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    Dead Set : que vaut la première série des créateurs de Black Mirror ?

    Imaginez des candidats de Secret Story découvrent que le monde a été envahi par des zombies et personne n’a pu les prévenir. C’est le point de départ de Dead Set, la première série des créateurs de Black Mirror.

    Channel 4 Television Corporation

    Des spectateurs zombies ?

    Avant Black Mirror, il y avait… Twilight Zone (ou La Quatrième Dimension en vf), pour les fans de séries anthologiques où fantastique et étrange se mêlent pour raconter de façon allégorique notre société. Mais avant Black Mirror, il y a surtout eu pour les auteurs Charlie Brooker et Annabel Jones, Dead Set, une mini série anglaise de cinq épisodes diffusées sur E4 et qui débute ce 20 avril sur Série Club.

    Sur Dead Set, on voulait prendre une idée bête et la tourner au sérieux, une approche qu'on a voulu adapter par la suite avec Black Mirror. (Charlie Brooker à Séries Mania 2019)

    27 octobre 2008, l’Angleterre s’apprête à découvrir cette série en cinq épisodes où des candidats de Big Brother découvrent que le monde est infesté de zombies. La mode des télé-réalités où l'on enferme des gens pour les observer est à la mode. Big Brother ou Secret Story chez nous, le public s’abreuve de ce spectacle voyeuriste où l’on vend de la « réalité » manipulé par l’art du montage et de la production. On retrouve dans l’intrigue de Dead Set, les prémices de ce que sera Black Mirror trois ans plus tard : prendre un phénomène grand public et twister sa (re)lecture. Dans la mini série, cela se traduit par l’utilisation de la télé réalité alors en haut de la hype et de l’associer au récit d’invasion de zombies. De la percussion des deux thèmes naît une série en mode survival et qui pose la question de notre rapport à cette forme de spectacle mais en pimentant le point de vue puisque les spectateurs sont morts, seuls demeurent les candidats. De là à voir une analogie entre les morts-vivants décérébrés et le spectateur de ce genre de programme…

    E4

    28 jours plus tard chez les lofteurs

    De ce pitch hyper efficace, traité avec nervosité et débordement gore, Charlie Brooker et Annabel Jones questionnent notre rapport à la société du spectacle. Les télé réalités sont alors l’expression littérale de la fameuse citation d’Andy Warhol : « à l’avenir, chacun aura son quart d’heure de gloire ». Mais au lieu de traiter ce thème, cible trop facile, les auteurs vont inverser les points de vu (voire supprimer le point de vue des spectateurs puisqu’ils sont morts, morts-vivants ou en fuite) et poser les questions autrement : comment réagirait-on si on découvrait que le monde tel que nous le connaissons n’existe plus ? Si la télé-réalité donne le pouvoir aux spectateurs d’observer les candidats comme des rats de laboratoire ; comment eux appréhendent-ils le retour à une réalité dont ils ont été coupé ? On retrouve l’art des auteurs à travailler des questions sous le prisme de la pop culture avec ce besoins de surfer sur l’actualité (voire à l’anticiper dans Black Mirror).

    Il fallait éviter la caricature des candidats de télé réalité pour questionner le regard des spectateurs sur eux. Le personnage du producteur est énormément construit sur les observations de mes éditos dans le Guardian. (Charlie Brooker à Séries Mania 2019)

    Le résultat est à l’image de leurs oeuvres : malin avec une pointe d’insolence. De celle qui n’est pas sans s’accompagner d’un petit côté premier de la classe. Pas vraiment donneur de leçon mais une forme d'espièglerie savante qui sait mieux que tout le monde. Dans Dead Set, l’équilibre est toutefois mieux tenu, surtout parce que les auteurs restent attachés à respecter le genre auquel ils font références, de George A. Romero (La Nuit des Morts-vivants) à Danny Boyle (28 jours plus tard). Cette révérence les conduit à baliser leur récit des marqueurs fondamentaux quitte à manquer un peu de singularité et de spontanéité une fois le pitch initial évacué.

    Channel 4 Television Corporation

    Plus c'est court...

    La force de Dead Set, c’est de s’être gardé de vouloir faire durer le plaisir. De croire que ce pitch percutant pouvait s’étaler dans le temps et donc, de ne pas savoir s’arrêter. C’est un peu le problème quand les morts refusent de l’être, cela ne peut conclure sans risquer l'asphyxie (The Walking Dead, pour ne pas la nommer). Avec Dead Set, l’histoire n’est pas toujours parfaitement maîtrisé mais de l’ensemble se dégage une singulière fraîcheur qui manquait un peu à la télévision anglaise. Aujourd’hui, (re)voir la première série de Charlie Brooker et Annabel Jones, c’est apprécier le work in progress d’un duo qui doit encore se roder un peu mais qui ne s’exprime jamais mieux dans une formule courte.

    Dead Set débute le samedi 20 avril sur Série Club.

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