Jusqu'au 10 décembre, la galerie Le Studio à Paris rend pour la seconde fois hommage au photographe Luc Fournol et à ses instantanés de grandes stars du cinéma de l'après guerre, à travers une très belle exposition : Plans/Séquences.
Reporter à Jours de France, Paris-Match, puis au magazine Arts des années cinquante aux années soixante-dix, Luc Fournol est devenu l'ami de toutes les célébrités artistiques de cette époque, qui l'ont laissé les photographier dans leur intimité. Une sélection de ces photographies, presque toutes inédites, est présentée dans cette exposition : elles montrent les plus grandes stars du cinéma décontractées, loin des feux de la rampe, de Brigitte Bardot allongée sur son canapé en train de lire dans son appartement rue de la Tour, à Alfred Hitchcock se mettant en scène lui-même et parodiant ses films dans un cinégramme.
L'anti-paparazzi
La beauté des photographies de Luc Fournol, c'est la manière dont chacun de ses portraits parvient à allier deux dimensions apparemment inconciliables : le mythe et l'humain. Ses photos montrent les célébrités simplement, humainement, sans que cela n'enlève rien au mythe que chacune représente. Au contraire même : il parvient à incarner le mythe, à lui donner vie. Son secret : il était l'ami des stars avant d'être leur photographe.
"C'étaient des copains, on s'amusait. C'était une époque où les gens ne s'emmerdaient pas, où ils étaient beaucoup plus décontractés. Maintenant comme elles se font toutes refaire, elles veulent en avoir pour leur pognon, alors elles vérifient, elles se font refaire la tête, elles veulent voir si elles ressemblent à ce qu'elles imaginent. Maintenant c'est ridicule : si elles ne se trouvent pas bien, elles font retoucher la photo sur ordinateur, elles se font rallonger le nez, retoucher les seins... Enfin tout ça ce n'est pas de la photo, c'est de la cuisine".
Luc Fournol représente l'antithèse du paparazzi d'aujourd'hui. Il s'amusait, avec des amis, à faire des photos. Cela lui a permis de fixer des rencontres inattendues, comme celle de Jacques Tati et de Jane Mansfield , ou de laisser libre cours à la fantaisie de ses "modèles", comme dans les petites suites de photographies mises en scène par Hitchcock.
Un Cadre idéal
Le cadre de l'exposition met idéalement en valeur le travail du photographe : des boiseries, un éclairage étudié, une atmosphère de boudoir. Dommage que ces instantanés ne soient pas accompagnés d'un commentaire sur les circonstances dans lesquelles ils ont été pris, à l'instar de celui représentant le dos et le crâne rasé de Yul Brynner face à la foule amassée du Festival de Cannes. Un cliché qui n'aurait jamais existé si Luc Fournol n'était pas arrivé en retard à la cérémonie ce jour là...
Laure Brasseul
Plans/Séquences
Du 7 novembre au 10 décembre 2001, du mardi au samedi de 14h à 19h
Le Studio, Galerie Elizabeth Herve-Marc-Antoine Patissier
1, rue Allent
75007 Paris