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    Festival de La Réunion 2014 - Jour 4 : dure et douce folie de "La Vie pure" à "L'Art de la fugue"
    Laetitia Ratane
    Laetitia Ratane
    -Responsable éditoriale des rubriques Télé, Infotainment et Streaming
    Très tôt fascinée par le grand écran et très vite accro au petit, Laetitia grandit aux côtés des héros ciné-séries culte des années 80-90. Elle nourrit son goût des autres au contact des génies du drame psychologique, des pépites du cinéma français et... des journalistes passionnés qu’elle encadre.

    Retour sur les dernières heures d'une compétition exigeante qui a mêlé la fièvre énergique et créatrice de Jérémy Banster à l'humour nostalgique de Brice Cauvin...

    laurent capmas / festival du film de la réunion 2014

    Avant de s'achever sous un soleil toujours à la hauteur et une remise de prix très attendue, le Festival du Film de La Réunion a vu se mélanger épopée individuelle et chronique familiale, entre héroïsme tragique et amours nostalgiques. Focus sur les deux derniers films de la compétition...

    Les films du jour

    Antoine Morin / Cantina Studio

    La Vie pure de Jérémy Banster, avec Stany Coppet, Aurélien Recoing... 

    "Attention aux histoires que vous racontez à vos enfants avant de les endormir", nous disait-il juste avant la projection de son film. Une chose est sûre, celles qui ont nourri les premiers jours de Jérémy Banster n'ont pas manqué de sel et de passion. Une passion qui l'a conduit à écrire, réaliser et produire son premier long métrage, récit inspiré de l'histoire vraie de Raymond Maufrais, jeune explorateur disparu en forêt amazonnienne.

    "Un film de potes, fait avec les tripes". Porté à bout de bras par le cinéaste et son ami et acteur Stany Coppet, La Vie pure est à l'image de ce qu'elle raconte : une aventure humaine folle et bouleversante à hauteur de corps meurtri sur le sol rude de la Guyane . un cri du coeur émis avec beauté et violence, une leçon de courage dont on ne sort pas indemne...

    Volker Renner

    L'Art de la fugue de Brice Cauvin, avec Laurent Lafitte, Agnès Jaoui...

    "J'espère vous faire rire après tout ça", a-t-il souhaité, clôturant avec humour la projection de ces six films en compétition, tous douloureux à leur manière. Dernier en lice, Brice Cauvin a en effet gardé le rire de la fin, empreint tout de même d'une certaine mélancolie.

    Portrait d'une famille à la dérive, L'Art de la fugue retrace avec humour les errances amoureuses de trois frères et de leurs parents, pour qui le chantage affectif n'a pas de limite. Ironique et tendre, le film est porté par un casting privilégié à la tête duquel s'impose un duo parfait : Laurent Lafitte, sentimental déçu, et Agnès Jaoui, extravagante perdue.

    Au micro

    laurent capmas / festival du film de la réunion 2014

    1. Deux passionnés jusqu'au boutistes

    Aimant les belles histoires...

    Stany Coppet, acteur : "Quand j'étais petit, mes parents me racontaient que tout était possible, que le non n'était pas une décision finale et qu'il fallait rêver et aller jusqu'au bout.

    Jérémy Banster, réalisateur : "Enfant, j'étais déjà un dingue de cinéma et c'est moi qui racontais les histoires. Tous les vendredis soir, avec mes cousins et cousines, dans le noir, je mélangeais les deux ou trois films de la semaine que j'avais vus avec ce que j'avais entendu par ailleurs.

    Et les rêves impossibles

    JB : On tend tous les deux vers l'impossible, qu'on essaie de toucher du doigt. Ce film est un film organique, une folie douce, mesurée et responsabilisée mais une folie quand même.

    SC: On est tous les deux des aventuriers dans l'âme. On fait ce métier en se donnant à fond. On s'appelle Maufrais tous les deux, du nom de notre héros, parce qu'en créole, cela veut dire "mon frère".

     Sans peur de la difficulté

    SC : Ce que je trouve difficile; c'est de surmonter tous ces obstacles, d'arriver à faire un film, de le monter et de le montrer et de continuer à avoir le même genre de difficultés qu'au départ, avant que le film ne soit prêt. On a eu des aides, on a été soutenus, on a produit nous-mêmes, mais c'est encore le parcours du combattant. Un combat moins concret avec des déceptions et défections. Notamment de distributeurs qui ne viennent pas voir le film comme prévu. On comprend qu'un distributeur n'aime pas le film mais on lui demande juste de le voir...

    JB: Il y a un distributeur qui doit voir le film à la Réunion, le contact est passé, ils ont l'habitude de distribuer ce genre de films. Qui sait... Ce film va trouver son public, je le sais. J'y crois. Les gens sont touchés et nous le disent. Il faut aussi que l'on continue à faire le plus de festival possible afin de faire voir le film en attendant une date de sortie."

