Ce film a mis sept ans à se faire. Maria Maggenti s'en explique : "Même si le scénario ressemblait à une comédie romantique simple et vive, il était impossible de trouver l'interprète d'Allegra, le premier rôle féminin. J'ai appris au fil de nombreux obstacles que même si j'avais quelques atouts pour moi dans l'histoire - humour, originalité, bons dialogues - j'avais encore plus de choses contre moi. Je m'explique : mon personnage principal est une femme, elle est intelligente et vit dans un New York intellectuel, elle affirme son homosexualité sans guère se préoccuper de l'identité sexuelle de ses partenaires et elle aime l'opéra, une forme d'art que la plupart des Américains trouvent opaque, pour employer un euphémisme. En outre, elle couche avec insouciance avec un homme, puis une femme sans s'inquiéter de ses sentiments ou des leurs."
Maria Maggenti avait besoin d'une actrice qui pouvait donner au personnage féminin principal un aspect à la fois intellectuel et viscéral. Il fallait qu'elle soit séduisante et sexy, mais d'une façon désinvolte. "Dans le scénario, explique la réalisatrice, elle est décrite comme une femme qui s'intéresse plus à son vocabulaire qu'à son apparence. Il fallait qu'elle soit drôle. Elle est le sujet et l'objet de toute l'action et à ce titre, elle incarne un rôle traditionnellement masculin. On a trouvé Elizabeth Reaser seulement une semaine avant le début du tournage."
Ce que Maria Maggenti tenait le plus à explorer dans ce film, "c'était - pour reprendre les termes de la réalisatrice -une sorte de politique sexuelle qui est actuellement complètement ringarde : un amalgame du féminisme des années 70, de la politique identitaire des années 80 et des stéréotypes sexuels actuels et rétros". "Mais, poursuit-elle, je voulais le faire de façon comique, en me moquant à la fois du sérieux de mes personnages et du sérieux avec lequel la culture américaine dominante voit les hommes et les femmes."
Presque tous les personnages du film sont inspirés de personnes réelles : amants, anciens amants, amis, anciens amis. Maria Maggenti confie : "L'analyse qu'Allegra fait au début du film sur Turandot m'a été expliquée pendant mon adolescence par un type pour qui j'avais craqué pendant une colonie de vacances. Le personnage de Nell s'inspire d'une ancienne copine qui a fait de la vie de mon petit ami un enfer lorsqu'elle l'a rencontré. Grace, la souffleuse de verre, s'inspire d'une femme que j'ai rencontrée au cinéma un jour, il y a mille ans. On a partagé de la réglisse pendant un festival de cinéma des années 30 et j'ai éprouvé un amour non partagé pour elle pendant de nombreuses semaines."
Pour Puccini et moi, les films qui ont le plus influencé Maria Maggenti sont ceux que sa mère l'emmenait voir le vendredi soir à l'AFI, à Washington, quand elle était petite. "Mon homme Godfrey reste un de mes films préférés, ainsi que La Bataille d'Alger, explique la réalisatrice. Je n'y peux rien, j'ai bien fait des études de philo, j'aime passer mon temps à lire, je suis une fervente adepte des théories contemporaines sur la psychanalyse, j'ai milité pendant des années avant de commencer à faire des films. Tous ces centres d'intérêt se retrouvent dans le film."
Née en 1962 à Washington DC, Maria Maggenti passe sa jeunesse entre l'Europe et le Nigeria. A la fois scénariste et réalisatrice, elle débute sa carrière en 1988 en réalisant divers court métrages. Sept ans plus tard, elle dirige son premier long, The Incredibly True Adventure of 2 Girls in Love. Elle écrit ensuite le scénario de Destinataire inconnu, première incursion dans la comédie américaine de Peter Chan. Après avoir travaillé comme scénariste durant trois saisons pour la série FBI : portés disparus, elle quitte Los Angeles pour New York et y tourne Puccini et moi.