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    A l'ombre des filles : un Alex Lutz surprenant en prof de chant dans une prison
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 12 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    A l'ombre des filles, avec Alex Lutz, est à l'affiche ce mercredi. L'acteur y joue un chanteur lyrique, responsable d'un atelier de chant en prison, auprès d'un chœur de femmes, composé notamment d'Agnès Jaoui et Hafsia Herzi.

    De quoi ça parle ?

    Luc est un chanteur lyrique renommé. En pleine crise personnelle, il accepte d’animer un atelier de chant dans un centre de détention pour femmes. Il se trouve vite confronté aux tempéraments difficiles des détenues. Entre bonne conscience et quête personnelle, Luc va alors tenter d’offrir à ces femmes un semblant de liberté. 

    A l’ombre des filles
    A l’ombre des filles
    Sortie : 13 avril 2022 | 1h 46min
    De Etienne Comar
    Avec Alex Lutz, Agnès Jaoui, Hafsia Herzi
    Presse
    3,2
    Spectateurs
    3,4
    Streaming

    Les mystères d'Alex Lutz

    Si A l'ombre des filles met au premier plan un groupe de femmes détenues en prison, le rôle principal est tenu par Alex Lutz tout en retenue et en pudeur. L'acteur joue un personnage dont on devine très vite des fêlures, des failles et une part de mystère. Ancien chanteur lyrique, le spectateur se demande quelle est la trajectoire de cet homme.

    A l'image de l'ensemble du film, qui joue beaucoup sur les contrastes, le personnage du professeur de chant est très complexe, à la fois sombre et lumineux lorsqu'il est dans l'exercice de son métier et de sa passion. Le cadre du film travaille beaucoup cette idée, notamment par le choix des lumières mais aussi dans la tonalité des scènes. Etienne Comar, réalisateur et coscénariste avec Maud Ameline, multiplie les scènes mêlant drame avec une légèreté, ou une autre émotion, qui affleure. 

    Une fiction avec une approche documentaire

    Grâce à une approche très réaliste et à un jeu des comédiens toujours très juste, on se laisse vite emporter par ce groupe. D'abord, avec le choix Alex Lutz, qui permet de mettre en lumière une autre facette de l'humoriste et comédien, dans laquelle il excelle. Facette qu'il avait notamment pu montrer dans Guy, qui était à la fois drôle et touchant.

    Charles Paulicevich

    L'idée de mêler visages connus et moins connus côté comédiennes s'imposait pour les raisons que détaille Etienne Comar dans le dossier de presse du film. "C’est compliqué de croire à un groupe de détenues s’il n’y a que des visages connus. J’ai d’emblée voulu mélanger des actrices professionnelles et des non professionnelles.

    Il y a eu plusieurs sessions de casting sauvage. Nous avons vu plusieurs centaines de femmes. Tous ces visages, ces attitudes et ces corps ont été très inspirants et deux femmes sont restées de ces séances avec des non-professionnelles : Fatima Berriah qui joue Noor, et Anna Najder, qui joue Marzena".

    Côté visages identifiables, on retrouve Agnès Jaoui dans un rôle assez dur, Hafsia Herzi (La Graine et le mulet, Tu mérites un amour) ou encore Veerle Baetens, remarquée dans Alabama Monroe.

    Une immersion pour documenter le propos

    Le cinéaste explique être allé à plusieurs reprises en prison pour présenter des films sur lesquels il avait travaillé. "J’avais été marqué par ces expérience et je m’étais dit qu’il y aurait un film à faire sur un atelier dans une prison de femmes".

    Et d'ajouter : "Pour À l’ombre des filles, j’ai fait la connaissance de Michaël Andrieu, un musicologue et professeur en conservatoire qui a animé des ateliers de musique en prison. Je lui ai fait lire le scénario à différentes étapes. Son approche artistique, humaniste et sociale de la musique m’a permis de nourrir le

    réalisme de l’écriture de cette fiction, tout en lui donnant la portée métaphorique, symbolique que

    je souhaitais."

    "Pendant l’écriture du scénario, je suis allé plusieurs fois à la prison pour femme de Bapaume, où avait été ouverte une chorale mixte. Elle était animée de manière très différente de l’atelier de Luc dans le film, mais cela m’a permis d’observer des typologies de détenues, des comportements."

    Observer ce qui se jouait entre les détenues autour et surtout "au-delà" de la musique

    "Un concentré d’humanité à la fois marginal et minoritaire, mais qui devient vite central et universel.

    Ensuite, quand le scénario était bien avancé et mes personnages définis, Michaël Andrieu et moi

    avons eu l’autorisation du Ministère de la Justice de faire un atelier de chant à la prison de femmes

    de Fleury-Mérogis pendant plusieurs jours.

    On est venus avec un répertoire de chansons proche de celui du film et cette expérience m’a conforté dans la véracité de mes personnages et a nourri le scénario d’expressions que j’ai entendues, de gestes que j’ai vus... Il s’agissait d’observer aussi ce qui se jouait entre les détenues autour et surtout « au-delà » de la musique."

    Des actrices qui chantent réellement ?

    Le groupe d'actrices s'est prêté au jeu de chanter réellement pendant le tournage : "En préparation, elles se sont entraînées au chant à la fois ensemble et séparément, afin d’enregistrer tous les chants en direct pendant le tournage. 

    L’absence de play-back était essentiel à mon sens pour capter de façon véridique ces chants qui prennent forme au fur et à mesure des séances de Luc. Je voulais absolument que cet apprentissage vocal se fasse sans filets avec une part de risque et d’imperfection inhérente à ce type d’atelier".

    L’absence de play-back était essentiel à mon sens pour capter de façon véridique ces chants.

    "Je tenais au côté naturaliste des cours de chant, que ce soit presque documentaire", poursuit Etienne Comar. "Je me suis rappelé L’Audition de Milos Forman, un documentaire sur des filles qui chantent qu’il a tourné en format 1,33. Ce format est idéal pour filmer les visages en gros plan. Pour mon film, cela permettait aussi d’exprimer plus facilement la sensation d’enfermement de ces filles."

    Et d'ajouter : "Pour chaque cours de l’atelier, il a fallu trouver un dispositif de mise en scène différent qui retranscrivait l’état émotionnel de chaque personnage."

    Précisons qu'une scène de chant lyrique (le Cum Dederit de Vivaldi) interprétée à l'écran par Alex Lutz a, elle, été doublée par le contre-ténor Maximin Richard.

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