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    La Petite bande de Pierre Salvadori : "Je n'aime pas les films donneurs de leçons"
    Vincent Formica
    Vincent Formica
    -Journaliste cinéma
    Bercé dès son plus jeune âge par le cinéma du Nouvel Hollywood, Vincent découvre très tôt les œuvres de Martin Scorsese, Coppola, De Palma ou Steven Spielberg. Grâce à ces parrains du cinéma, il va apprendre à aimer profondément le 7ème art, se forgeant une cinéphilie éclectique.

    La Petite bande, en salles depuis le 20 juillet, est le film parfait pour se rafraîchir au cinéma cet été ! AlloCiné a rencontré son réalisateur, Pierre Salvadori, qui dynamite la comédie française avec ce long-métrage étonnant.

    La Petite bande, sorti en salles le 20 juillet, est le nouveau long-métrage de Pierre Salvadori. L'œuvre raconte l'histoire de Cat, Fouad, Antoine et Sami, quatre collégiens de 12 ans. Par fierté et provocation, ils s’embarquent dans un projet fou : faire sauter l’usine qui pollue leur rivière depuis des années.

    Mais dans le groupe fraîchement formé les désaccords sont fréquents et les votes à égalité paralysent constamment l’action. Pour se départager, ils décident alors de faire rentrer dans leur petite bande, Aimé, un gamin rejeté et solitaire.

    La Petite Bande
    La Petite Bande
    Sortie : 20 juillet 2022 | 1h 46min
    De Pierre Salvadori
    Avec Paul Belhoste, Mathys Clodion-Gines, Aymé Medeville
    Presse
    3,4
    Spectateurs
    3,4
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    Aussi excités qu’affolés par l’ampleur de leur mission, les cinq complices vont apprendre à vivre et à se battre ensemble dans cette aventure drôle et incertaine qui va totalement les dépasser. À l'occasion de la sortie de cette comédie estivale rafraîchissante, nous sommes allés à la rencontre de son réalisateur.

    AlloCiné : Après En liberté, vous dynamitez encore une fois la comédie française en vous éloignant des codes de beaucoup de productions actuelles. Quel regard portez-vous sur la comédie de nos jours ?

    Pierre Salvadori : Je n'ai pas spécialement de regard sur la comédie française, je fais mes films à ma façon. J'ai l'amour de la comédie, mes premières inspirations viennent du cinéma américain des années 1940-1950.

    Après il faut moderniser tout ça, essayer de dire quelque chose de son temps, de son époque, et ne jamais oublier que le cinéma doit être contemporain, presque à la minute près. Et après, il faut accompagner ça d'un travail de mise en scène assez rigoureux pour qu'un film puisse s'inscrire dans la longueur.

    C'est une approche de la comédie extrêmement sérieuse que je peux avoir. Je pense toujours à la mise en scène. Je réfléchis beaucoup, presque à une morale de cinéma et de mise en scène. Après, dans l'écriture, j'essaie d'être toujours en situation, de jamais être didactique, de ne pas faire des films bavards ou des films sur-dialogués, de privilégier la situation toujours et puis de soigner le scénario.

    J'essaie de faire des comédies agréables, rapides, plaisantes et surtout pas convenues. J'essaie de ne pas me brider, de ne pas être trop policée.

    Est-ce que c'est plus compliqué qu'avant de porter un projet de ce genre ?

    Ce projet-là, on a pu le faire il y a deux ans. On aurait plus de mal maintenant parce que le cinéma traverse une période un petit peu compliquée. Donc ce serait peut-être plus difficile de trouver des financements sans stars comme ça.

    À ce niveau ça serait très compliqué. Ça pourrait peut-être se faire sur une plateforme. Et encore, si je le faisais sur une plateforme, je n'aurais pas la liberté que j'ai eue.

    Je n'aurais pas eu la même liberté sur une plateforme.

