Zack Snyder décrit son film comme "un film d'évasion, au sens propre et figuré. Il montre comment l'esprit peut ériger une barricade quasi infranchissable entre l'imaginaire et la réalité, et jusqu'où nous sommes prêts à aller et quels sacrifices nous sommes enclins à faire pour nous tirer d'une situation difficile."
Sucker Punch est le premier film de Zack Snyder qui ne s'inspire pas d'une œuvre déjà existante. En effet, alors que L' Armée des morts est le remake d'un film de 1964, 300 et Watchmen sont des adaptations de romans graphiques et Le Royaume de Ga'Hoole - la légende des gardiens celle d'un roman fantastique pour enfants. Deborah Snyder, productrice de Sucker Punch et compagne de Zack Snyder, déclare : "C'était très libérateur pour Zack de travailler sur un projet à propos duquel personne n'avait d'attente. Il pouvait donc aller dans la direction qu'il souhaitait, en toute liberté, et même si l'intrigue a évolué au fil du temps, le film raconte, depuis le début, l'histoire de cette jeune femme, Babydoll, qui, à force d'affronter l'adversité, finit par se réfugier dans un monde imaginaire pour faire face."
Le projet de Sucker Punch remonte à plusieurs années. Zack Snyder avait écrit une nouvelle dont Babydoll était l'héroïne. Après avoir étoffé ce texte, il a fait appel à son ami Steve Shibuya pour co-écrire le scénario du film : "Avec Steve, on a développé tous les enjeux dramatiques." "Quand Zack a fait appel à moi, je me suis dit que ses idées étaient très audacieuses," confie Shibuya. "Il voulait faire un film aux scènes d'action d'une grande liberté, disposer d'un espace quasi infini pour ses différents univers, et repousser les limites des séquences de bataille, tout en racontant l'histoire d'une jeune femme qui combat ses propres démons et tente de se racheter."
Zack Snyder revient sur ses sources d'inspiration : "Je suis influencé par l'heroic fantasy et des magazines comme "Heavy Metal". Sucker Punch mêle ces sources d'inspiration à la série La Quatrième dimension et aux livres de Richard Bach." Quant au chef-costumier Michael Wilkinson, il explique : "Je me suis inspiré de plusieurs époques, de tas de sources différentes – qu'elles soient historiques ou liées à la pop-culture – et qu'il s'agisse de vidéo clips et de jeux vidéo ou encore de peintures religieuses du XVIème siècle." Autre influence, le personnage d'Amber conduit un véhicule blindé, qui renvoie au Meka (ou mecha), sorte de char d'assaut humanoïde tout droit sorti de l'anime japonaise.
Ne vous fiez pas à son nom, Babydoll est une dure à cuire ! C'est d'ailleurs ce qui a séduit la jeune comédienne Emily Browning qui incarne l'héroïne de Sucker Punch. Elle confie au sujet de son rôle : "Je crois que les personnages qui peuplent ses fantasmes symbolisent son vécu et l'oppression qu'elle a subie toute sa vie. Elle a une vision un peu manichéenne des gens qui l'entourent : il y a, d'un côté, les 'méchants' comme son beau-père et les monstres de son imaginaire et, de l'autre, les 'gentils' comme le Sage – une sorte de père idéal, fort mais aussi affectueux et capable de la conseiller et de l'aider à prendre de bonnes décisions." Zack Snyder ajoute : "Babydoll incarne la transition entre l'enfance et l'âge adulte, moment où sa perception du monde change. C'est une guerrière, à la fois fragile et forte, et Emily campait vraiment tous ces traits de personnalité que j'avais envisagés pour Babydoll. Elle a un côté mystique, atemporel, et mystérieux qui donne vie au personnage."
Dans sa quête de liberté, Babydoll entraîne d'autres filles internées dont Rocket (Jena Malone) et sa grande sœur Sweet Pea (Abbie Cornish), chef du "clan" qui se sent menacée par l'arrivée d'une petite nouvelle. Pour Malone, Rocket est "très libre dans sa perception du monde, mais ce n'est pas forcément une bonne chose d'éprouver un tel sentiment de liberté dans son monde intérieur, et d'y rester insensible. Elle risque de souffrir d'un excès d'assurance, ou d'avoir – en apparence – trop confiance en elle." Quant à l'Australienne Abbie Cornish, elle s'est tout de suite sentie proche de son personnage pour son côté protecteur mais reconnaît que Sweet Pea est timorée : "Elle sait comment fonctionne la discipline dans ce monde et ce qu'elle doit faire pour rester en vie. Je crois qu'elle pense vraiment qu'en gardant le profil bas, en travaillant dur et en faisant ce qu'on leur dit de faire, elles pourront se tirer de là. La perspective même de s'évader – et les conséquences que cela implique – l'effraient plus que Rocket".
