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    L'apprenti
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "L'apprenti" et de son tournage !

    Primé à Venise

    L'Apprenti a remporté le Prix de la Semaine de la Critique à la Mostra de Venise en 2008.

    Cinéaste en herbe... et aux champs

    Originaire du Haut-Doubs, Samuel Collardey a d'abord décroché un BTS audiovisuel puis travallé comme technicien pour France 3 Région. Ayant intégré la FEMIS dans le département Image en 2001, il y réalise deux courts métrages : René et Yvonne (2004), portrait de deux paysans à la retraite et Du soleil en hiver, son film de fin d'études, couvert de récompenses (Prix spécial du jury à Clermont-Ferrand, prix de la SACD remis dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, Bayard d'or à Namur). L'Apprenti en est une sorte de prolongement, comme l'expliquait le réalisateur, interrogé à Venise par AlloCiné : "L'idée du film de fin d'études, c'était de filmer le réel en utilisant un dispositif de fiction (une caméra 35mm, de la lumière, parfois mêmes des travellings). Avec un copain producteur, on a décidé de poursuivre ce travail." La thématique est également proche, puisque Du Soleil en hiver évoquait les liens unissant un éleveur à son apprenti.

    Un projet singulier

    La démarhce du réalisateur est originale. Désireux de réaliser un film sur un agriculteur et son apprenti, il a tout d'abord écrit un scénario. Et c'est dans un deuxième temps qu'il est parti à la recherche des deux personnes qui... incarneraient ces personnages. C'est donc lui qui a provoqué la rencontre entre Mathieu et Paul. "J'ai d'abord cherché la ferme qui allait accueillir l'apprenti pendant son stage, grâce à un membre de ma famille qui est maquignon et connaît donc tous les paysans du coin. Je l'ai accompagné dans son travail et je suis tombé sur Paul, qui m'a rapidement séduit. J'ai senti que cet homme ne prenait pas des apprentis pour avoir de la main d'oeuvre gratis, mais pour construire quelque chose avec eux." Il a ensuite trouvé Mathieu dans un lycée agricole de sa région. "Mais dès la première semaine de tournage, j'ai rangé le scénario pour inventer le film au fur et à mesure", précise-t-il. "Je proposais aux protagonistes des scènes, une action ou un sujet de conversation. Les dialogues n'étaient pas écrits, l'idée était juste que ce que je leur propose soit le plus proche possible de ce qu'ils vivent réellement."

    Le monde rural... et la noblesse

    Dans L'Apprenti, comme hier dans ses courts métrages, Samuel Collardey filme le monde rural dont il est issu : "(...) je suis celui qui est parti faire des études à la ville, l'artiste, le réalisateur", confie-t-il. "Mon statut était assez bizarre, mais le fait de faire des films sur ce monde rural me donne justement une fonction dans la communauté. Concrètement, je suis celui qui fait des films sur eux, celui qui les représente. Eux font du lait, moi je fais des films. Il est donc important pour moi qu'ils se reconnaissent dans mes films, que ceux-ci leur soient fidèles et accessibles. J'ai été marqué par Courbet, originaire d'ailleurs d'Ornans où j'habite. La révolution de Courbet a consisté à consacrer des grands formats, réservés habituellement aux scènes religieuses, à des scènes plus prosaïques, avec des paysans. Ce qui avait une portée à la fois artistique et politique. D'habitude, le 35 mm est réservé aux acteurs de cinéma. Moi, je m'en sers pour filmer Mathieu, Martine et Paul, pour filmer leur parole. J'avais envie qu'ils deviennent des personnages de cinéma.

    Entre documentaire et fiction

    L'une des particularités de L'Apprenti, c'est de remettre en cause la frontière entre documentaire et fiction. "Ce n'est pas un but, ni une intention, c'est intuitif, c'est ma façon de filmer", précise le cinéaste. "Je comprends qu'on se pose la question. Comme spectateur, je suis comme tout le monde : je marche dans les histoires qu'on me raconte même si je sais que c'est de la fiction. Mais quand je fais un film, j'ai du mal à croire à mes personnages si c'est moi qui les invente. J'ai besoin de partir du réel. Si j'ai envie de raconter un personnage habité par le manque de père, je cherche dans la réalité une personne qui porte en lui cette question et je m'attache à faire son portrait. Bien sûr, je prends des libertés. Quand un peintre fait un portrait, il prend des libertés avec la couleur ou la perspective. L'important est qu'il vous fasse partager l'émotion qui a été la sienne face à la personne qu'il a eu en face de lui. Kiarostami disait que le cinéma c'est "une suite de petits mensonges pour raconter une grande vérité." A la Femis, Samuel Collardey a eu pour professeur Claire Simon, une cinéaste qui, comme lui, se plait à explorer la frontière entre documentaire et fiction. "Durant mes études, j'étais intéressé par le documentaire, et notamment toute cette école des année 80 : Claire Simon, Denis Gheerbrant, Nicolas Philibert, Raymond Depardon...", confiait-il à AlloCiné.

    L'idole des jeunes agriculteurs

    Le réalisateur explique, au micro d'AlloCiné, pourquoi la chanson Je te promets de Johnny Hallyday occupe une telle place dans le film "On avait tourné une scène avec Mathieu Bulle, il faisait nuit, on rentrait en camion. Il a mis la chanson Je te promets et a commencé à chanter par-dessus. J'ai trouvé la scène super : c'était marrant, et en plus les paroles résonaient avec l'histoire de Mathieu. Et puis Johnny à la campagne, c'est quelqu'un de très important, pour toutes les générations ! Par ailleurs, j'ai remarqué que Mathieu chantait beaucoup dans l'écurie. je lui ai donc proposé de chanter cette chanson de Johnny en travaillant. Plus tard, je me suis dit : tiens, ce serait pas mal que cette chanson soit comme un motif, qui court tout au long du film. J'ai donc proposé à Mathieu de commencer à apprendre la guitare et travailler ce morceau."

    Le cinéma, ça crée des liens...

    L'un des sujets abordés dans le film est la relation très difficile qui existe entre Mathieu et son père. Depuis le tournage, l'un et l'autre se sont rapprochés. Et le réalisateur n'est pas étranger à cette évolution, loin de là... "Je suis allé voir le papa de Mathieu assez tard, quand j'ai pressenti que Mathieu, après tout ce qu'il avait vécu avec Paul, aurait peut-être envie de revoir son père. C'est donc moi qui ai arrangé les retrouvailles", reconnaît Samuel Collardey, interrogé par AlloCiné. "Le père était au courant du film, je lui ai expliqué où on en était et où en était Mathieu. Il a accepté très vite. Il était très content de pouvoir revoir son fils, sans que ni lui ni Mathieu n'ait à faire le premier pas. Finalement, ça a un peu arrangé tout le monde..."

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