En espagnol, No pasarán signifie "ils ne passeront pas". Cette phrase a été prononcée par les partisans de la République Espagnole en lutte pendant la guerre civile espagnole (de 1936 à 1939) contre les nationalistes rebelles du général Franco. Le slogan est associé à Dolores Ibárruri Gómez, la Pasionaria qui l'a proclamé dés le premier jour de la lutte dans un discours radio-diffusée, puis dans Madrid assiégée quelques mois plus tard. Devenue le cri de ralliement des républicains espagnols puis symbole de la résistance anti-fasciste, cette phrase aurait été prononcée la première fois en français par le général Robert Nivelle, lors de l'offensive allemande sur Verdun, en 1916. Elle est aujourd'hui reprise dans divers contextes. En France, le réseau "No Pasaran" est un groupe anti-fascistes libertaire.
No pasaran a été tourné dans le département de l'Ariège, plus précisément dans la vallée du Vicdessos, dans les environs de Saint-Girons dans le Couserans, et à Foix. Le Retour de Martin Guerre Daniel Vigne avait également été tourné dans le coin en 1982. De même L'Auberge rouge avec Josiane Balasko en 2007. Le petit village de Miglos en Haute Ariège, comptant 107 habitants, a accueilli l'équipe du film sur quelques mois. Les habitants ont été très présents sur le tournage du film, notamment lors de la scène de l'enterrement où le village est devenu plateau de cinéma. Une partie de l'action s'est également déroulée dans le garage Renault, le patron de la concession Rémi Peyrot, ayant accepté de prêter les locaux. "Cela change de l'ordinaire et crée de l'ambiance. C'est un plaisir d'accueillir des personnes d'une autre profession pour voir comment ils travaillent. Cela met du baume au coeur de mes collaborateurs. J'en ai plusieurs qui jouent comme figurants. Et puis ça fait de la publicité pour le site et la région", confie t-il. Tous les employés ont été d'ailleurs invités à manger avec la production et les comédiens à midi. Une femme de 93 ans a également joué la comédie pour la première fois. Philippe Huertas, producteur de noisettes sur Foix et Pascale Diemert, elle aussi bien connue sur la ville, ont fait de la figuration, devant attendre toute une journée pour une expérience qui reste selon eux "unique" et "intéressante. Au total, une dizaine d'ariégeois originaires de Lavelanet, Foix, Tarascon et du Couserans, ont été recrutés en qualité d'intermittents du spectacle, pour la régie, les décors, la mise en scène et la logistique: "Nous avons eu la volonté de faire travailler le maximum de gens sur place. C'est un échange de bons procédés. Nous dérangeons tout le monde, nous renvoyons donc l'ascenseur socialement", indique un des responsables du tournage.
Oeuvre de fiction, No Pasaran n'est pas sans évoquer la construction dans la belle vallée d'Aspe de la Nationale 134 et du tunnel du Somport. Originaire de la région, Eric Martin avait à l'époque participé activement à la lutte anti-route. Sans vocation militante, les réalisateurs se sont inspirés de ce fait qui pouvait arriver partout pour leur comédie, qui se veut avant tout surréaliste.
Bernard Blancan, qui a obtenu un Prix d'interprétation à Cannes pour son rôle dans Indigènes de Rachid Bouchareb, a particulièrement apprécié l'Ariège, un département qu'il ne connaissait pas. Il a accepté ce rôle de " grande gueule " qui changeait de ses rôles habituels de personnages plus discrets.
Même si le but du film est de "poser le problème et non d'apporter des réponses", comme le souligne le réalisateur Emmanuel Caussé, les acteurs se sont en général beaucoup impliqués dans le projet. La parole circulant librement sur les lieux, l'enthousiaste Rossy de Palma s'est en outre insurgée sans réserve contre "ceux qui critiquent le système et qui en profitent", tout en voulant abolir toutes les frontières : "Les seules qui existent réellement entre deux pays ne sont que gastronomiques", lance-t-elle. "On ne mange pas pareil d'un pays à l'autre. Sinon, il n'y a aucune différence, seule la nature crée des barrières". Un franc-parler caractéristique de celle qui se qualifie elle-même d'"anarcho-taoïste".
Murray Head, célèbre pour son rôle dans Un dimanche comme les autres de John Schlesinger, s'est beaucoup investi dans ce film, qui lui permettait d'exprimer "beaucoup de choses en lui". En colère contre les multinationales et contre la destruction de l'environnement, à cause du sentiment d'impuissance "face à ceux qui décident à notre place", l'acteur anglais a pris un grand plaisir à participer à ce projet, qui lui a permis de dire haut et fort toutes ses colères sur les pressions des pouvoirs politiques et économiques sur les vies des hommes: "un petit trésor à la fin de l'été" [qui a connu] "une vraie influence de l'environnement ariégeois sur la famille constituée par l'équipe", commente t-il en parlant du film. Le chanteur-comédien s'est d'ailleurs installé dans les Pyrénées afin de se ressourcer entre deux tournées.
Julia, l'ours qui s'arrête à un feu rouge avant de passer dans le tunnel, est un grizzly d'Amérique du Nord, né en 2000 dans un parc zoologique de Belgique. Mesurant 1, 80 m et pesant 200 kg, il est selon Frédéric Chéneau, son dresseur, "un ours exceptionnellement gentil et affectueux". En complète liberté, avec juste un parc électrifié autour, l'animal a été présent une journée sur le tournage, des temps de pause ayant été aménagés pour qu'il se repose entre les prises.