    Je n'aurais pas pu faire parler les enfants comme ça et les faire jurer comme des charretiers ou aller un peu loin dans certaines situations un peu cruelles, un peu décalées. Je pense que je n'aurais pas eu la même liberté.

    Cette envie de mettre en scène un long-métrage porté par des enfants. C'est une idée que vous aviez depuis longtemps ? 

    J'avais promis à mes enfants que je ferai un film pour eux mais c'était vraiment un mensonge. Je n'avais pas spécialement d'idées. Et à un moment, j'ai voulu faire un film sur des terroristes nuls, sur des mecs qui veulent faire sauter une usine et ils sont nuls.

    Et puis j'ai dit à mon co-scénariste que j'avais déjà fait ça, des personnages maladroits. En parlant je me suis dit : et si c'était des gens plus jeunes ? Et tout à coup, quand est venue l'idée d'enfants qui faisaient quelque chose d'aussi grave, on était très emballés parce que ça les concerne. C'est leur temps, c'est leur époque, c'est leur avenir.

    Sauf qu'ils n'ont jamais le droit de décider. Ils sont tenus à l'écart des décisions et donc je me suis dit que ça devenait très intéressant. En fait, les enfants, sans même le vouloir, sont marginaux, même pas par choix. Comme on les tient à l'écart de toutes les décisions, les enfants sont de fait marginaux.

    Et là je me suis dit : les enfants prennent conscience du fait que la loi les ignore et donc ils vont se mettre à mettre à ignorer la loi. Et là, ça peut donner des choses assez drôles. Et puis voilà, c'est parti comme ça. Avec cette idée de faire aussi des petits personnages émouvants, que ce ne soit pas que les figures imposées. 

    Les enfants prennent conscience du fait que la loi les ignore et donc ils vont se mettre à mettre à ignorer la loi.

    Il y a plusieurs scènes "d'action" dans le film, avec le bateau, les vélos etc., on ne vous a pas dit que ça allait être trop compliqué avec des enfants ? Avez-vous dû vous contenir et supprimer des scènes trop ambitieuses à cause de ça ? 

    Non, j'avais envie de faire ça. J'avais envie qu'il y ait du suspense, de l'aventure, des cascades, des choses drôles, burlesques et folles. Mais il fallait que ce soit très bien fait. C'est ce que j'admire beaucoup dans les comédies américaines pour enfants des années 1980-1990.

    Il y avait beaucoup d'ambition, notamment formelle. Il y avait une mise en scène exigeante. Si vous regardez Stand By Me ou E.T. par exemple, il y a beaucoup de moyens, beaucoup d'ambition.

    E.T. l'extra-terrestre
    E.T. l'extra-terrestre
    Sortie : 1 décembre 1982 | 2h 00min
    De Steven Spielberg
    Avec Henry Thomas, Drew Barrymore, Dee Wallace
    Presse
    4,8
    Spectateurs
    4,3
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    On n'a pas autant de moyens mais je me suis dit qu'il fallait qu'on respecte les enfants et qu'on arrive à leur proposer un spectacle total, sinon ils s'ennuient, et nous aussi.

    J'avais envie qu'il y ait du suspense, de l'aventure, des cascades, des choses drôles, burlesques et folles.

    Comment avez-vous trouvé cette bande de gamins très attachants ? Notamment Paul Belhoste, irrésistible dans le rôle d'Aimé ? 

    On a fait un casting et on a cherché très large. Il y a eu des milliers d'enfants qui ont défilé. D'abord, on regarde leur personnalité en leur posant des questions comme un petit questionnaire de Proust. On leur demande qui était leur idole dans la vie, qui était leur idole dans la fiction, jusqu'ou ils pourraient s'engager pour une cause.

    Et puis après, une fois qu'on a chopé des enfants avec des personnalités un peu fortes, on les a fait jouer. On voit aussi s'ils acceptent de travailler parce qu'il y a des enfants parfois qui sont très doués, mais au bout de deux prises, ils en ont marre et s'énervent.

