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    Watchmen sur OCS : rencontre avec les héros de la série événement
    Emmanuel Itier
    Emmanuel Itier
    -Correspondant
    Basé à Los Angeles, Emmanuel Itier accompagne AlloCiné sur les sorties américaines, en assurant interviews/junkets et couverture d’événements US.

    En amont de la diffusion sur HBO et OCS dès le 21 octobre de la série événement "Watchmen", nouvelle adaptation de la BD culte d'Alan Moore et Dave Gibbons, nous avons eu l'opportunité de nous entretenir avec une partie du casting. Morceaux choisis.

    HBO

    Si le roman graphique Watchmen, signé Alan Moore et Dave Gibbons, ainsi que sa solide adaptation par Zack Snyder, se déroulaient dans un cadre uchronique ayant pour toile de fond la Guerre Froide, alors même que les Etats-Unis y avaient gagné la guerre du Viêtnam et que Richard Nixon était réélu sans discontinuer depuis 1968 jusqu'en 1985, date à laquelle démarre l'intrigue de la BD culte, la série Watchmen, diffusée aux Etats-Unis sur HBO et en J+1 sur la chaîne française OCS dès le 21 octobre, plante son intrigue dans un cadre tout à fait actuel, mais pas moins ambitieux.

    Tulsa, Oklahoma, de nos jours. Il y a 3 ans de cela, un groupe de suprématistes blancs appelés «La septième Cavalerie» s’est attaqué à tous les policiers de la ville ainsi qu’à leurs familles. Afin de protéger leur identité depuis cette attaque poétiquement surnommée «La Nuit Blanche», les policiers portent désormais un bandana jaune afin de conserver leur anonymat. Profondément marqués par cette nuit tragique, Angela Abar (Regina King) et le chef de la police de Tulsa, Judd Crawford (Don Johnson), décident d’enquêter de concert sur ce groupuscule et ses adeptes...

    Tel est le synopsis de départ de la série créée par le showrunneur Damon Lindelof, bien connu des fans des séries Lost ou The Leftovers, et emmenée par un solide casting, dont Jeremy Irons, Tim Blake Nelson, Don JohnsonRegina King ou Jean Smart.

    En voici la dernière bande-annonce...

    En amont de la diffusion de la série, nous avons eu le plaisir de rencontrer une partie du casting lors de tables rondes organisées en septembre dernier à New York. Morceaux choisis, en compagnie de Jeremy Irons, Jean Smart, Tim Blake NelsonLouis Gosset jr et Hong Chau.

    AlloCiné : Pourquoi le choix de faire parti de Watchmen? Pouvez-vous nous parler de vos personnages ?

    Jean Smart (alias Laurie Blake / Le Spectre soyeux) : Mon personnage, Laurie Blake, a toujours fait parti de cet univers mais a également toujours tiré un trait sur son passé. Elle est devenue un agent du FBI après avoir été de l’autre côté. Elle faisait partie des vigilantes mais elle pense qu’ils sont dangereux et ridicules. Maintenant elle s’attaque à son ancienne “tribu” pour les arrêter tous, un par un. C’est en lisant le script que je suis tombé amoureuse de ce personnage complexe. Il me fallait jouer cette femme tellement Bad Ass ! De plus j’étais fan de Damon Lindelof, le créateur du show, et que j’admire pour son travail avec Lost, The Leftovers et Star Trek. Donc je n’ai pas hésité un instant pour rejoindre Watchmen! J’apparais dans le 3e épisode pour la première fois, et j’espère que vous allez aimer mon personnage !

    Jeremy Irons (alias Adrian Weidt / Ozymandias) : Honnêtement, je ne sais plus comment Damon a su me convaincre pour monter à bord du projet ! Ce dont je me souviens, c'est qu'il a beaucoup parlé pendant plus d’une heure, pendant que je me régalais d’un bon déjeuner ! Mais sa passion et son imagination ont eu le dessus sur mon hésitation et je suis monté à bord. Je n’avais aucune idée de ce qu’était Watchmen, mais j’ai trouvé ça fascinant, et je me suis dit que cela donnerait une série totalement unique en son genre.

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    Tim Blake Nelson (alias Looking Glass) : Ce qui m’a surpris, c'est l’intelligence de l’écriture de cette série. J’ai trois enfants qui sont fans du roman graphique, donc j’étais famillier avec cet univers. Mais je pense que Damon a vraiment tiré vers le haut, au niveau qualité, cette série. C’est tellement intense et superbement exécuté ! Ce fut vraiment un pari téméraire de la part de Damon de s’attaquer à un pavé, à un monument des comics comme Watchmen. La manière dont il a transposé l’environnement de la série dans un future contemporain, tandis que le comic appartient au passé, est extrêmement intéressante. Palpitant de voir aussi comment il a su passer des menaces nucléaires de la Guerre froide du comic à des thèmes beaucoup plus d’actualité comme l’ultra violence, le racisme, l’immigration, etc. Cela ne peut que secouer d’autant plus le téléspectateur ! C’est vraiment une métaphore de notre société Américaine en crise totale avec elle-même.

    Le rêve américain aujourd'hui ? C’est un rêve en dérive, une illusion.

