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    7 films Marvel interdits dans le monde
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Si nombre de films de l'écurie Marvel ont pu sortir aux quatre coins du globe, les ennuis volent en escadrilles depuis quelques années, au point de se faire interdire ou censurer... Voici sept exemples.

    Marvel Studios

    Au sein de l'Empire du Milieu, les ciseaux de la censure s'agitent plus frénétiquement que jamais. Et même si nombre de films de super-héros de l'écurie Marvel ont pu sortir là-bas, d'autres ont en revanche subi les foudres du bureau de la censure. Les 630 millions de dollars de recettes ramassées par Avengers : Endgame en Chine semblent un très lointain souvenir...

    Déjà soumis à une politique de quotas drastiques, les films hollywoodiens sont désormais plus que jamais soumis à la pression politique au pays de Xi Jinping, qui préfère largement privilégier les films flattant l'orgueil nationaliste que les oeuvres consuméristes Made in USA. Et la pandémie du Covid-19, qui a largement paralysé Hollywood, n'a fait que renforcé ce constat, et même amplifié.

    Un arrière plan jugé suspect, une référence plus ou moins directe à l'homosexualité, une remarque ou considération, même anodine, provoquant le courroux des Autorités de Pékin et largement alimenté par la caisse de résonnance offerte par les réseaux sociaux chinois type Weibo... Tout est bon pour passer à la trappe certaines oeuvres.

    "En tant que pays régi par l'état de droit, la Chine réglemente l'industrie cinématographique conformément à ses instances de régulations des oeuvres cinématographiques" assénait dernièrement Liu Pengyu, porte-parole de l'ambassade de Chine à Washington, au moment où le sort de Doctor Strange in The Multiverse of Madness était encore incertain en Chine.

    Un constat qui n'est évidemment pas exclusif au pays; loin s'en faut. Au Moyen-Orient, les interdictions pleuvent.

    Voici 7 exemples.

     

    Deadpool

    Vulgaire ? Check ! Trash ? Check ! Ultra violent et décomplexé ? Check ! De la nudité ? Check ! C'est peu dire que le film Deadpool cochait logiquement toutes les cases de la liste des interdictions sous le coude des censeurs chinois. Et de se rendre à l'évidence : impossible de couper des bouts de scènes sans détricoter tout le film. Le plus simple finalement était de le frapper d'interdiction. Néanmoins, et une fois n'est pas coutume, une version intégrale fut montrée dans le cadre du 20e festival international du film de Shangaï, en 2017. Vu la nature du film, c'est suffisamment rare pour être signalé.

    Spider-Man no Way Home

    Selon la newsletter du site PuckNews, What I'm hearing, les autorités chinoises ont exigé des changements majeurs concernant Spider-Man no Way Home, qui ont été un immense succès au box office mondial avec plus de 1,8 milliard de $ de recettes. Et le plus gros succès de tous les temps pour Sony. Les changements exigés concernaient en fait la fin du film, lors de l'affrontement réunissant les trois versions de Spider-Man sur Liberty Island, tentant de renvoyer les super-vilains dans leur univers respectif. Ce combat homérique est presque intégralement situé sur l'île, avec une Statue de la Liberté en construction entourée d'échafaudages, qui finissent par s'écrouler. Le contentieux de Pékin portait sur la place jugée trop importante du monument. Les autorités chinoises ont donc demandé à Sony, sans rire, de carrément effacer la statue, intégralement. Ce que le studio a refusé de faire. Devant ce refus, la censure chinoise a alors demandé à ce que de plus petites coupes soient faites, principalement concernant la Statue de la Liberté, car jugée "trop patriotique". Si Sony a semble-t-il dans un premier temps considéré la question, le studio s'est finalement refusé là-aussi à faire ces coupes. Une sage décision au demeurant, car supprimer un tel symbole, si cher aux américains, aurait à coup sûr provoqué un backlash dont le studio n'avait pas franchement envie.

    Les Eternels

    Signé par la réalisatrice Chloe ZhaoLes Eternels ont rapporté un peu plus de 400 millions de dollars au Box Office mondial. Un succès en demi-teinte pour ces super-héros de l'écurie Marvel. Le film a connu pas mal de vicissitudes à l'étranger. Alors qu'il devait être présenté en avant-première le 11 novembre 2021 en Arabie Saoudite, au Koweit et au Qatar, celle-ci a été purement et simplement annulée. Puis le film a été banni. En cause : l'évocation de la famille du premier super-héros ouvertement gay du MCU, celle de Phastos (Brian Tyree Henry). L'homosexualité étant illégale dans ces pays. Les Eternels ne sont pas non plus sorti en Chine. Une mesure de rétorsion à l'encontre de sa réalisatrice. Les autorités de Pékin n'avaient pas apprécié que l'intéressée lâche dans une interview autour de son précédent film, Nomadland, que "La Chine est un pays où le mensonge est partout". Non seulement les médias locaux et réseaux sociaux chinois ont largement minoré le succès de Nomadland malgré ses nombreux Oscars, mais ils ont aussi torpillé toute possibilité de sortir son nouveau film.

