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    The Eddy sur Netflix : que vaut la série musicale du réalisateur de La La Land ?
    Mégane Choquet
    Mégane Choquet
    -Journaliste
    Journaliste spécialisée dans l'offre ciné et séries sur les plateformes quel que soit le genre. Ce qui ne l'empêche pas de rester fidèle à la petite lucarne et au grand écran.

    The Eddy, première série de Damien Chazelle, est disponible depuis ce 8 mai sur Netflix. Ce show musical porté par Andre Holland, Tahar Rahim, Leïla Bekhti et Amandla Stenberg vaut-il le coup d’œil ?

    Lou Faulon/Netflix

    DE QUOI ÇA PARLE ?

    Autrefois célèbre pianiste de jazz new-yorkais, Elliot Udo est désormais le patron de The Eddy, club ayant connu des jours meilleurs. Il y dirige un orchestre où se produit la chanteuse Maja  qui est aussi sa petite amie occasionnelle. Tandis qu'Elliott découvre que son associé Farid est sans doute impliqué dans une affaire douteuse, d'autres secrets éclatent au grand jour qu'Amira , la propre épouse de Farid, ignorait. Et quand la fille d'Elliot, Julie, adolescente perturbée, débarque soudain à Paris pour vivre avec son père, l'univers personnel et professionnel de celui-ci s'effondre peu à peu. Car il doit affronter les fantômes du passé tout en se démenant pour sauver le club et protéger ceux qui lui sont chers.

    La mini-série The Eddy est disponible sur Netflix dès le 8 mai. 2 épisodes vus sur 8.

    ÇA RESSEMBLE À QUOI ?

    C’EST AVEC QUI ?

    Pour sa première série, Damien Chazelle peut se targuer d’avoir un casting international quatre étoiles avec en tête le duo français Leïla Bekhti et Tahar Rahim. D'autres français les accompagnent : Benjamin Biolay récemment vu dans Chambre 212 de Christophe Honoré, Alexis Manenti sacré aux César pour son rôle dans Les Misérables de Ladj Ly et l'artiste Sopico. A leurs côtés, on retrouve l'excellent André Holland (Selma, Moonlight), Amandla Stenberg impressionnante dans The Hate U Give de George Tillman Jr. et l’actrice polonaise Joanna Kulig magistrale dans Cold War de Pawel Pawlikowski.

    ÇA VAUT LE COUP D’ŒIL ?

    Après un passage dans l’espace avec First Man, Damien Chazelle retourne à ses premières amours en lançant sa première série musicale. Si le rythme de The Eddy n’est pas sans rappeler La La Land, sa tonalité austère, piquante et dure se rapproche plus de Whiplash. Damien Chazelle, fan de comédies musicales et de Jacques Demy, prouve une nouvelles fois avec The Eddy qu’il s’est approprié les codes d'un genre cinématographique risqué pour en livrer une expression cathartique d’un mal-être contemporain. Cette mini-série en huit épisodes emmène le spectateur dans un Paris multiculturel et plutôt réaliste où Elliot (Andre Holland), ancienne star de la musique et gérant d’un club de jazz, tente de joindre les deux bouts malgré les secrets de son ami et associé Farid (Tahar Rahim) et l’arrivée impromptue de sa fille Julie (Amandla Stenberg).

    Une fois le cadre posé, il n’y a plus qu’à se laisser porter par l’intrigue signée Jack Thorne (Skins, His Dark Materials) et la folle et hypnotisante ambiance jazzy de The Eddy. Le club du même nom devient le centre de plusieurs énergies virevoltantes et destructrices qui vont créer une sacrée cacophonie dans la capitale française. Les épisodes d’une heure chacun peuvent effrayer au premier abord et pourtant on ne voit pas le temps passer. Chaque chapitre de The Eddy, consacré à un personnage, sonne comme une chronique de vie unique et intimiste dans une capitale aussi magnifique que sale, aussi silencieuse que bruyante et aussi ambitieuse que dangereuse. Avec une réalisation nerveuse à la shaky cam, Damien Chazelle (pour les deux premiers épisodes) plonge littéralement le spectateur dans son univers qui lui tient à coeur et filme près des corps et près des instruments pour prendre le pouls de ses personnages attachants et de ses sons enivrants. Les six autres épisodes sont réalisés par Houda Benyamina (Divines), Laïla Marrakchi (Rock the Casbah) et Alan Poul (The Newsroom).

    Lou Faulon/Netflix

    Malgré une narration déstructurée et quelques intrigues annexes pas toujours passionnantes qui amoindrissent parfois le fil conducteur, The Eddy est une série inspirante et convaincante grâce à un subtil mélange des genres entre le drame familial, la comédie musicale et le thriller noir. Elliot reste le héros central de The Eddy vers lequel convergent tous les autres personnages : son associé Farid et sa femme Amira (Leïla Bekhti), son ex Maja (Joanna Kulig) et sa fille Julie vont, malgré leurs différends, tous s’en remettre à lui. Les épisodes sont ponctuées de séquences musicales bluffantes, dans le club ou ailleurs, signées Glen Ballard (producteur d’albums de Michael Jackson, Quincy Jones et Stevie Nicks) et Randy Kerber qui a travaillé sur Titanic, Harry Potter et La Couleur Pourpre. Autres talents qui se distinguent : le rappeur Sopico qui apporte sa verve et son tempo sur des morceaux efficaces et le jeune Adil Dehbi (Mauvaises herbes) qui se révèle très touchant.

    The Eddy ne plaira pas forcément au plus grand nombre mais il n’y a pas besoin d’être un passionné de musique jazz pour admirer la beauté des épisodes de cette mini-série, qui jonglent entre le contemplatif et l’action justement dosée. Les fans de l’univers de Damien Chazelle s’y retrouveront et les autres pourront être conquis par les incroyables performances de son casting international impliqué qui communique aisément leurs émotions et leurs passions à travers différentes langues. Peu importe votre sensibilité, on vous encourage à passer les portes du club The Eddy et à vous laisser emporter par son ambiance poétique, feutrée et criante de vérité. Malgré quelques défauts scénaristiques et une musique qui prend parfois trop le pas sur le reste, The Eddy est une mini-série réussie qui se vit et qui se ressent.

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