Contrairement à ce que pourrait laisser croire son nom, Blondie est interprétée par Vanessa Hudgens et ses cheveux noirs de jais : "Blondie est adorable, même si elle est un peu angoissée et qu'elle se laisse parfois dominer par la peur. Elle se comporte par moments en 'blonde', mais quand elle est en pleine action, c'est une vraie teigne !" Bien loin de son rôle de High School Musical, la jeune actrice était ravie de jouer dans un film d'action, où les rôles féminins se font rares : "C'est une expérience inoubliable (...) et je ne remercierai jamais assez Zack de m'avoir choisie."
Amber (Jamie Chung) est celle sur qui les autres filles comptent au cours de leur mission : "Qu'il s'agisse d'un hélicoptère, d'un Meka ou d'un B-25, son boulot consiste à faire en sorte que ses camarades puissent remplir leur mission sur terre, et dans les airs, et puissent être rapatriées en toute sécurité une fois leur mission accomplie. Elle veut absolument faire bien son boulot, car sinon tout risque de tourner à la catastrophe, et elle tient beaucoup trop aux autres pour les laisser tomber", explique la comédienne.
Le seul personnage vraiment capable d'aider les filles est le Sage qui "représente la voix de la conscience. C'est cette petite voix qu'on aimerait écouter plus souvent. Le Sage est le mentor qui donne de l'énergie aux héroïnes", explique Zack Snyder. C'est Scott Glenn, vu dans Apocalypse Now et Le Silence des agneaux, qui a été choisi : "l'humour et la distance que Scott a donnés au personnage est exactement ce que je recherchais." C'est le mélange des genres qui a séduit le comédien : "Il y a de l'action, de l'aventure, de l'humour, du suspense et de la sensualité," signale-t-il. "Mais ce qui m'a vraiment plu, c'était la perspective de jouer un personnage à différentes époques et dans plusieurs univers. Je me balade ainsi dans le Japon du XVème siècle, pendant la Première guerre mondiale, ou sur une planète extraterrestre dans le futur… Toujours est-il que le Sage est un guide pour les filles et le spectateur, comme une sorte de moine guerrier."
Pour le film, les cinq actrices ont suivi un entraînement physique auprès de Damon Caro et Logan Hood cinq semaines avant le début du tournage. Tandis que Caro, chef cascadeur et chorégraphe des combats, leur apprenait les bases des arts martiaux et des combats, Hood était chargé de leur bonne condition physique. Pour travailler leur endurance et leur souplesse et augmenter leur force physique, les filles pratiquaient la gymnastique suédoise, le lancer de poids, le saut de haie et faisaient des tractions, des pompes, des étirements, ... Une préparation physique qui a forcé les comédiennes à repousser leurs limites : "Je suis très active : je cours, je fais du sport, mais je n'en étais jamais arrivée au point de ne plus sentir mes bras," déclare Jamie Chung. "(...) Grâce à cet entraînement, on s'est senties beaucoup plus sûres de nous, et que cela nous a permis de découvrir des choses sur nous qu'on n'imaginait pas, à la fois sur le plan physique et mental" ajoute Vanessa Hudgens.
Pour combattre leurs redoutables adversaires, les héroïnes de Sucker Punch ont à leur disposition plusieurs armes, telles des fusils de combat automatiques M4, des mitraillettes et mitrailleuses, des pistolets Remington de calibre 12, des armes à platines à silex, des armes de poing, des baïonnettes datant de la Seconde guerre mondiale, des épées et un tomahawk (hachette amérindienne). L'arme la plus complexe du film est celle de Babydoll qui possède un sabre, plus précisément une arme wakizashi, un sabre japonais courbe dont se servaient les samouraïs pour se battre dans des lieux clos et qui est aussi utilisé lors du seppuku (suicide rituel). Le chef accessoiriste Jimmy Chow a pourvu le manche du sabre de chagrin noir recouvert de cuir marron, sur lequel apparaissent des broches d'ornements (menuki) en bronze sculpté. La garde du sabre (tsuba) a été sculptée à la main et le fourreau (saya) est en bois laqué et muni d'une ceinture en galon doré. "J'ai vraiment été impressionné par la qualité du travail et l'habileté de toute l'équipe qui s'est efforcée de confectionner des armes convaincantes qui, d'une certaine façon, racontent l'histoire," déclare Zack Snyder.