    Shang-Chi et la légende des dix anneaux

    Comme d'autres productions (Disney), Shang-Chi et la légende des dix anneaux était plus que largement calibré pour performer sur le marché chinois, avec notamment sa tête d'affiche, l'acteur sino-canadien Simu Liu. Las. Dans les faits, les autorités de Pékin ont balancé une torpille sur le film de Destin Daniel Cretton et bloqué sa sortie sur le territoire. Tout a commencé le 11 mai 2021, lorsque la chaîne gouvernementale chinoise CCTV6 a annoncé la date de sortie de tous les films de la Phase 4 de l'univers Marvel... sauf celles de Shang-Chi et d'EternalsShang-Chi et la légende des dix anneaux a essuyé un "bad buzz" bien avant sa sortie, avec de nombreux commentateurs chinois écrivant sur les réseaux sociaux que "le film ne va montrer que des stéréotypes" ou que c'est "une tentative de mauvais goût pour piquer l'argent du public chinois." Par ailleurs, la critique la plus récurrente envers Shang-Chi est que le personnage a été créé dans les années 70 afin de surfer sur un stéréotype : celui de l'asiatique adepte des arts martiaux et véhiculant les pires clichés. A cela s'ajoute que dans ces BD, le père du héros n'était autre que Fu Manchu. Ce dernier est aujourd'hui un personnage très controversé puisqu'ancré dans l'époque du concept raciste du "Péril jaune". Kevin Feige a eu beau monter au créneau pour déminer le terrain, rien n'y a fait. Le coup de grâce est venu en septembre 2021. Deadline rapportait qu'une ancienne interview de l'acteur Simu Liu venait de refaire surface, dans laquelle il critiquait le régime dans lequel ont grandi ses parents. Il avait déclaré à l'époque que les conditions de vie dans le régime communiste faisaient que les gens "mouraient de faim" et qualifiait la Chine de "pays du Tiers-monde". Du pain béni pour les autorités de Pékin pour faire tomber le couperet...

    Black Widow

    Prévu à l'origine pour une sortie au printemps 2020, Black Widow a subi plusieurs reports dus à la pandémie de Covid-19.  Un effet domino qui s'est logiquement étendu jusqu'à la Chine, pour finalement voir le film privé de sortie en salle au mois de juillet-août 2021. Une aubaine pour le régime chinois, qui préférait, dans un contexte de célébration du 100e anniversaire de la naissance du Parti Communiste Chinois, faire la part belle aux productions patriotiques rencontrant un colossal succès, et occupant les principaux parcs de salles. Les studios américains n'ont donc pas pu pénétrer le marché chinois durant plusieurs mois; aucun blockbuster US estival n'ayant pu obtenir du gouvernement le visa permettant sa diffusion dans les salles. En conséquence de quoi le film de Cate Shortland n'est finalement sorti que sur le territoire de Hong Kong, rapportant là-bas un peu plus de 6,6 millions $. Le film n'a donc pas été formellement interdit, mais c'est tout comme : l'astuce pour les autorités chinoises étant de jouer la montre en ne délivrant pas de visa pour la Chine continentale; condamnant le film à errer indéfiniment dans les limbes...

    Daredevil

    Premier super-héros à avoir déboulé au box-office en mars 2003, précédant X-Men 2 et HulkDaredevil partait avec un sérieux handicap dès le départ. La grosse communauté de fans du personnage né en 1964 et brillamment revisité par Frank Miller en 1979, voyait comme une hérésie l'attribution à Ben Affleck du rôle-titre de Matt Murdock. Et le nom du réalisateur, le novice Mark Steven Johnson, n'inspirait guère davantage de confiance. Si le film est rentré dans ses frais avec un peu plus de 100 millions de dollars de recettes mondiales pour un budget estimé à 78 millions, la carrière du film en salle n'en reste pas moins un échec Critique, commercial et artistique. On vous encourage quand même à voir la version Directort's Cut, intéressante, et corrigeant pas mal de problèmes. Toujours est-il que le ménage dans les rangs de Kingpin (Michael Clarke Duncan) effectué par Ben Affleck n'a pas été apprécié par les autorités de Malaisie, qui ont trouvé le film trop violent, et l'on fait interdire. Petit supplément pour la route : elles n'ont aussi pas aimé le mot "Devil" dans le nom du personnage. A quoi ca tient parfois la carrière d'un film en salle...

    Doctor Strange in The Multiverse of Madness

    Très gros succès au Box Office mondial avec plus de 943 millions $ au compteur, Doctor Strange in The Multiverse of Madness s'est pourtant fracassé sur la porte de certains pays. Le film de Sam Raimi a en effet été interdit en Arabie Saoudite et dans plusieurs pays arabes (Sauf les Emirats Arabes Unis), car Marvel Studios a refusé de couper douze secondes de dialogue dans lesquels le personnage d'America Chavez (jouée par Xochitl Gomez), qui est gay comme dans les comic books, parle de ses deux mères. Le film a également vu sa sortie chinoise plombée. En cause ? Un détail remarqué sur les premières images révélées du film; et pour le remarquer, il fallait avoir la vue perçante d'un aigle... Un symbole se trouvait sur un kiosque à journeaux, faisant référence à The Epoch Times. Le nom d'un journal fondé en mai 2000 et ouvertement opposé au PCC. Facteur aggravant : il fut cofondé par un groupe de sino-américains membres du mouvement Falun Gong. Un mouvement spirituel interdit en Chine, même taxé de "secte perverse" par les autorités de Pékin, dont les membres sont impitoyablement traqués depuis des années dans le pays, accusés de menacer la stabilité sociale et politique du pays. Le patron de Disney, Bob Chapek, avait beau temporiser et relativiser les difficultés à percer le marché chinois dans un contexte socio-politique plus tendu que jamais, cela reste un nouveau coup dur pour Hollywood qui voit sa lune de miel avec l'Empire du Milieu plus contrariée que jamais...

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