I May Destroy You, série dramatique en huit épisodes lancée sur OCS le 9 juin, nous prend aux tripes dès le pilote par son approche frontale du traumatisme du viol et de la notion de consentement. Sa créatrice et actrice principale, Michaela Coel, britannique de signe là une oeuvre beaucoup plus sombre mais non moins politique que sa précédente création, Chewing-Gum.
Un projet de fin d'études
Composée de 12 épisodes et diffusée sur la chaîne E4 de 2014 à 2016 avant d'être acquise par Netflix la même année, Chewing-Gum suit les pas de Tracey, une jeune femme ayant reçu une stricte éducation catholique, alors qu'elle tente désespérément de perdre sa virginité et d'affronter le monde extérieur. La série se déroule dans la banlieue londonienne de Tower Hamlets, là où Michaela Coel a grandi aux côtés de sa mère et de sa soeur.
Si l'environnement de Tracey s'inspire en partie de celui de Michaela Coel, qui a suivi un cursus de musique et d'art dramatique à Londres, son histoire est née à partir de son projet de fin d'études, un one-woman-show intitulé Chewing-gum dreams. Repérée par la chaîne E4 après avoir joué sa pièce pendant trois ans au Royal National Theater, Michaela Coel transpose ensuite l'univers haut en couleur de Tracey à l'écran pendant deux saisons.
Mark Johnson
Un récit d'apprentissage moderne et désopilant
A 24 ans, Tracey partage son quotidien entre l'épicerie de quartier où elle travaille, les après-midis passés avec son amie Candice et les remontrances de sa mère, très portée sur la religion. Mais Tracey veut plus que la vie pieuse et consensuelle à laquelle elle se destine, et sa virginité devient une source de frustration grandissante. Et son petit-ami, Ronald, qui prône l'abstinence avant le mariage, échoue à la satisfaire. Sa rencontre avec Connor, un voisin oisif et poète à ses heures perdues, pourrait tout changer...
Grâce à l'abattage comique à toute épreuve de Michaela Coel, on tombe rapidement sous le charme de cette héroïne aussi audacieuse que candide. A travers ce récit coming-of-age au coeur d'une banlieue populaire londonienne, riche de son brassage culturel et intergénérationnel, la créatrice aborde la thématique du passage à l'âge adulte et de la découverte de la sexualité. Comment s'éduquer et s'épanouir face à une éducation religieuse qui présente la puberté et le sexe comme des tabous ? Peut-on tomber enceinte après des préliminaires, et une prière à Beyoncé peut-elle annuler une éventuelle grossesse ? Comment s'emparer de ses désirs et réussir à les exprimer lorsqu'on manque de repères ? Autant de sujets dont s'empare la créatrice pour en faire une joyeuse comédie acidulée et décomplexante à l'humour trash typiquement britannique. Une première oeuvre détonante qui permet de dévoiler tout le potentiel créatif et l'énergie à revendre d'une artiste à la voix singulière, qui risque bien vite de devenir incontournable dans le paysage audiovisuel.
La bande-annonce de Chewing-Gum :
