Il a traversé plus de 15 ans du cinéma dans les coulisses des films d'horreur. Leigh Whannell, scénariste des trois premiers volets de Saw et metteur en scène d'Upgrade, revient avec une nouvelle réalisation : Invisible Man. Une revisite du mythe créé en 1897 par l'auteur H.G. Wells, attendue dans nos salles le 26 février 2020. A l'occasion du lancement de la bande-annonce, Leigh Whannell nous a parlé de sa vision du personnage et de l'évolution du genre.
AlloCiné : Comment êtes vous arrivé sur ce projet ?
Leigh Whannell : Je venais de terminer Upgrade, ma précédente réalisation. J'ai rencontré Universal, ils m'ont dit qu'ils avaient aimé le film et m'ont demandé si je serais intéressé de travailler avec eux. C'est à ce moment que le projet Invisible Man a été mis sur la table. La première idée qui m'est venue à l'esprit était de raconter cette histoire du point de vue de la victime et non pas du personnage de l'Homme invisible, comme c'est le cas dans l'oeuvre originale de H.G. Wells. Cette perspective me permettait non seulement de filmer une innocente malmenée par une force imperceptible mais également de travailler sur le non-prouvable, sur la sensation.
Qu'avez-vous pris du livre et vous êtes-vous inspiré des précédentes adaptations ?
Je n'ai rien pris des adaptations. Peu d'entre elles étaient fidèles au roman d'ailleurs. Il y a même eu une version comique par John Carpenter avec Chevy Chase au début des 90s. Une approche très différente ! J'ai vu cette proposition comme une opportunité de traiter ce personnage de façon complètement inédite. Je ne voulais pas de lunettes de soleil qui volent ou de pipe qui flotte. Ce qui m'intéressait, c'est qu'il n'y ait rien dans l'espace. Je voulais pointer la caméra sur une pièce vide et demander au public d'essayer d'y voir quelqu'un. Ce que j'ai pris du roman ? L'expérience scientifique et ce que le pouvoir d'invisibilité provoque chez l'humain, physiquement et psychologiquement.
Comment crée-t-on un personnage qui n'est pas là ? Et comment cela affecte-t-il la direction des comédiens ?
Quand on fait un film sur un loup-garou, on filme le vide qu'on remplit par la suite avec des effets spéciaux. Pour l'Homme invisible, il n'y a rien pendant le tournage et il n'y a toujours rien une fois le produit terminé. C'est un vrai risque, on parie sur le fait que le public y croira. L'idée pour moi était de creuser l'horreur psychologique en créant une suggestion. Et pour cela il faut des comédiens excellents et impliqués. Elisabeth Moss est une performeuse puissante et c'est un bonheur de metteur en scène d'en être témoin et de le filmer.
On parle beaucoup de Dark Universe, ce nom donné à l'ensemble des films de monstres produits par Universal et qui partageraient un univers commun...
Je sais qu'à un moment, Universal envisageait en effet de créer un univers partagé, un Monsterverse dans lequel évolueraient La Momie, L'Homme invisible, La Créature du Lac Noir... Mais lorsque je les ai rencontrés, il n'en était plus question. Il m'ont au contraire encouragé à faire mon propre film, avec mon propre style, et c'est ce qu'ils ont également demandé aux autres cinéastes.
Saw est sorti il y a 16 ans. Quel est votre regard sur l'évolution du genre horrifique ?
C'est merveilleux ! Et beau à voir. Aujourd'hui, il y a un plus large éventail de films qu'il y a 15 ans. Get Out, Sans un bruit, Midsommar... Ce sont des oeuvres très différentes et pourtant elles appartiennent au même genre. L'horreur a vraiment sa place dans le spectre cinématographique actuel. Quand j'entends les gens dire "l'horreur est de retour", ça me fait rire. Elle n'est jamais partie ! On ne dit pas la même chose des comédies par exemple. La différence c'est que l'horreur a évolué par vagues de sous-genres : il y a eu la période gore, puis la période "paranormal/maisons hantées"... Aujourd'hui, en 2019/2020, il y a un peu de tout. Et je m'en réjouis.
La bande-annonce d'Invisible Man, en salles le 26 février :