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    Cannes 2022 : on a vu un génie chez le papa de Mad Max, un drôle d'âne et le retour de Marion Cotillard
    Cannes 2022 par AlloCiné
    Cannes 2022 par AlloCiné
    Du 17 au 28 mai 2022, nos expert(e)s passionné(e)s replongent au cœur de la folie cannoise. Responsable éditoriale : Laetitia Ratane Journalistes : Brigitte Baronnet / Mégane Choquet / Thomas Desroches / Maximilien Pierrette Vidéo : Ando Raminoson / Arthur Tourneret / Julien Ceugnart

    Tous les jours, la Rédac' d'AlloCiné vous résume les films vus au cours du 75e Festival de Cannes. Aujourd'hui : "3000 ans à t'attendre" de George Miller, "Un beau matin" avec Léa Seydoux, et "Frère et sœur" avec Marion Cotillard.

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    Cannes 2022 : jour 4 ! Et c'est au tour de la France de faire son entrée dans la Compétition grâce à Frère et sœur d'Arnaud Desplechin, qui marquait la troisième incursion de Marion Cotillard dans son cinéma. Après Les Fantômes d'Ismaël (ouverture en 2017) et Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle), l'un de ses premiers rôles au cinéma.

    Comme dans Un Conte de Noël (2008), le cinéaste orchestre un règlement de comptes en famille, le frère du titre étant incarné par Melvil Poupaud, auteur d'un joli doublé en ce vendredi 20 mai. L'acteur était également à l'affiche d'Un beau matin de Mia Hansen-Love, sélectionnée à la Quinzaine après avoir connu les honneurs de la Compétition en 2021 grâce à Bergman Island, hommage au cinéaste suédois dont Arnaud Desplechin se revendique un peu ici.

    Cannes 2022 : la rédac' revient sur les films des derniers jours. Dont l'étonnant "EO".

    La France était décidément à l'honneur, et dans plusieurs registres : animé pour une version du Petit Nicolas qui est autant une adaptation qu'un récit sur sa naissance. Et policier dans le cas de La Nuit du 12 de Dominik Moll (Harry, un ami qui vous veut du bien) et Goutte d'or de Clément Cogitore.

    Mais l'événement majeur était hors-compétition, avec le retour de George Miller sur la Croisette. Sept ans après avoir retourné la Croisette grâce aux bolides de Mad Max : Fury Road (qui lui avaient aussi valu de présider le jury l'année suivante), le cinéaste présentait Trois mille ans à t'attendre, film existentiel dans lequel Tilda Swinton rencontre un génie joué par Idris Elba.

    Notre compte-rendu des films du jour, c'est tout de suite !

    Trois mille ans à t'attendre de George Miller (Hors-Compétition)

    Un western post-apocalyptique, une comédie fantastique avec des sorcières, un film d’animation sur des pingouins qui dansent… George Miller s’est toujours illustré dans des genres radicalement différents. Avant Furiosa - le préquel de son Mad Max : Fury Road -, le réalisateur poursuit son exploration. Dans Trois mille ans à t’attendre, il s’inspire des mythes et des contes pour livrer une œuvre entre drame intimiste et film épique. En voyage à Istanbul, Alithea (Tilda Swinton) fait l’acquisition d’un flacon bleu dans un bazar turc. Arrivée à son hôtel, elle découvre que l'objet contient un djinn (Idris Elba). Pour préserver sa liberté, il doit exaucer trois de ses vœux, mais cela ne semble pas impressionner celle qui se trouve face à lui. Pour la convaincre, le génie va lui raconter ses passé, des milliers d’années auparavant. Il y a deux films en un dans Trois mille ans à t’attendre. Le premier est un huis clos : les spectateurs sont témoins de la rencontre entre les deux héros, enfermés dans une chambre d’hôtel. Le second est une aventure fantastique, visuellement inventive avec de nombreux effets spéciaux, où des créatures rencontrent des figures de la mythologie, comme la reine de Saba ou le roi Salomon. George Miller va jusqu’au bout de son concept, se permettant même quelques virages absurdes, sans jamais tomber dans le ridicule. Thomas Desroches

    Frère et sœur d'Arnaud Desplechin (Compétition)

