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    4 mois, 3 semaines, 2 jours
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "4 mois, 3 semaines, 2 jours" et de son tournage !

    4 mois, 3 semaines, 2 jours... et 1 Palme

    4 mois, 3 semaines et 2 jours a été couronné de la Palme d'or du 60ème festival de Cannes, remise au cinéaste par Jane Fonda. Le jury était présidé par Stephen Frears. Le film a également reçu le Prix de la FIPRESCI (critique internationale) ainsi que le prix de l'Education Nationale. Le cinéma roumain a décidément le vent en poupe, comme en témoigne le nombre de récompenses glanées par cette cinématographie sur la Croisette au cours de ces dernières années. Tout commence en 2004 avec la Palme d'or du court métrage décernée à Trafic de Catalin Mitulescu, réalisateur qui présentera en 2006 son premier long, Comment j'ai fêté la fin du monde, film qui vaudra à l'actrice Dorotheea Petre le Prix d'interprétation décerné par le jury Un Certain Regard. Dans cette même section, en 2005, La Mort de Dante Lazarescu de Cristi Puiu obtient le Prix du Meilleur film. Et en 2006, la très convoitée Caméra d'Or revient à 12h08 à l'est de Bucarest de Corneliu Porumboiu (sélectionné par la Quinzaine des Réalisateurs). Le sacre de Cristian Mungiu en 2007 vient confirmer et amplifier cette tendance. Ajoutons que cette même année, le prix Un Certain Regard est également revenu à un cinéaste roumain, Cristian Nemescu, décédé peu après le tournage de son film, California Dreamin'.

    Les intentions du cinéaste

    "4 mois, 3 semaines et 2 jours est avant tout une histoire de choix personnels. C'est aussi une histoire sur les conséquences subtiles et souvent invisibles de l'endoctrinement. Elle parle d'amitié, de responsabilité et d'amour. Mais c'est principalement une histoire sur l'avortement, à une époque où cela était considéré comme un acte de liberté et de protestation contre le régime communiste qui interdisait l'avortement afin d'augmenter la main d'oeuvre disciplinée. Je m'en souviens très clairement, j'avais vingt ans : l'avortement n'était pas un problème moral - le plus gros souci était que l'on pouvait se faire prendre. Il arrivait souvent que les femmes meurent au cours de l'opération mais nous y pensions le moins possible. Nous étions si jeunes."

    L'avortement : un "acte de rébellion" ?

    Cristian Mungiu revient sur le contexte historique : "En 1966, une loi interdisant l'avortement est instaurée en Roumanie. L'effet fut immédiat : dès 1970, il y avait quatre nouvelles générations d'enfants, des générations plus nombreuses que celles d'avant 1966. Le nombre d'enfants dans une classe est passé de 28 à 36, et le nombre de classes dans les écoles est passé de 2 à 10. Quand je suis entré à l'école, nous étions sept Cristian dans la classe - même les prénoms n'étaient plus suffisants pour tous les enfants. Rapidement, les femmes commencèrent à avoir recours aux avortements illégaux. Avec la fin du communisme, les sources faisaient part de plus de 500 000 femmes mortes à cause de cela. Dans ce contexte, l'avortement perdit toute connotation morale, et fut plutôt perçu comme un acte de rébellion et de résistance contre le régime. Après 1989, une fois le régime communiste tombé, l'une des premières mesures prises dans le pays fut le rétablissement de la légalité de l'avortement. Pendant des années, près d'un million d'avortements par an ont été pratiqués, ce qui représentait le chiffre le plus élevé en Europe. Aujourd'hui, l'avortement est encore utilisé comme un moyen de contraception - plus de 300 000 cas sont recensés chaque année."

    3 semaines... de réflexion

    Au Festival de Cannes, 4 mois, 3 semaines, 2 jours reçoit le Prix de l'Education Nationale, décerné par un jury composé entre autres de professeurs. Les films qui obtiennent cette distinction (Marie-Antoinette en 2006, Cinéma, aspirines et vautours en 2005, La Vie est un miracle en 2004, Elephant en 2003) font l'objet d'une édition DVD (accompagnée de matériel pédagogique) envoyée dans les établissements scolaires. Ce jury était cette année présidé par la comédienne Bernadette Lafont. Mais le 6 juillet 2007, le Ministre de l'Education Nationale déclare qu'il refuse de financer la diffusion de ce DVD en raison de la "dureté", une décision vivement critiquée par La Ligue des Droits de L'Homme et la Société des Réalisateurs de Films, qui estiment que l'Etat cède à la pression du lobby anti-avortement. La polémique s'achève le mercredi 25 juillet, la Commission de classification des oeuvres cinématographiques attribuant au film la mention "Tous publics". Dès lors, plus rien ne s'oppose à la diffusion de 4 mois, 3 semaines, 2 jours dans les lycées et collèges.

