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    Deauville 2020 par Clémence Poésy et Félix Moati : "Les festivals sont essentiels dans le soutien des films fragiles"
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    De passage au 46ème Festival du Cinéma Américain de Deauville, pour y présenter le biopic "Resistance" consacré au mime Marceau, Clémence Poésy et Félix Moati ont évoqué la situation actuelle à notre micro.

    OLIVIER BORDE / BESTIMAGE

    La première est, depuis le 26 août, à l'affiche de Tenet, premier blockbuster américain sorti dans les salles depuis la fin de confinement. Une date à laquelle le second aurait, initialement, dû s'illustrer dans The French Dispatch de Wes Anderson, qui a ensuite été décalé au 14 octobre puis indéfiniment. Et c'est pour un même film que Clémence Poésy et Félix Moati ont débarqué sur les planches du 46è Festival du Cinéma Américain de Deauville : Resistance, biopic consacré au mime Marcel Marceau (joué par Jesse Eisenberg) et aux enfants qu'il a sauvés des Nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale. L'occasion d'évoquer, outre le long métrage, la situation actuelle et la réouverture des cinémas.

    Comment ressentez-vous ce retour dans les salles de cinéma, auquel "Resistance" participe grâce au Festival de Deauville, l'un des premiers à se tenir depuis le déconfinement ?

    Félix Moati : Moi je suis allé voir Tenet, justement. Et la salle était pleine. Mais après ce sont des événements mondiaux ces films, donc il faut maintenant voir comment cela va réagir avec des films plus petits, des films plus fragiles. Il faut voir qui a envie de se retrouver dans un espace. Tout le monde a plus ou moins peur, et principalement le public de cinéma qui est, majoritairement en France, des retraités. Mais j'ai tendance à croire que l'on présage la fin des salles depuis des années, et qu'il y a un désir de salles. Il y a un désir de cette expérience collective.

    On a l'impression qu'à chaque décennie arrive quelque chose qui est censé marquer la fin du cinéma, et finalement non.

    Félix Moati : Oui voilà. Bon, après, l'opéra a plus ou moins disparu alors que c'était un art très populaire à un moment. Le cinéma n'est peut-etre pas éternel, mais il y a un désir d'espace collectif.

    Clémence Poésy : Il y a une redistribution des cartes en ce moment, avec les plateformes qui produisent…

    Félix Moati : Qui sont surpuissantes.

    Clémence Poésy : Il y a quelque chose d'indéniable, et on découvre aujourd'hui des films de grands réalisateurs sur Netflix, en même temps que l'on va au cinéma. Ou au lieu d'y aller. Mais ça ne me paraît pas incompatible. Tant que tout reste en place et que l'on a le choix, et que ce choix grandit, tant mieux. L'important c'est de préserver la vie de films plus fragiles, car on savait que Tenet… Enfin, non. C'est quand même une bonne surprise que les gens aient envie d'aller voir Tenet (rires) Et d'y retourner apparemment. Mais que va-t-il se passer pour une économie plus fragile ? Et les festivals sont essentiels dans le soutien de ces films, donc c'est chouette de voir que ça recommence.

    Il y a une redistribution des cartes en ce moment, avec les plateformes qui produisent

    On s'est même rendus compte que salles et plateformes sont complémentaires.

    Clémence Poésy : Complètement. Et tant que ça le reste, c'est génial. C'est même une liberté, pour certains auteurs, de faire des choses qu'ils ne pourraient pas faire autrement. Ça offre plein de possibilités, et on verra ce qu'il se passe et si cela reste ainsi. Mais les festivals n'ont pas tous la même politique par rapport aux films qui peuvent intégrer, ou pas, une sélection. Je trouve chouette que Venise, Deauville repartent un peu, qu'on ne nous coupe pas les pattes tout de suite.

    On parlait de "Tenet", et son succès était effectivement une bonne surprise : malgré l'attente qu'il suscitait, rien ne disait qu'autant de gens iraient le voir en salles dès sa première semaine.

    Clémence Poésy : Oui tout à fait. Mais c'est un film qui est fait pour être vu au cinéma. C'est fait par un amoureux du cinéma, pour des salles de cinéma, pour une expérience collective, qui se prolonge après parce que les gens en discutent, essayent de comprendre et y retournent pour certains. Il y a quelque chose de très ludique et de très joyeux dans cette envie qu'il a eue de sortir le film, alors que ça n'était pas forcément évident, et d'encourager les gens à retourner avec lui dans cet autre monde, qui est quelque chose…

    Félix Moati : Qui l'obsède !

    Clémence Poésy : Il sauve le monde des Russes et de la crise (rires) Et les exploitants au passage.

    Rocket Science Inc.

    Et cela peut rassurer les studios et les exploitants, qui étaient inquiets.

    Clémence Poésy : Peut-être oui, mais là il y a le fait qu'il est tout seul et qu'il peut rester plus longtemps. Tout est bizarre.

    Félix Moati : On ne sait rien en fait. On ne sait pas du tout ce qu'il va se passer.

    Clémence Poésy : Oui. Est-ce que, tout d'un coup, en novembre, on va recommencer ? On marche tous un peu sur des œufs.

    Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Deauville le 9 septembre 2020

    Resistance
    Resistance
    Sortie : 25 novembre 2020 | 2h 02min
    De Jonathan Jakubowicz
    Avec Jesse Eisenberg, Ed Harris, Clémence Poésy
    Spectateurs
    3,8
    louer ou acheter

    "Resistance" n'a pas encore de date de sortie en France :

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