    Donc, il fallait aussi des enfants qui puissent intégrer une équipe et comprendre que ça demandait du temps et beaucoup de travail. Tout doucement, on a trouvé les 5 enfants. Ça a été long et on en a vu beaucoup. 

    Roger ARPAJOU - 2022 L.F.P - LES FILMS PELLÉAS / GAUMONT / FRANCE 2 CINÉMA / TOVO FILMS

    Aviez-vous des références du genre en tête comme Les Goonies ou Stand By Me ?

    Les Goonies non. Beaucoup de gens parlent des Gonnies mais c'était moins mon truc ce film. Les gadgets, les machins, tout ça... C'est plus Stand By Me qui m'a inspiré avec ces enfants qui ont des personnalités assez émouvantes et qui vivent ensemble quelque chose de fort.

    Ce qui est beau dans Stand By Me, c'est le passage de l'enfance à l'adolescence, cette espèce de petit temps très court où les enfants abandonnent une part d'innocence. Ou alors ils ont toujours cette part d'innocence mais elle comment à se teinter de gravité. Là, c'est encore plus accentué par une conscience politique qui va leur arriver pendant cette aventure.

    Au début ils le font un peu par provocation et ils vont commencer à prendre conscience de la beauté de la nature, de son importance. Et on les voit vraiment basculer d'un temps vers un autre. Du temps, de l'innocence vers le temps de l'adolescence et de la conscience.

    Stand by Me
    Stand by Me
    Sortie : 25 février 1987 | 1h 25min
    De Rob Reiner
    Avec River Phoenix, Richard Dreyfuss, Corey Feldman
    Presse
    3,8
    Spectateurs
    4,0
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    Le jeune Aimé essaye de se défendre en mimant le fait d'avoir des super-pouvoirs, est-ce que ce long-métrage n'est finalement pas un film de super-héros ? Avec cette équipe de gamins masqués qui veut sauver son village ? 

    C'est une super idée ! Ce n'est pas ce que j'avais pensé mais je trouve que c'est très juste. C'est un film de héros, d'enfants qui deviennent des héros parce qu'ils se dépassent, parce qu'ils dépassent leurs peurs.

    Le personnage de Sami est un enfant qui est assez lâche parce qu'il a un père un peu violent qui est gendarme.

    Roger ARPAJOU - 2022 L.F.P - LES FILMS PELLÉAS / GAUMONT / FRANCE 2 CINÉMA / TOVO FILMS

    Ils ont des parents et des vies difficiles et ils vont au bout de leurs idées. Et physiquement ils s'engagent. Donc oui, c'est un film de héros masqués. Je voulais d'ailleurs qu'on voie les blessures sur leur corps. C'est l'aventure morale et physique. Mais j'aime bien cette idée que ce soit des super-héros.

    C'est un film de héros, d'enfants qui deviennent des héros parce qu'ils se dépassent, parce qu'ils dépassent leurs peurs.

    Les décors de ce village corse sont splendides, pourquoi avoir décidé de tourner là-bas ?

    Parce que c'est chez moi. En fait, j'ai tourné dans mon village situé à quasiment à dix minutes de la rivière du film. Au début, j'ai écrit avec les souvenirs d'enfance. Ensuite, quand on a commencé à chercher des décors ailleurs, on s'est vite rendu compte que ça n'avait pas de sens.

    Mes producteurs m'ont dit de tourner là où j'étais quand j'étais jeune. On est allés en Corse et c'est ce qui correspondait vraiment au scénario car j'avais écrit avec mes souvenirs : le maquis, les aventures qu'on avait quand on était enfant, quand les parents nous laissaient partir.

    Je voulais montrer cette liberté incroyable qu'on avait dans la nature, dans le maquis corse. Donc là, c'est un peu le prolongement. Il y avait une évidence à aller là-bas. On construisait des cabanes, on se perdait dans la montagne, on partait vraiment à l'aventure à plusieurs.

    Je voulais montrer cette liberté incroyable qu'on avait dans la nature, dans le maquis corse.