    Le Vatican choqué

    Au moment de la sortie de 4 mois, 3 semaines et 2 jours dans les salles italiennes, le Vatican, par l'intermédiaire de son journal l'Osservatore Romano a tenu à faire part de son indignation en critiquant les "macabres rituels de la folie humaine" montrés dans ce film : "A présent que le recours excessif aux scènes de sexe a épuisé le potentiel d'attraction (du public), un nouveau coup bas est infligé à la dignité du spectateur, avec ce film récompensé par la Palme d'Or : un signal dramatique d'un retour à la barbarie, individuel comme collectif, de nos consciences (...). On parle avec désinvolture de foetus comme s'il s'agissait de choses, d'objets, et non pas d'êtres humains, appelés à la vie puis martyrisés, trucidés et jetés à la poubelle".

    Goodbye Ceaucescu ?

    L'action du film se situe en 1987, soit deux ans avant la fin du régime de Ceaucescu. Cristian Mungiu évoque le travail de reconstitution : "Je voulais que la période ne soit que le contexte et non pas le sujet du film. J'ai essayé de respecter et de re-créer la réalité autant que possible sans pour autant me focaliser sur les stéréotypes et les repères de la fin de l'ère communiste. Les objets de cette époque sont tous là, dans le film, mais en arrière-plan : le bus qui passe en pétéradant, la Lastun, voiture roumaine qui ressemblait à un fer à repasser, les coffres de pacotille, les murs recouverts de livres. Les habitudes sont là aussi : le paquet de Kent était bien plus important que l'argent avec lequel on le payait, on ne pouvait rien résoudre sans cela."

    Le choix d'Anamaria

    Saluée à Cannes par tous les festivaliers pour sa prestation, l'actrice Anamaria Marinca (qui joue le rôle d'Ottila) n'était pourtant pas un choix évident. D'une part, il a fallu payer un billet d'avion pour la faire venir de Londres simplement pour passer des essais. La jeune actrice roumaine, lauréate d'un Bafta (équivalent anglais des César) pour son rôle dans le téléfilm Sex Traffic s'est en effet installée dans la capitale britannique. D'autre part, en la voyant à son arrivée à l'aéroport, le cinéaste a jugé qu'elle ne correspondait pas du tout au personnage. Et c'est seulement le lendemain, au cours de lectures, qu'il a été convaincu : "Le changement était incroyable -mon personnage était en train de s'exprimer à travers ses lèvres comme si elle était possédée."

    Naturellement...

    Soucieux d'authenticité, Cristian Mungiu a tenu à travailler en décors réels (notamment pour la scène de la négociation dans la chambre d'hôtel), et a privilégié les longs plans séquences. Il en va de même pour le travail avec les comédiens : dans un premier temps, le cinéaste leur demande de connaître le texte par coeur, puis il procède à des modifications, à des suppressions afin que les dialogues soient dits avec le maximum de naturel. "L'équipe du son me déteste, j'encourage davantage à murmurer si cela les aide à exprimer leur texte plus naturellement que de jouer avec une voix déformée qui peut être enregistrée. S'il y a quelque chose dont je suis parfaitement satisfait dans ce film, c'est du jeu des acteurs", confie-t-il.

    Père absent

    La première version du scénario, plus longue, comprenait notamment une séquence qui a été tournée, mais coupée au montage : la visite du père de Gabita (la jeune fille enceinte). Cette scène a été supprimée, explique le réalisateur, "en faveur d'une certaine cohérence narrative". Otilia, l'amie de Gabita, s'est en effet imposée comme le personnage principal du film.

    Une dent contre lui

    Cristian Mungiu avait souhaité engager Laura Vasiliu (qui joue le rôle de Gabita) dès son premier film, Occident, mais celle-ci portait à cette époque un appareil dentaire qu'elle refusait d'enlever... Ils ont ensuite travaillé ensemble sur des publicités.

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