    Hong Chau (alias Lady Trieu) : Je crois que tous les personnages de Watchmen sont mystérieux par essence et ont de nombreuses zones d’ombre. Je ne connaissais rien de Watchmen, ni le comic ni le film de Zack Snyder. Mais Damon a su me convaincre de rejoindre les rangs. Pour moi c’était intéressant de jouer une femme aussi intelligente et forte et faisant partie du monde de la High Tech; quand ce milieu est essentiellement dominé par des hommes. Ce n’est pas tous les jours que vous rencontrez une milliardaire de cette trempe ! Le nom de mon personnage est tiré d'ailleurs d’une authentique guerrière Vietnamienne ayant combattu l’Armée Chinoise. C’est vraiment une femme fascinante, dont l’ambition ultime est de sauver le Monde de sa propre destruction.

    Louis Gosset Jr : Tout comme Hong, je ne connaissais rien au show ni au comic, et je ne voulais rien connaître. Je me suis juste focalisé sur la vision de Damon et sur un script hors du commun, d’une intelligence brillante. Je ne peux malheureusement rien vous révéler de la nature profonde de mon personnage, si ce n’est que c’est quelqu’un qui a soif de justice, de “reparation”, qui est un sujet ultra sensible en ce moment aux USA. Je suis fier de faire parti d’une oeuvre qui tente de mettre les points sur les "i" !  Qui ose confronter les problèmes de racisme qui ronge notre société.

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    Est-ce que cette série n'est pas, quelque part, une réaction à tous ces films de super-héros qui semblent se répéter à l’infini ?

    Jean Smart : Je pense qu'il s’agit avant tout d’une évolution du film de super héros. Effectivement on ne peut pas traiter sans cesse de la même manière cette abondance de comics ou l’on risque de lasser très vite l’audience. C’est sans doute vrai qu’il y un peu un saturation de films de super-héros conventionnels. Watchmen en est la réponse. Pour moi c’est également intéressant de faire partie d’un show où il n’y a pas de téléphones portables ni d’ordinateur; totalement low tech ! Cela nous force à nous focaliser encore plus sur la dimension humaine de nos personnages et des relations qui vont évoluer entre eux.

    Tim, un des personnages très apprécié par les fans de Watchmen est celui de Rorschach. Est-ce que le vôtre, baptisé Looking Glass, est en quelque sorte le nouveau Rorschach dans la série ?

    Tim Blake Nelson : Sans doute ! Ils ont en tout cas beaucoup de choses en commun. D’ailleurs, lorsque j’ai décroché le rôle, plus d’une personne en me croisant dans la rue m’a demandé si j’allais être Rorschach ! Quelle coincidence ! Et de me comparer au rôle joué par Jackie Earle Haley m’a comblé d’honneur. Quelque part, avec Looking Glass, je suis l’image de ce que les autres voient en moi. C’est un peu l’état d’esprit de Rorschach.

    Que pensez-vous des thèmes abordés dans cette série et tellement d’actualité ?

    Jeremy Irons : Même si mon personnage n’est pas vraiment touché par ses thèmes, au niveau personnel je trouve le contenu politique et humaniste de cette série comme quelque chose d’exemplaire. Il est temps que l’on parle ouvertement de racisme, de violence, d’immigration. Surtout par les temps qui courent. On vit vraiment dans une société au bord du gouffre, et il nous faut être vigilant pour que cela ne dérape pas au point de non retour. J’aime en tout cas que cette série ai pris le risque d’être aussi politiquement engagé. C’est rare dans le paysage audiovisuel de notre époque.

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    Parmi ces thèmes d'ailleurs, il y a le concept des Vigilantes. Est-ce selon vous quelque chose d'acceptable dans la société actuelle ?

    Jean Smart : Du temps de la ruée vers l’Or, dans l’ancien temps du Far West, où il n’y avait que très peu d’ordre et de protection fédérale, c’est certain que les vigilantes devaient avoir leur place. Mais pour une société dite “civilisée” je ne pense pas que ce soit une bonne idée car cela entraîne toujours des dérives et des extrémismes. Je pense que c’est le rôle de la police de faire la loi et non celui de citoyens privés.

    Tim Blake Nelson : Je ne suis pas certain de croire en une justice juste. Je pense qu’il y a un tel degré d’interprétation de la loi qu’à la fin le concept de vigilante se retrouve dans tous les domaines de la société, à tous les échelons. La justice est toujours détournée et on en abuse en permanence. D’où le nombre incroyable d'erreurs judiciaires. La notion de ce qui est bon ou mauvais est à traiter avec délicatesse. Car le bon comporte toujours du mauvais, et inversement.

    Que pensez-vous du fameux rêve américain aujourd'hui ? Où se situe-t-il ?

    Louis Gosset Jr : Je pense que l’on a totalement perdu le sens de ce beau rêve, d’une société melting pot où nous formons un tout. C’est un rêve en dérive aujourd’hui. Un rêve et une illusion. Il y a une telle séparation profonde aujourd’hui entre les diverses communautés. Difficile de savoir ce que sera le visage de l’Amérique de demain…

    Hong Chau : Pour moi il ne s’agit pas d’accepter que le Rêve Américain soit brisé, mais qu’il s’exprime d’une manière différente, sans doute plus individualiste. C’est vrai que la notion d’UNE communauté humaine n’est plus vraiment d’actualité, mais est-ce que cela a vraiment existé ? Difficile de répondre.

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