    C'est très autobiographique au final.

    C'est marrant parce que ma famille était très, très, très émue quand elle a vu le film. J'étais surpris que ce soit à ce point-là. Il y a forcément une part de nostalgie, on retrouve une part de notre enfance, en plus dans des décors qui étaient les nôtres. 

    Le récit évoque un thème délicat comme le harcèlement à l'école avec beaucoup de justesse, en évitant une posture victimaire ou maladroite. Comment avez-vous appréhendé cet aspect dans l'écriture ? 

    Il y a forcément dans les films que je fais une part autobiographique. Je n'ai pas été un enfant harcelé à l'école mais j'ai été très seul par moments dans ma vie. On rentrait de Tunisie, on passait un peu de temps à Paris, puis après je changeais d'école encore une fois. Quand j'avais quinze ans, je me suis retrouvé à l'internat.

    Je sais ce que c'est cette solitude, je l'ai éprouvée longtemps, même plus tard. Ça m'intéressait de parler de solitude, de fragilité d'un enfant seul qui a un besoin viscéral de compagnons, d'amis, et à quel point c'est douloureux.

    C'est terrible parfois et c'est épuisant,  comme le dit Aimé dans le film. Il dit que c'est hyper fatigant d'être seul. C'est douloureux, épuisant de toujours donner le change parce qu'on est seul et qu'on croit qu'il y a quelque chose qui ne va pas chez nous.

    Ça m'intéressait de parler de solitude, de fragilité d'un enfant seul qui a un besoin viscéral de compagnons, d'amis, et à quel point c'est douloureux.

    Quand on est fragiles, on est souvent agressés. Donc ça m'intéressait de montrer la violence que pouvaient avoir les enfants. Cette solitude et la violence des enfants entre eux aussi. Ce n'est pas du sadisme. D'ailleurs, les enfants dans le film sont durs avec le patron. Ça m'intéresse parce qu'il y a une forme d'inconscience qui leur donne du courage, mais aussi qui leur fait faire des bêtises.

    Roger ARPAJOU - 2022 L.F.P - LES FILMS PELLÉAS / GAUMONT / FRANCE 2 CINÉMA / TOVO FILMS

    Même question au sujet de l'écologie, comment trouver le bon curseur pour éviter un côté donneur de leçons ? 

    Ça, c'est très important. Je n'aime pas les films donneurs de leçons, ni les gens d'ailleurs. La Petite bande est plus un film sur le groupe et la force que donne le groupe qu'un film sur l'écologie. Au début, ils s'en foutent de l'écologie, ils ont chacun un petit secret qui fait que ça les intéresse de faire ça, de s'attaquer à cette usine.

    On va découvrir pourquoi, je ne peux pas le dire sinon je spoile, mais ça m'intéressait que quelque chose les gagne tout doucement. Mais la chose la plus importante, c'est le plaisir d'être ensemble. Comment le plaisir d'être ensemble construit un idéal.

    Roger ARPAJOU - 2022 L.F.P - LES FILMS PELLÉAS / GAUMONT / FRANCE 2 CINÉMA / TOVO FILMS

    Ça, c'était vraiment le sous-titre. Je leur avais mis ça sur leur scénario : La Petite bande ou comment le plaisir d'être enfant construit un idéal. C’est-à-dire que ce bonheur d'être ensemble, cette vibration, ce courage et cette force que vous donne la bande, c'est extraordinaire.

    Et ça, ce sont des choses qu'on retrouve plus tard dans la vie, dans l'engagement, dans le militantisme, dans plein de combats. Il y a quelque chose de magnifique parce que je pense que c'est dans la nature humaine. Quand ils se trouvent et se battent ensemble, il y a quelque chose de fort qui grandit en eux, ils se transcendent, c'est ça qui m'intéresse.

    Je n'aime pas les films donneurs de leçons, ni les gens d'ailleurs.