    La rumeur l'annonçait présidente du jury. Ça n'est finalement "que" en Compétition que Marion Cotillard s'illustrera cette année. Et, pour la troisième fois de sa carrière, devant la caméra d'Arnaud Desplechin, après Les Fantômes d'Ismaël (ouverture du festival en 2017) et Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle), l'un de ses premiers rôles au cinéma. De dispute, il en est encore question ici. Mais dans la sphère familiale, comme dans Un conte de Noël. Avec peut-être plus de violence encore et des mots qui blessent alors que l'on joue un rôle pour sauver les apparences. Sur scène pour elle, actrice. En public pour lui, prof devenu écrivain. Mais d'où vient cette haine à priori irrémédiable entre Alice et Louis ? Un événement tragique peut-il leur permettre de renouer l'un avec l'autre ? Dès sa scène d'ouverture, Frère et sœur frappe fort et annonce la couleur, très sombre, de ce qui va suivre. Mais la suite ne parvient à être à la hauteur que par petites touches. Lorsque les deux personnages principaux sont confrontés à l'accident de leurs parents par exemple. S'il met rapidement des mots sur l'origine de la cassure entre Alice et Louis, avec son style littéraire très marqué, Arnaud Desplechin pourra décevoir avec la résolution, malgré les compositions à vif de Marion Cotillard et Melvil Poupaud. Maximilien Pierrette

    Un beau matin de Mia Hansen-Love (Quinzaine des Réalisateurs)

    Il y a beaucoup de douceur, de mélancolie, de tristesse et d’instinct de vie dans cette chronique du quotidien d’une jeune femme, qui endure la maladie grave de son père atteint de neuro-dégénérescence, en même temps qu’elle vit une passion parfois empêchée mais néanmoins salvatrice. Sous la direction de Mia Hansen-Love, l’icone Léa Seydoux est méconnaissable, mère normale, femme de devoir et non plus objet de désir, héroïne écartelée par ses émotions contradictoires. A ses côtés, Pascal Greggory est bluffant, dans la peau de cet ex-philosophe diminué, que son cerveau puis son corps ont lâché. Une histoire de deuil que la réalisatrice a personnellement éprouvé, qui parle aussi de transmission et d’éveil renouvelé. Mention spéciale à Nicole Garcia, dans la peau d'une mère pragmatique, drôle et engagée. Laetitia Ratane

    Le Petit Nicolas d'Amandine Fredon & Benjamin Massoubre (Séances Spéciales)

    Alors que revoilà le Petit Nicolas ! Quelques mois seulement après le long métrage en prises de vues réelles porté par Jean-Paul Rouve et Audrey Lamy, le héros de Goscinny et Sempé revient au cinéma… dans un film d’animation des plus surprenants. Car il ne s’agit pas tant d’une pure adaptation que d’un récit qui revient sur sa création, et où Alain Chabat et Laurent Lafitte prêtent leurs voix respectives à ses deux créateurs. Décrit comme un hymne à l’enfance et sous-titré "Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?", le long métrage est donc un film sur Le Petit Nicolas doublé d’un hommage à ses créateurs, et à la bande-dessinée en général. Le tout dans un style visuel ultra-fidèle à celui de son modèle, ce qui ne manquera pas de ravir les fans, petits et grands. Mais cette alternance entre les deux niveaux de récits aurait demandé un rythme plus soutenu, car le passage de l’un à l’autre rend l’ensemble inégal par moments même si l’émotion l’emporte au final. Et que le résultat, comme dirait le héros, est avant tout "drôlement chouette". Maximilien Pierrette

    La Nuit du 12 de Dominik Moll (Cannes Première)

    Thriller pas comme les autres, qui risque de chambouler, La Nuit du 12 est le nouveau film de Dominik Moll (Harry, un ami qui vous veut du bien, Lemming, Seules les bêtes), qui a choisi de nous faire suivre une enquête sordide irrésolue de la police judiciaire. Cette investigation sur le meurtre de Clara, une jeune femme qui a été brûlée vive une nuit où elle rentrait chez elle après une soirée, va profondément marquer Yohan, l’enquêteur en charge de cette affaire. Malgré l’âpreté et la violence du meurtre au coeur de l’investigation,- dont le récit est basé sur une partie du livre de Pauline Guéna "18.3 - une année à la PJ" -, La nuit du 12 est empreint d’une véritable douceur et d’une grande sensibilité qui se dégagent de son interprète principal Bastien Bouillon. Alors que la liste des suspects s’allonge, l’enquête va profondément marquer le policier dans sa chair et le questionner sur le monde qui l’entoure et les violences permanentes faites aux femmes. Chaque étape de l’enquête le bouscule un peu plus et nous retourne aussi pour nous laisser un goût doux-amer et un sentiment de désarroi face à la singularité et la fascination que représente une affaire criminelle irrésolue. Grâce à une fine écriture, une mise en scène hypnotisante et un casting sincère et impliqué, La nuit du 12 se révèle être un polar sensible, viscéral et captivant. Mégane Choquet