Zack Snyder a choisi de disséminer tout au long du film des symboles, comme ceux gravés sur le bord de l'arme de Babydoll qui, une fois décodés, révèlent l'intrigue du film. Zack Snyder explique "J'ai toujours aimé les notes symboliques qu'il faut s'efforcer de rechercher au cinéma, mais qui en disent tellement long quand on les découvre." Emily Browning a trouvé cela fascinant : "Je me suis dit que c'était vraiment intéressant que toute l'histoire soit inscrite sur le sabre de Babydoll, puisque, pour ainsi dire, cela détermine son destin depuis le début. Elle a toutes les clés de l'intrigue entre les mains… mais elle n'en sait rien." De même, on trouve sur les armes de Blondie son emblème en forme de cœur et sur le pistolet de Babydoll un lapin, référence à l'animal empaillé que l'on voit au début chez la jeune fille, ainsi que des bijoux fantaisie qu'on retrouve habituellement sur les téléphones portables. Ces symboles de l'enfance représentent l'innocence perdue des personnages.
Le film est construit sur de nombreux échos visuels. Le chef-décorateur Rick Carter a mêlé l'architecture du monde imaginaire avec celle du monde réel, afin de rappeler sans cesse l'asile psychiatrique Lennox House où est enfermée Babydoll. Deborah Snyder précise : "En y prêtant vraiment attention, on se rend compte, par exemple, qu'une voûte utilisée pour Lennox House a également été employée dans la séquence des dragons, et dans le bordel. Pour la scène qui se déroule pendant la Première guerre mondiale, on a d'abord tourné dans une cathédrale dévastée par les flammes qui évoque l'architecture de l'asile." Ainsi, les différents mondes que visitent les filles naissent de l'imaginaire de Babydoll qui se nourrit d'objets du monde réel comme le train ou la pagode japonaise qu'elle voit dans le théâtre de l'asile. De la même manière, des objets anodins sont des points de passage entre les mondes, comme le briquet d'un aide-soignant orné d'un dragon qui rappelle celui que combattent plus tard les filles mais aussi le briquet en or qui sert à Babydoll lorsqu'elle cherche à s'échapper.
Bien que l'intrigue se situe dans les années 60, l'équipe du film a cherché à inscrire le moins possible le film dans une époque. Le directeur de la photo Larry Fong explique "en dehors de quelques indices dans les coiffures, le maquillage, les costumes et la décoration, on ne peut pas dire qu'on ait vraiment l'impression que ça se passe dans les années 60. Plus qu'une époque, on souhaitait évoquer un état d'esprit et lui donner un côté atemporel. C'était plus important que de reconstituer une période en particulier."
Afin de manipuler le spectateur et de lui faire perdre ses repères, l'équipe du film a utilisé de nombreux miroirs qui "renvoient au thème de la dualité, de l'illusion et du faux-semblant" explique Larry Fong, directeur de la photo. Il ajoute : "Votre mémoire est-elle fiable ou pas quand vous en avez besoin ? Nous avons tous des souvenirs de certains événements, mais quand on regarde une photo, on se rend compte qu'on ne s'en souvenait pas comme ça : les frontières entre perception et réalité se brouillent. C'est aussi de cela que parle le film : qu'est-ce que la perception ? Qu'est-ce que l'imagination ? Qu'est-ce que la mémoire ? Et qu'est-ce que la mémoire déformée par le temps ?"
Le film est construit sur de nombreuses contradictions, la 1ère étant de trouver la beauté dans un monde sinistre. Comme l'explique Zack Snyder, Sucker Punch est "une histoire glauque qui n'en est pas moins visuellement fascinante". L'un des autres décalages du film se base évidemment sur ses héroïnes, que ce soit Blondie dont le surnom ne correspond pas du tout à son physique ou Babydoll qui, malgré son nom et son physique de femme-enfant, ne se laisse pas marcher sur les pieds. Michael Wilkinson, le chef-costumier, les décrit comme à la fois "des archétypes féminins traditionnellement soumis et des héroïnes téméraires que rien ne saurait faire reculer. J'ai commencé à esquisser des croquis qui alliaient ces archétypes féminins – la coiffe de soubrette ou le col et l'écharpe de l'écolière – à la silhouette et aux caractéristiques d'un soldat prêt à se battre."