    La Petite bande est très précis dans la mise en scène et les dialogues notamment, comment on parvient à se mettre dans la peau de jeunes enfants pour parvenir à retranscrire des dialogues réalistes et authentiques ?

    J'ai été acteur, j'aime les acteurs, et je pense que quand on est réalisateur et auteur, quand on écrit, on est attentif, on écoute. J'ai des enfants, j'entends la façon dont ils parlent. Et ensuite je me mets tout le temps à la place des enfants ou des personnages. J'écris. Et puis après, il y a un "truc de musique." On se joue la scène 1000 fois.

    Quand j'écris, je réécris la scène 1000 fois. J'attends que ça sonne bien. Après, avec les enfants, comme je suis beaucoup plus âgé qu'eux, je leur ai demandé "Est ce que ça, ça sonne bien ? Tu mettrais quoi comme mot à la place ?" C'est rigolo parce que comme ils viennent de milieux très différents, chacun avait un peu son langage.

    Roger ARPAJOU - 2022 L.F.P - LES FILMS PELLÉAS / GAUMONT / FRANCE 2 CINÉMA / TOVO FILMS

    Il y avait un peu d'improvisation de la part des enfants à certains moments ? 

    Non, je ne voulais pas d'impro. J'ai jamais fait ça. Je sais qu'il y a des réalisateurs qui adorent ça et qui pensent que la vérité qu'on trouve sur le plateau en direct est plus forte que la vérité qu'on trouve avant.

    Mais moi, je pense exactement le contraire. Je ne comprends pas pourquoi ce truc de la vérité sur le moment, de l'accident sur le plateau, est à ce point-là théorisé par des réalisateurs. Je trouve ça très ennuyeux.

    C'est la vérité qui m'intéresse mais pas le vraisemblable. Donc je préfère écrire des contes parce que c'est un conte pour enfants. Et ensuite, travailler les dialogues, mes situations, et me débrouiller pour que tout ça sonne parfaitement bien.

    Je préfère ça plutôt que d'essayer de capter une vérité à la noix qui ne m'intéresse pas beaucoup. Vous savez, l'impro avec les comédiens, ça trouve vite ses limites. C'est souvent le conflit, c'est souvent les larmes, il n'y a pas de sophistication dans l'improvisation.

    Je pense que les derniers lieux de liberté sont les salles de cinéma.

    Vous avez récemment fait un appel pour sensibiliser sur les salles de cinéma qui se vident.

    Je pense que les derniers lieux de liberté sont les salles de cinéma. Quand vous faites un film, vous avez plusieurs producteurs. Sur une plateforme, vous n'en avez qu'un seul qui est en plus votre diffuseur. Donc il a un pouvoir total sur le film. Quand vous faites un film de cinéma, vous avez plein de producteurs différents mais un seul auteur.

    Donc le film reste le point de vue d'une seule personne, sa vérité à lui, sa singularité, elle vient de là et la liberté qu'il aura. Et puis, c'est vrai que le spectateur est captif dans un cinéma. Quand vous êtes dans une salle, vous y êtes pour au moins 1 heure 30, vous pouvez partir et c'est rare. Moi réalisateur, j'ai le temps de développer et proposer quelque chose de différent aux spectateurs.

    Je serais triste de ne plus pouvoir faire des films de cinéma.

    Sur les plateformes ou à la télé, on sait très bien que si au bout de cinq minutes on ne les a pas attrapés, ils s'en vont. On n'a pas le temps de développer quelque chose de singulier. Donc je tiens énormément à la salle. Ce n'est pas tellement l'expérience collective du cinéma qui m'intéresse. Ce qui m'intéresse, c'est la liberté et la singularité qu'on peut avoir au cinéma, pour le meilleur ou pour le pire d'ailleurs.

    Mais c'est ça qui m'intéresse, cette liberté-là qu'on donne au réalisateur. Après, à lui d'en être responsable et d'essayer de fournir quelque chose qui tienne compte du regard des autres. Je serais triste de ne plus pouvoir faire des films de cinéma.

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