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    L'Agent immobilier sur Arte : que vaut la mini-série décalée avec Mathieu Amalric et Eddy Mitchell ?
    Julia Fernandez
    Julia Fernandez
    -Journaliste Séries TV
    Elevée à « La Trilogie du samedi », accro aux séries HBO, aux sitcoms et aux dramas britanniques, elle suit avec curiosité et enthousiasme l’évolution des séries françaises. Peu importe le genre et le format, tant que les fictions sortent des sentiers battus et aident la société à se raconter.

    Ce soir à 21h, Arte diffuse en intégralité les quatre épisodes de la série créée par l'auteur israélien Etgar Keret et la scénariste Shira Geffen ("Les Méduses"), à la frontière entre le conte et la comédie noire. Vaut-elle le détour ?

    Charles Paulicevich

    De quoi ça parle ?

    Olivier Tronier, agent immobilier, traverse une mauvaise passe. Divorcé, fauché, père d’une adolescente en crise, fils d’un père irresponsable, il a du mal à garder la tête hors de l’eau et a pris l’habitude de squatter les appartements qu’il est censé vendre. Mais la mort de sa mère, il hérite d’un immeuble en plein Paris. Une solution à ses problèmes matériels ? Il s’agit en réalité d’une ruine qui abrite une unique locataire, Liliane Petresco, qui n'a aucune intention de déménager. De déconvenue en catastrophe, Olivier se retrouve avec un poisson rouge pour seul confident... 

    À quoi ça ressemble ?

    Ça vaut le coup d'oeil ?

    L’écrivain israélien Etgar Keret, auteur de recueils de nouvelles, et sa co-sénariste, Shira Geffen, réalisent ensemble le film Les Méduses en 2007, qui leur vaut le prix de la Caméra d'or. Réunis à nouveau, ils proposent avec L'Agent immobilier une drame au ton burlesque, emprunt de noirceur et de poésie, qui s'inspire en partie de l'expérience du réalisateur. "Quand mon père est mort, il a légué à ma mère une partie d’un immeuble en indivision. Ce bâtiment se trouvait dans un état déplorable, et l’autre propriétaire était un vrai salopard. Cette situation difficile a suscité en moi le désir de voyager dans le passé, pour redécouvrir cet édifice et ses habitants sous un jour plus heureux, et comprendre ce qui s’était cassé en chemin. L’immeuble est une métaphore de ce qui peut abîmer les êtres humains."

    On y retrouve Mathieu Amalric dans le rôle d'Olivier Tronnier, un agent immobilier rongé par les dettes à qui sa famille a tourné le dos. Alors qu'il touche le fond, l'héritage d'un immeuble délabré et une série de catastrophes vont contre toute attente lui permettre de rebondir, en partant en quête de ses origines. Un rôle étonnament jouissif pour Amalric : "Père nul, fils inconséquent, homme d’affaires (très!) impoli, c’était un cadeau !" confie-t-il. "Et il est sacrément mobile, cet agent immobilier : chutes, courses, bagarres, dextérité malgré un bras droit cassé... tout ce que j’aime. Un rôle bien physique ! Avant, j’avais joué l’agent secret (Le Bureau des légendes), et tout devait rester opaque. Alors là, je me suis régalé. Etgar et Shira sont des conteurs d’histoires irrésistibles, des inventeurs de situations sublimes, avec une langue si savoureuse et colorée."

     Dans le rôle de son père, Eddy Mitchell n'est pas en reste et livre une prestation touchante et spirituelle : "Bien qu’il ne soit plus tout jeune, ce père continue d’apporter foi et optimisme à son fils, qui traverse une période de doute", selon Etgar Keret. "Pour ce personnage, l’âge importe peu. On trouve parfois ce trait de caractère chez les rock stars. Nous avons rencontré Eddy Mitchell dans un restaurant. Quand on l’a vu avaler ses cachets avec un verre de whisky, on a su que c’était lui !"

    Si la série souffre parfois de longeurs, on se laisse volontiers embarquer dans cet univers au ton burlesque et kafkaïen, où un agent immobilier se confie à son poisson rouge, et où le temps, qui semble comme suspendu, laisse surgir une émotion grandissante au fur et à mesure que les pièces du passé du héros s'assemblent. On regrette toutefois que la chaîne Arte, comme de coutume avec ses mini-séries, décide de diffuser tous les épisodes en une seule soirée, au risque de provoquer l'indigestion du téléspectateur. Il est cependant possible de regarder la série à son rythme, puisqu'elle est disponible gratuitement et en replay sur le site arte.tv jusqu'au 5 juin.

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