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    Mort de David Gulpilil, grande figure du cinéma australien révélé dans La Randonnée de Nicolas Roeg
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Grande figure du cinéma australien d'origine aborigène, David Gulpilil est décédé à l'âge de 68 ans d'un cancer, diagnostiqué il y a quatre ans. Il avait fait ses débuts au cinéma à 16 ans dans l'éblouissant "La Randonnée" de Nicolas Roeg en 1971.

    Nour Films

    Triste jour pour le monde du cinéma, australien en particulier. L'acteur australien d'origine aborigène, David Gulpilil, est décédé ce 29 novembre d'un cancer des poumons à l'âge de 68 ans, quatre ans après avoir été diagnostiqué.

    "C'est avec une profonde tristesse que je partage avec les habitants de l'Australie méridionale le décès d'un artiste emblématique d'une génération, qui a façonné l'Histoire du cinéma australien et de la représentation aborigène à l'écran - David Gulpilil Ridjimiraril Dalaithngu" s'est exprimé le Premier ministre australien, Steven Marshall, dans un communiqué publié ce lundi.

    Cet "acteur, danseur, chanteur et peintre" comme le rappelle le Premier ministre débuta sa carrière au cinéma à 16 ans, dans La Randonnée de Nicolas Roeg, en 1971. Dans cet extraordinaire film porteur d'une charge émotive à fendre les pierres en deux, Gulpilil y incarnait un jeune aborigène croisant la route d'un tout jeune garçon et sa grande soeur (incarnée par Jenny Agutter), errant dans le bush australien après le suicide de leur père.

    Faisant son Walkabout, c'est-à-dire son rite d'initiation marquant son passage à l'âge adulte au sein des tribus aborigènes, et consistant à survivre dans le désert par ses propres moyens, David Gulpilil imprimait le film de sa présence.

    Revoici la bande-annonce...

    Dans une carrière cinématographique s'étalant sur 50 ans, l'acteur a joué dans des films qui sont devenus des classiques. En 1977, le grand Peter Weir fait appel à lui pour qu'il donne la réplique à Richard Chamberlain dans la très solide Dernière vague. Un drame empreint de fantastique dans lequel des phénomènes atmosphériques hors-du-commun se manifestent en Australie, annonciateurs d'un prochain cataclysme selon les croyances aborigènes du pays.

    A l'affiche de la comédie culte Crocodile Dundee, carton au box office à l'époque, il figurait également au casting du formidable western The Proposition de John Hillcoat, et de The Tracker de Rolf de Heer, récit dans lequel il incarnait dans une Australie des années 1920 un aborigène accusé d'avoir tué une femme blanche et traqué par un groupe d'homme.

    Exorciser de vieux démons

    Jouant dans Australia de Baz Luhrmann, David Gulpilil se révélait aussi très émouvant dans le film Charlie's Country en 2013. L'histoire d'un ancien chef de guerre aborigène perdu entre deux cultures au point de retourner vivre dans le bush à la manière des anciens, tandis que le gouvernement australien amplifie son emprise sur le mode de vie traditionnel de sa communauté.

    Ci-dessous, la bande-annonce du film..

    Un film qui exorcisait aussi de vieux démons pour le comédien, qui tomba très vite dans l'alcoolisme après un début de carrière fulgurant. "On a appris à David comment s’enivrer" racontait Rolf De Heer, le réalisateur du film, "et ensuite comment se comporter pour donner l’impression d’être sobre". En 1976, alors sur le tournage de Mad Dog Morgan, lui et Dennis Hopper furent même arrêtés par la police.

    De retour sur son lieu de résidence, Gulpilil se désintoxique (de nombreuses communautés aborigènes du territoire d’Arnhem ont interdit la vente et la consommation d’alcool), mais il est exilé de sa communauté après une dispute et devient un "long grasser", un sans-abri à Darwin, avant de se retrouver en prison.

    Une fois libéré de prison et sobre, David Gulpilil a pu rejoindre Rolf De Heer et prendre pleinement part au film. Les deux hommes sont ainsi partis dans les espaces sauvages du Parc National de Kakadu, afin de trouver des lieux de tournage. Un voyage ressourçant et émotionnel pour l’un comme pour l’autre. Ensuite, les deux hommes ont "fait face à la dernière épreuve importante pour pouvoir réaliser le film : le retour dans la communauté dont David avait été exilé" comme le cinéaste le racontait.

    Accueilli à bras ouvert Gulpilil a pu pleinement s’émanciper de son passé. Pour terminer, les deux amis ont pris le bateau pour Gulparil, le lieu de naissance de Gulpilil. "Il y avait l’arbre sous lequel il était né", se souvenait Rolf De Heer, "il y avait le rocher où son père s’était assis pour l’attendre. C’était son début, soixante ans auparavant".

    Son ultime film est un documentaire qui lui était justement consacré, My Name is Gulpilil, inédit chez nous.

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