Sur l’échelle de la violence, toutes les séries ne se valent pas. En 2021, il y a eu les effusions de sang divertissantes de la saison 10 d’American Horror Story, le gore grand-guignolesque de Cowboy Bebop ou encore la fureur décomplexée de Squid Game.
Victime de son succès, le phénomène sud-coréen est devenu, pendant quelques mois, le premier souci des parents et des établissements scolaires. Malgré son interdiction aux moins de 16 ans, la fiction s’est invitée dans certaines cours de récré, au grand dam des adultes.
D’autres programmes, moins grand public cette fois, n’y sont pas non plus allés avec le dos de la cuillère. On pense, par exemple, à la série animée Invincible ou à cette scène de l’avant-dernier épisode de Lisey’s Story dans lequel l’héroïne, jouée par Julianne Moore, est passée à tabac par un individu pendant plusieurs minutes.
Excessives ou modérées, justifiées ou totalement gratuites, ces séquences ont fait parler. C’est au téléspectateur de choisir la façon dont il les interprète avec sa propre sensibilité. Trois autres scènes, plus dérangeantes encore, ont attiré notre attention et suscité quelques questions. Décryptages.
The Handmaid's Tale, la plus révoltante
Dans le 3ème épisode de la saison 4 de The Handmaid’s Tale, June (Elisabeth Moss) est trahie par Nick (Max Minghella). Faite prisonnière, elle subit une intense torture des sbires de Tante Lydia (Ann Dowd) pour qu’elle révèle où sont cachées les autres Servantes en fuite. Coups, cure par l’eau, menace d’amputation des doigts, June subit une nouvelle fois des sévices mais tient bon et donne de mauvaises informations. Grossière erreur : à cause d’elle, d’autres Servantes sont jetées du haut d’un toit.
Si la jeune femme est tristement habituée à la torture physique depuis le début de Gilead, ce ne sera que sous la souffrance psychologique face à la peur dans les yeux de sa fille Hannah que June pliera et dénoncera les autres Servantes. Depuis les saisons 3 et 4, la série est sous le coup de nombreuses critiques qui dénoncent l’exploitation du traumatisme féminin et ce long passage de la saison 4 a apporté du grain à moudre aux détracteurs. Avait-on vraiment besoin de nouvelles scènes de ce genre dans la série ? Est-elle vraiment nécessaire au récit ? La série tombe de plus en plus dans la facilité du torture porn, ce qui nuit parfois à la pertinence du propos. M.C.
The Underground Railroad, la plus graphique
Dès le premier épisode de The Underground Railroad, sa mini-série à la fois historique et fictive sur l’esclavage, Barry Jenkins – qui endosse les rôles de créateur et réalisateur – donne le ton. La scène se déroule lors d’un déjeuner mondain devant la plantation Randall. Un esclave, Big Anthony (Elijah Everett), a été capturé après sa tentative d’évasion. Pour l’exemple, il est amené devant la grande demeure familiale où sont attablés les invités, suspendu à une potence par les bras.
Tous les esclaves de la plantation sont amenés à venir assister au châtiment qui lui est réservé, afin de les dissuader de ne pas s’échapper. La suite est d’une violence inouïe. Big Anthony est fouetté, son torse se retrouve en lambeaux et il est ensuite brûlé vif. La scène a été traumatisante à tourner pour Barry Jenkins et l’équipe au point qu’une psychologue les a accompagnés tout du long, ainsi que sur l'ensemble du tournage. Avec cette série, Jenkins a voulu montrer l’inhumanité des esclavagistes. De ce point de vue, c’est parfaitement réussi. E.S.
Them, la plus difficile à regarder
Dans l’épisode 5 de sa série Them, le créateur Little Marvin propose un retour en arrière pour expliquer le traumatisme de son personnage Lucky (Deborah Ayorinde) et les raisons qui ont poussé la famille Emory à déménager. Seule dans sa maison, avec pour seule compagnie son bébé, la jeune femme est attaquée par trois individus qui vont forcer sa porte d’entrée et s’en prendre à son enfant. Ce dernier est plongé dans un sac par l’un des criminels qui s’amusera à le faire tourner dans les airs. La scène est d’une violence inouïe, à peine qualifiable. C’est aussi l’une des premières fois qu’un infanticide est filmé d’une manière aussi explicite dans une fiction américaine. La séquence a provoqué la colère de nombreux critiques et téléspectateurs sur les réseaux sociaux. Beaucoup reprochent au créateur d’instrumentaliser la violence raciale pour assouvir un désir de provocation. Le premier concerné se défend et affirme qu’il souhaitait exprimer sa colère à travers cette séquence, issue d’un de ses cauchemars. T.D.