout pour les sauver."
Johnny Depp et Christopher Walken, les deux principaux acteurs de Meurtre en suspens, se retrouveront à nouveau sur une même affiche en 1999 dans Sleepy Hollow, la légende du cavalier sans tête, conte fantastique mis en scène par Tim Burton.
La majeure partie du tournage de Meurtre en suspens s'est déroulée à huit-clos, dans l'enceinte de l'Hôtel Westin Bonaventure de Los Angeles, du 2 avril au 19 juin 1995. L'établissement, qui est le plus grand hôtel de la ville dédié aux congrés et aux conférences, a déjà été employé pour quelques gros succès du septième art comme Dans la ligne de mire ou L' Arme fatale 2.
Afin de renforcer l'impression d'urgence que dégage Meurtre en suspens, et dans la volonté de mettre encore plus en valeur le procédé de réalisation en temps réel, l'équipe du film a trouvé judicieux de disséminer des horloges un peu partout dans la hall de l'Hôtel Westin Bonaventure.
Producteur exécutif de Meurtre en suspens, D.J. Caruso est un fidèle collaborateur de John Badham. Il a en effet officié en tant que producteur de quatre autres de ses films : La Manière forte, Nom de code : Nina, Indiscrétion assurée et Drop Zone. En 2002, D.J. Caruso se lance dans la réalisation avec Salton sea, film noir porté par Val Kilmer.