Sur le véhicule blindé conduit par Amber, on peut voir la tête d'un lapin rose ainsi qu'une phrase en japonais qui dit "Danger ! Femme au volant !".
La musique tient dans l'intrigue un rôle essentiel. C'est par son biais que Babydoll plonge dans son monde imaginaire. L'un des compositeurs, Marius De Vries, explique : "Sucker Punch est un film très onirique, qui parle d'évasion, d'espoir, et de rédemption à travers l'imagination. Il fallait que la musique évoque très fortement ces thèmes-là." Lui et Tyler Bates ont choisi de réorchestrer des morceaux connus, tels Sweet Dreams d'Eurythmics, reprise par Emily Browning. "Grâce à Emily qui, pour ainsi dire, commente la situation de son personnage à travers la chanson, on obtient une tessiture et une profondeur intéressantes qui font le lien entre la musique et les images qu'on n'aurait pas obtenues autrement" commente De Vries. L'actrice interprète également Asleep des Smiths tandis que Carla Gugino et Oscar Isaac chantent en duo Love is The Drug de Roxy Music.
Avant que le casting définitif ne soit finalement établi, de nombreux acteurs ont été pressentis pour incarner les personnages principaux du film. Ainsi, Amanda Seyfried et Olivia Thirlby ont failli tenir le rôle de Babydoll, Emma Stone et Freida Pinto celui d'Amber, Eric Dane et Tim McGraw celui de High Roller, et enfin Evan Rachel Wood celui de Rocket.
Abbie Cornish n'est pas une nouvelle venue dans l'univers de Zack Snyder puisqu'elle a prêté sa voix à la chouette Otulissa dans Le Royaume de Ga'Hoole - la légende des gardiens.
Tyler Bates co-signe la musique de Sucker Punch. Il a déjà composé la musique de Watchmen - Les Gardiens, 300 et L' Armée des morts. Il est également le compositeur fétiche de Rob Zombie qui a fait appel à lui pour le remake d'Halloween et sa suite, The Devil's Rejects, The Haunted World of El Superbeasto et pour la fausse bande-annonce Werewolf Women of the S.S. réalisée dans le cadre du diptyque Grindhouse.
On peut entendre dans l'une des bandes-annonces When The Levee Breaks de Led Zeppelin et Panic Switch de The Silversun Pickups. Dans l'autre, c'est The Crablouse de Lords of Acid qui est joué.
Sucker Punch marque la 3e collaboration entre Zack Snyder et Larry Fong. Ce dernier était chef-opérateur sur 300 et Watchmen - Les Gardiens. Il a également travaillé avec J.J. Abrams sur la série Lost, les disparus et Super 8.
Rick Carter a remporté un Oscar pour son travail sur les décors d'Avatar. C'est également un fidèle collaborateur de Steven Spielberg et Robert Zemeckis. Il a ainsi travaillé entre autres sur Munich, A.I. Intelligence artificielle, Jurassic Park, la trilogie Retour vers le futur et Forrest Gump.
D'autres films partagent la thématique de Sucker Punch, à savoir une héroïne qui se réfugie dans son imaginaire pour échapper au monde réel. On peut citer Le Labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro et Tideland de Terry Gilliam.
En dépit de 300, son épique adaptation du roman graphique de Frank Miller, Zack Snyder considère Sucker Punch comme son premier film d'action.
L'asile psychiatrique du film est situé à Brattleboro dans le Vermont : une référence à l'une des institutions psychiatriques les plus célèbres des États-Unis, Brattleboro Retreat.
Les deux bannières exposées derrière le personnage du sage arborent des extraits tirés de L'Art de la guerre de Sun Tzu : "Sois rapide comme le vent et solide comme le bois. Attaque comme le feu et sois calme comme la montagne".
Une scène torride entre Emily Browning et Jon Hamm a été coupée au montage pour assurer au film une interdiction aux moins de 13 ans aux États-Unis. En réalité, on y verrait seulement les deux acteurs s'embrasser langoureusement mais c'était déjà trop pour la MPAA, l'association chargée de la classification des films. La scène devrait néanmoins être présente sur le DVD.