Les Hauts murs est adapté d'un roman aux résonances autobiographiques d'Auguste Le Breton, alias "Monsieur Rififi", dont de nombreux ouvrages - Bob le flambeur, Le Clan des Siciliens entre autres - ont déjà été portés à l'écran.
En son temps, le réalisateur Marcel Carné avait songé à adapter ce roman d'Auguste Le Breton, mais le projet fut finalement abandonné.
Les Hauts murs est le premier long métrage ciné de Christian Faure, un réalisateur qui a connu le succès sur petit écran avec les téléfilms Juste une question d'amour (2000), Un amour à taire (2005) et Marie Besnard, l'empoisonneuse... (2006).
C'est le producteur Jean Nainchrik qui a proposé cette adaptation à Christian Faure. "Je connaissais Auguste Le Breton par les films tirés de ses livres, mais pas Les Hauts murs, explique le cinéaste. J'ai aussi découvert que c'était son premier roman autobiographique, qu'il avait vraiment vécu tout ce qu'il racontait. Ce qui me plaisait dans ce scénario, c'est qu'il traitait de l'enfance, et du passage à l'âge adulte : j'appréciais le côté initiatique de cette histoire. Sachant qu'il s'agissait de mon premier long métrage de cinéma, il y avait aussi l'intérêt d'un projet que je pouvais maîtriser : doté d'un petit budget, je pouvais profiter de l'unité de temps, de lieu et d'action. Il y avait enfin le défi que représentait la mise en scène de l'enfermement..."
A l'écriture de ce scénario participa le journaliste Albert Algoud, également connu pour ses interventions mémorables aux côtés de Karl Zéro et Antoine de Caunes dans l'émission Nulle Part Ailleurs sur Canal +. Auteur de textes pour la télévision, il a été rédacteur en chef du magazine Fluide Glacial, et collabore régulièrement au Canard Enchaîné. Animateur d'une émission quotidienne sur Direct 8, on lui doit également de nombreux ouvrages consacrés à l'oeuvre d'Hergé. Au cinéma, il a signé les scénarios d'Un aller simple de Laurent Heynemann et du Schpountz de Gérard Oury avant de travailler à l'adaptation des Hauts murs.
Les Maisons d'Education surveillée ont été transformées ou rasées, mais en 1930, une sorte d'audit a été commandée pour faire le point sur ces établissements. Grâce à ce document, Christian Faure et son équipe ont pu bénéficier de 200 photos d'archives, prises sur cinq maisons différentes, qui leur ont servi pour les décors et les costumes. "C'est d'ailleurs en voyant ces photos que j'ai constaté, par exemple, que les enfants n'avaient pas la boule à zéro, mais un ou deux centimètres de cheveux, explique le réalisateur. On y voyait aussi les différents ateliers, les séances de gymnastique et les enfants dans la cour..."
Christian Faure raconte comment s'est déroulé le recrutement des adolescents : "Leur parcours personnel fait beaucoup pour la réussite du film : Emile Berling, par exemple, dont c'est le premier film - et qui a été recruté par casting - tenait énormément à le faire. Par le métier de son père, il est très conscient des gens qui sur-jouent, il a une véritable intelligence et un bel instinct du jeu. Quant à Guillaume Gouix, il a un parcours atypique : c'est un comédien acrobate, qui fait beaucoup de scène, et qui a une présence physique très forte, un vrai côté Charles Vanel. Jonathan Reyes, de son côté, est assez proche du personnage du Rat, de même que Fil de Fer, qui sait ce que sont les problèmes de famille. Aucun d'eux n'est dans un système de vedettariat, ils savent que cela n'est pas acquis, qu'il faut bosser et qu'il y a du monde autour d'eux. Quant aux 80 figurants qui sont là en permanence, nous les avons recrutés sur place : ce sont majoritairement des gamins entre 16 et 21 ans, dont beaucoup sont au chômage, ou au RMI. Ils étaient très disponibles, et surtout très investis : même celui qui se trouve 10 mètres en arrière, et filmé de trois quart dos, joue comme s'il était au premier plan ! Cela se sent dans le film, cela donne beaucoup de vérité."
Christian Faure a porté un soin particulier à la représentation de la violence dans le film. "Je ne voulais surtout pas d'une violence chorégraphiée, confie-t-il. En revanche, il était très important pour moi que quand les gamins se prennent des coups, il y a ait du sang et des marques. Trop souvent dans les films, les coups sont banalisés comme dans un jeu vidéo. Quant à la scène de fin, la plus violente, je voulais qu'elle soit surprenante et choquante pour le spectateur, justement pour qu'elle ne soit pas banalisée : je voulais qu'on ait mal comme le gamin qui reçoit le coup. J'avais déjà rencontré ce problème sur "Un amour à taire" avec une scène impliquant un homme brûlé vif dans un camp : il était important pour moi de ne pas faire l'impasse. A ne pas montrer, on prend le risque d'édulcorer, mais à trop montrer, on peut provoquer le rejet."
Elie Semoun et Kristin Scott Thomas ont été pressentis pour figurer au casting de ce film.