Retrouvez l'interview d'andrew Niccol sur notre site spécial Deauville
Une longue absence
Andrew Niccol : Après avoir occupé la chaise du réalisateur, j'ai préféré revenir à l'écriture. Je crois que je suis devenu moins maniaque en ce qui concerne le mot écrit, sachant qu'en fin de compte, tout passe par le réalisateur. Il est difficile pour moi de réaliser des films car j'ai tendance à avoir des idées coûteuses et non-conformistes, mélange qui plaît peu aux studios hollywoodiens.
S1m0ne
L'idée m'est venue de l'avancée technologique contemporaine. Aujourd'hui, il devient difficile de distinguer la réalité du virtuel. Les images peuvent être trompeuses. S1m0ne en est une représentation poussée à l'extrême.
Diriger l'actrice parfaite
Je cherchais à créer une ‘fausse fausse', une simulation simulée. J'avais donc les pleins pouvoirs, pouvant manipuler cette image à ma guise. Alors, bien sûr, cela devient facile de diriger un acteur ‘artificiel' parce que, justement, vous avez les pleins pouvoirs.
La menace des acteurs virtuels
On ne peut pas dire que cela pose un problème moral jusqu'à présent. Protester contre eux équivaudrait à protester contre Mickey. Un acteur virtuel n'est rien d'autre qu'un dessin animé high-tech. Les acteurs de chair et de sang n'ont strictement rien à craindre d'eux.
Un film à messages
C'est une approche attendrie du monde. En fait, c'est surtout une boutade pour le public, car nous voici en train de vénérer une célébrité qui n'existe même pas. Du coup, nous finissons par nous demander : "Mais, alors, les vraies célébrités, à quel point sont-elles réelles ?" Après tout, il est vrai que nous avons une vision d'elles qui est assez superficielle et préconçue. Nous avons développé une réelle obsession pour ce genre de personnes. Aussi, faut-il faire confiance à ses propres yeux ? Peut-on encore se fier au fameux dicton : "Il faut le voir pour le croire" ? Encore une fois, les images sont trompe-l'oeil...
Al Pacino – Rachel Roberts : le choix des acteurs
Je crois que la meilleure chose que j'ai pu faire avec Al Pacino a été de le choisir pour le rôle ! Voilà, ma tâche de réalisateur s'est arrêtée là ! Non, je plaisante. C'est facile avec lui parce qu'il ne se comporte pas comme Al Pacino. Il est plus une sorte de collaborateur.
Pour le rôle de Simone (interprétée par Rachel Roberts), j'ai vu de nombreuses actrices. Je cherchais une inconnue qui soit belle et douée. Mais, en règle générale, quand vous êtes belle et douée, vous êtes en principe déjà bien connue ! C'était un véritable défi que de trouver quelqu'un avec peu ou aucune expérience d'acteur.
Alors, vraiment réelle ?
Elle est mi-réelle, mi-virtuelle...
Propos recueillis par Yoann Sardet et traduits par Camille Joubert