The Passenger a été tourné à la fois au Canada et au Japon. Le réalisateur François Rotger justifie le choix de situer l'action du film dans ces deux pays "Des deux pays, le Japon et le Canada, je retiens avant tout une "zone grise". Je recherchais une sorte de banlieue idéale, à la fois industrielle et résidentielle. Or, impossible de la trouver en France. En Allemagne, par exemple, elle existe, mais pas chez nous. Quand le spectateur perd ses repères entre Japon et Canada, d'abord c'est intentionnel, mais c'est aussi parce que ce type de banlieue représente une laideur universelle, et j'aimais bien l'idée de perdre les gens entre deux pays."
L'histoire du film a été largement inspiré de la vie mouvementé du réalisateur. François Rotger revient sur les liens qui se sont créés entre sa vie privée et son oeuvre : "J'ai vécu plusieurs années entre Londres et Amsterdam, de petites combines, d'hôtels en squats. Nous étions toute une bande et Josh était celui qui se distinguait le plus du groupe. Le préféré des filles, celui qui ramenait le plus d'argent, à qui il arrivait de faire quelques passes près des gares. Un solitaire, comme Tomo Hiro mon ami d'enfance qui a disparu un jour sans prévenir et qui a été la source d'inspiration du personnage principal, Kohji."
Le réalisateur François Rotger évoque la difficulté de catégoriser The Passenger dans un seul et même genre : "Je revendique d'avoir fait un film à part, mais ça n'est pas quelque chose dont je profite. J'aimerais bien avoir une famille à laquelle me rattacher, mais j'ai du mal à la trouver, à la reconnaître.".
L'acteur japonais Ryo Kase s'est fait connaître du grand public en apparaissant dans Nobody knows, primé au festival de Cannes en 2004. Après avoir participé au très remarqué The Taste of tea, il tient l'un des rôles principaux du prochain film de Clint Eastwood Lamps before the wind. Le réalisateur François Rotger évoque le charisme de cet acteur : "J'ai voulu Ryo Kase pour le rôle d'Akira. Il a une fragilité et une douceur dans ses gestes, qui me plaisent pour ce personnage. La violence d'Akira, est d'autant plus forte qu'elle vient d'un garçon à priori si doux. Il y a aussi une finesse dans sa manière d'aborder son rôle, une honnêteté que j'apprécie."
Avant de débuter le tournage de The Passenger, le réalisateur François Rotger a dû dépasser plusieurs clichés qu'il avait en tête concernant la culture nipppone : notamment l'idée que les Japonais avaient du mal à exprimer leurs émotions. Mais finalement, tout s'est déroulé pour le mieux : "Il a fallu affronter un cliché, celui de l'impossibilité pour le peuple japonais à exprimer ses sentiments (...) Mais tout est devenu simple en face de ces personnages magnifiques que sont Kumi, Yusuke, Ryo, Natsuki...Parce que rien ne s'écroule plus facilement qu'un cliché, et dès la première rencontre j'ai été surpris par leur franchise et par la force de leurs convictions.". En ce qui concerne la barrière de la langue, le problème s'est très rapidement dissolu : "Mais, j'avais écrit ces dialogues, je savais ce qu'ils disaient, et en réalité je sentais d'autant mieux que ça sonnait vrai ou faux quand je ne m'accrochais pas aux mots. Il me restait le ton, le sens et l'émotion. Pour moi c'est l'essentiel."
The Passenger a entièrement été tourné caméra à l'épaule. Ce parti pris esthétique entraîne toutefois des contraintes de tournage pour le réalisateur : "Il y a avant tout des contraintes qui dictent une attitude, des contraintes que l'on peut s'imposer : le désir impérieux de tourner en film, à l'épaule, en lumières existantes (naturelles). Ces partis pris entraînent tous les autres : il y avait donc nécessité de trouver des endroits beaux presque déjà éclairés, des endroits avec une espèce de rondeur, de jus."