    Corsage de Marie Kreutzer (Un Certain Regard)

    Elle n’est plus la princesse parfaite incarnée par la divine Romy Schneider. Elle n’est pas non plus l’héroïne en plein éveil des sens de la récente série de TF1. Sous l'oeil de Marie Kreutzer, Sissi est vieillie et scrutée, toujours accablée par le deuil de son enfant des années avant, par la rancoeur de Franz et les obligations de son rang, par la lourdeur de ses robes et chignons encombrants. Mais elle est aussi en phase de rébellion, couchée par terre, fumeuse et même injurieuse, prête à fuir et fuyant à tout moment. Iconoclaste et féministe, ce portrait fantasmé de l’Impératrice d’Autriche est tout simplement jouissif, incarné par une Vicky Krieps détonante, qui n’a pas fini de nous bluffer. Laetitia Ratane Il existe toujours deux visages. La réalisatrice Marie Kreutzer laisse de côté la Sissi rayonnante, illustration de la princesse parfaite. Elle lui préfère la Sissi plus rugueuse, nonchalante, qui doit sans cesse faire face aux jugements sur son poids et son âge. Oppressée, l'Impératrice fait front. Elle désobéit, invente des malaises, comme une adolescente en guerre contre l'autorité. Dans cette nouvelle version de Sissi, Vicky Krieps confirme son grand talent. Elle transforme un personnage connu de tous et de nombreuses fois revisité pour offrir une autre lecture, qui s'inscrit parfaitement dans notre époque. Impossible de ne pas penser au portrait rock'n'roll de Marie-Antoinette signé par Sofia Coppola en 2006, mais la cinéaste propose un style toujours personnel et non sans humour. Thomas Desroches

    Goutte d'or de Clément Cogitore (Semaine de la critique)

    Ramsès, trente-cinq ans, tient un cabinet de voyance à la Goutte d’or à Paris. Habile manipulateur et un peu poète sur les bords, il a mis sur pied un solide commerce de la consolation. L’arrivée d’enfants venus des rues de Tanger, aussi dangereux qu’insaisissables, vient perturber l’équilibre de son commerce et de tout le quartier. Jusqu’au jour où Ramsès va avoir une réelle vision. Pour son second long métrage après le fascinant film de guerre Ni le ciel, ni la terre, Clément Cogitore, également artiste plasticien, change d'univers, et nous plonge dans un film noir et urbain avec Goutte d'or. Son intrigue, riche en rebondissements, surprend à tous moments et captive. Karim Leklou (vu dans Bac Nord et Le Monde est à toi) impressionne dans ce rôle dense et passionnant. Soulignons également la beauté plastique du film : Paris y est filmé comme rarement, avec de très beaux plans nocturnes. Sortie : prochainement. Brigitte Baronnet

    El Agua d'Elana Lopez Rivera (Quinzaine des Réalisateurs)

    C'est l'été dans un petit village du sud-est espagnol. Une tempête menace de faire déborder à nouveau la rivière qui le traverse. Une ancienne croyance populaire assure que certaines femmes sont prédestinées à disparaître à chaque nouvelle inondation, car elles ont « l'eau en elles ». Une bande de jeunes essaie de survivre à la lassitude de l’été, ils fument, dansent, se désirent. Dans cette atmosphère électrique, Ana et José vivent une histoire d'amour, jusqu'à ce que la tempête éclate... El Agua, porté par l'incadescente Luna Pamies, dont c'est le premier rôle au cinéma, nous a donne à voir une histoire de croyance populaire, dont on ne peut dire si c'est une pure fiction ou inspirée de faits réels. La réalisatrice explique que ces histoires lui avaient été contées par sa grand mère. "C’est une fiction avec laquelle j’ai grandi. J’ai cru ma grand mere car elle me l’a raconté", a expliqué la réalisatrice sur la scène de la Quinzaine des réalisateurs. La cinéaste Elena Lopez Riera explique avoir "grandi avec ces mythologies, avec cette espèce d’amour-haine de l’eau et tout ce qui va avec". "J’ai eu la chance d’etre élevée par des femmes comme ça et des femmes que j’ai rencontré ", ajoute-t-elle. La forme du film est intéressante à plusieurs titres, notamment pour ses insertions de séquences face-caméra avec des femmes évoquant cette croyance populaire. Les scènes amoureuses entre les personnages de l'héroine Ana et José sont également très belles. Sortie : prochainement. Brigitte Baronnet

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