"Ce que les gens ne comprennent pas quand ils demandent "Mais que devient ton film ?", c’est qu’en gros, mon film est un bouton sur la fesse d’un deal à 71 milliards de dollars entre deux mastodontes [NDR : Fox et Disney]". Ainsi s'exprimait le réalisateur James Gray dans un entretien accordé au quotidien Los Angeles Times, et publié le 29 août dernier.
Son Film Ad Astra, en salle depuis mercredi dernier en France et tout juste sorti aux Etats-Unis, a enfin été présenté en avant-première mondiale à la Mostra de Venise fin août / septembre. Mais le parcours pour y arriver a été semé d'embûches. Sa date de sortie n'a cessée d'être reportée ces derniers mois, alors que son tournage est pourtant achevé depuis fin 2017. Aux Etats-Unis, Disney n'a communiqué la date de sortie du film que trois semaines avant qu'il n'atteigne les salles de cinéma. Pourquoi un tel délai ? La faute à une post-production compliquée, au cours de laquelle la Fox -et donc Disney- a imposé des reshootings de certaines scènes et un nouvel épilogue, il y a encore quelques mois. Un reshooting qui s'est effectué alors que Gray était contre.
En pleine tournée promotionnelle et parce qu'il n'était pas tout à fait dans son intérêt de torpiller son film ni de se mettre à dos le distributeur de son film, James Gray ne s'est logiquement pas épanché sur la nature même des scènes retournées, ni sur l'épilogue original. "J'avais le sentiment d'être allé aussi loin que je pouvais sur le film" lâche Gray dans l'interview; " mais si c'était un compromis nécessaire [NDR : le reshooting et la fin différente], j'étais prêt à le faire pour permettre à mon film d'enfin sortir. Je vous dit ça en toute franchise". Ou le mélange de "colère impuissante et d'affect intime" dont parlait le quotidien Libération, auquel le cinéaste avait accordé un entretien fleuve...
Ci-dessous, notre interview de James Gray :