    2. Face à deux drôles de mélancoliques

    laurent capmas / festival du film de la réunion 2014

    Deux derniers compétiteurs désireux de faire rire malgré tout

    Laurent Lafitte, acteur : "L'Art de la fugue est un film mélancolique mais avec des gens qui prennent tous des décisions, avancent, sont dans un mouvement. Comme dans la vie, les moments drôles arrivent presque malgré eux, de façon non délibérée. J'aime ce genre de films à la patte anglo-saxonne, comme l'avait aussi Elle l'adore. Une même efficacité dans le rire qui vient malgré lui.

    Et de parler d'amour pour tous

    Brice Cauvin, réalisateur : En amour il faut essayer de construire le plus possible. Réussir à dépasser les épreuves, les accepter. Il y a dans l'amour quelque chose à inventer. Un couple pour moi, ça n'existe pas, ça se construit, ça s'invente et chacun est différent. On se plante si on cherche à ressembler à un autre couple. C'est le trajet du personnage joué par Laurent Lafitte.

    LF : J'avais reçu déjà des scénarios avec des personnages homosexuels mais à chaque fois, c'était le thème, la problématique. Cela ne m'intéressait pas. J'adore ici le fait qu'on n'en parle du tout et qu'en plus au sein de cette famille, mon couple d'homosexuels est le plus solide. Tout le monde vient me solliciter, partager ses problèmes et mon personnage fait l'éponge alors que lui-même est déjà plein de larmes et ne peut absorber plus de liquide que ça. C'est une manière de parler du couple très moderne.

    BC : C'est comme ça que le couple est en train de se construire. Mon neveu a dit récemment à sa mère quelque chose d'extraordinaire. Il lui a confié qu'il voulait plus tard l'épouser. Lorsque celle-ci lui a expliqué que ce n'est pas possible, il a répondu : "Si tu ne veux pas c'est pas grave, je demanderai à papa". Cette indifférenciation sexuelle est possible, on en prend le chemin."

    Juré et acteur réunionnais

    laurent capmas / festival du film de la réunion 2014

    Camille Bessière-Mithra a été basketteur professionnel, il est aujourd'hui acteur, travaillant aussi bien à la Réunion qu'en Métropole aux côtés de réalisateurs qu'il a dans le coeur. Il fait partie cette année des membres du jury présidé par Claude Lelouch, "une vraie source d'inspiration de par la passion qui l'anime". A peine l'a-t-il rencontré qu'il a osé lui poser LA question qui taraude nombre de férus du cinéma à La Réunion, à savoir...

    comment fait-on émerger un cinéma régional?

    "Il m'a répondu très clairement et simplement qu'il fallait que l'on s'appuie sur nos forces locales. On a notre inspiration, notre force, nos comédiens. Il connait le manque de moyens et nous a conseillés de faire, pour s'améliorer et trouver son public.

    "Je suis tombée dans le cinéma en voyant King Kong. Je suis timide mais arrivé à Paris pour mes études, j'ai eu l'opportunité de suivre des cours de théâtre. J'ai alors compris que c'était accessible à tous et non pas offert uniquement aux gens qui ont du talent de façon innée.

    A La Réunion, je suis entouré des piliers de la culture locale. Mon pilier s'appelle William Caly, un jeune réalisateur dans le docu-fiction, qui met en place une vidéothèque de notre Histoire à La Réunion et qui s'appuie sur les forces locales. Je suis son assistant-réalisateur et apprend avec lui. En Métropole, je travaille avec un Guyanais, Serge Pélagie Poyote qui m'inspire et m'aide à faire mon métier.

    Lorsque je suis rentré à La Réunion, j'ai senti une vague déferler. Les pouvoirs locaux ont envie de faire naître un cinéma réunionnais. Beaucoup de gens font des courts métrages. Fabienne Redt est également une réalisatrice et va mettre le cinéma réunionnais en avant à sa manière."

    Quel film mettre en scène à La Réunion?

    "C'est une question que l'on se pose souvent avec les jeunes réalisateurs réunionnais mais on n'a pas de réponses malheureusement. Il n'y a pas encore eu de long métrage sorti à La Réunion. On peut commencer par faire un film qui parlerait de notre Histoire, de l'esclavage. On peut aussi parler des problèmes sociaux qu'il y a ici, malgré le fait que cette île soit une île pour tous, avec un vrai vivre ensemble. Il y a enfin le côté mystérieux de cette île, mystique même, qui recèle des choses fantastiques. On peut même mettre en scène des histoires de pirates, un film d'aventures. On peut tout faire ici."

    Ça tweete sur la plage...

    La bande-annonce du Prix du Jury "Loin des hommes"

     

    Le jury sur l'eau

    Tous les jurés embarquent sur un catamaran pour une virée en mer.

    Projection en plein air

    Sur la plage de Boucan Canot.

    Laurent Lafitte et Brice Cauvin

    L'acteur et réalisateur de L'art de la fugue.

    Jérémy Banster et Stany Coppet

    Le réalisateur et l'acteur de La Vie pure.

    Stany Coppet

    L'acteur dévale les escaliers de la salle de projection.

    Jérémy Banster

    Le réalisateur vient présenter La Vie pure.

    Déborah François

    Déborah François

    Déborah François

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